Incompétence crasse et favoritisme dans les garderies

Publié le 10/12/2011 à 00:00

Incompétence crasse et favoritisme dans les garderies

Publié le 10/12/2011 à 00:00

Par Jean-Paul Gagné

Le vérificateur général du Québec, Renaud Lachance, vient de donner toute une volée aux responsables du programme des services de garde du gouvernement du Québec.

On s'en doutait bien, surtout après la révélation que Joe Magri, un ami de l'ex-ministre Tony Tomassi, avait obtenu 130 places en garderie et que les frères Philip, Jack et Louis Cola, ex-propriétaires de l'abattoir Colbex (vendu à la Fédération des producteurs de bovins du Québec avec l'aide financière du gouvernement) et importants contributeurs à la caisse du Parti libéral, avaient reçu l'aval de Québec pour deux projets de garderie.

Il s'agit là de décisions de la ministre Michelle Courchesne, responsable du programme d'attribution des 18 000 nouvelles places en 2008. Puisque l'article 93 de la Loi sur les services de garde éducatifs à l'enfance lui donnait le pouvoir de répartir les places en garderie selon les priorités qu'elle pouvait déterminer, la porte était grande ouverte à l'arbitraire, le favoritisme et la «subjectivité», selon le terme choisi par le vérificateur.

Ce dernier ne manque pas non plus d'égratigner les fonctionnaires pour leur gestion déficiente, notamment en ce qui a trait à l'inspection, à l'absence de suivi du programme éducatif, à la reddition de comptes et à l'information sur les manquements à la santé, à la sécurité et à l'intégrité des enfants. Rien de rassurant pour les parents. Les fonctionnaires seront-ils punis ? Non, ils sont intouchables, comme la ministre.

Les contribuables ont raison d'être fâchés que leurs taxes aient été aussi mal gérées. Les garderies à 7 $ par jour leur coûtent annuellement plus de 2 milliards de dollars, soit environ 9 500 $ par enfant, alors que les parents paient environ 1 820 $ (35 $ x 52 semaines). Environ 38,5 % des places subventionnées sont dans des centres de la petite enfance (des organismes à but non lucratif), 19 % dans des garderies subventionnées et 42,5 % en milieu familial. C'est probablement le programme le plus généreux du monde.

La ministre s'est défendue en disant qu'elle avait reçu des demandes de députés des différents partis. C'est une mauvaise excuse. En effet, c'est une chose d'accepter des demandes légitimes des élus, mais c'en est une autre d'attribuer des places à des projets mal documentés et dans des régions où il y a un surplus de place, alors que des projets répondant aux normes et situés dans des régions en pénurie de place ont été autorisés.

Incurie administrative accablante

Le rapport du vérificateur démontre hors de tout doute l'incurie qui a régné dans l'attribution des places en garderie à l'été 2008. Voici un échantillon de ses constats :

> Le ministère n'a pas défini ni publié les critères d'admissibilité des projets ; il n'a pas non plus indiqué aux demandeurs éventuels les territoires en pénurie ;

> Les demandeurs ont eu un mois pour déposer leur demande ; aucun document n'avait à être fourni pour appuyer les informations inscrites sur leur formulaire ;

> L'analyse des projets n'incluait pas d'évaluation globale ni de seuil de passage pour les exigences minimales souhaitées ;

> Aucune directive n'a été fournie aux directions régionales pour choisir des projets ;

> Parmi les projets recommandés, 77 % avaient une qualité insatisfaisante et 18 % étaient douteux quant à leur faisabilité ;

> 3 505 places (20 %) recommandées par le ministère ont été refusées par la ministre, tandis que 3 700 places (21 %) non recommandées ont été autorisées par celle-ci ;

> Au total, 74 % des projets retenus se sont révélés insatisfaisants sur le plan de la qualité, et 27 % l'étaient sur celui de la faisabilité ;

> 29 % des projets retenus étaient situés dans des municipalités en surplus de place, notamment à Laval, ville où se trouve la circonscription de la ministre, et à Anjou, où se situe celle de Tony Tomassi, dont la grande qualité était sa capacité à recueillir des fonds pour le parti. Malgré les accusations criminelles portées contre lui, cet encombrant personnage est resté député, ce qui lui permet de vivre aux frais des contribuables.

Le gâchis dénoncé par le vérificateur sur l'attribution des places en garderie en 2008 donne de la crédibilité aux critiques de l'opposition sur le favoritisme du gouvernement. Il faut donc se réjouir que l'Unité permanente anticorruption y mette son nez.

Des correctifs ont été apportés à la façon d'attribuer les places. Reste à espérer que le gouvernement ait appris de ses erreurs.

MON COMMENTAIRE

J'aime

Après trois tentatives pour changer les règles objectives de refonte de la carte électorale du Québec, le gouvernement du Québec a remisé le projet de loi 19 qui proposait d'ajouter trois circonscriptions aux 125 actuelles. Tant le Parti libéral que le Parti québécois ont essayé de protéger trois circonscriptions surreprésentées du Bas-Saint-Laurent et d'en ajouter autant en banlieue de Montréal, fortement sous-représentée à l'Assemblée nationale.

Je n'aime pas

Les régimes de retraite de la Ville de Montréal (notre photo) coûteront à celle-ci 609 millions de dollars (M$) en 2012. Cette somme représentera 13 % du budget des dépenses de la Ville. En 2010, ce poste budgétaire avait coûté 477 M$, soit 10 % de ses dépenses. Le coût de ces régimes était de 198 M$ en 2008. Cette explosion est due au fait que les régimes de la Ville sont très généreux, que la Ville doit combler des déficits consécutifs à des congés de cotisation remontant jusqu'à l'administration du maire Jean Drapeau, et aux faibles rendements obtenus sur les placements de la caisse de retraite. Il est impératif que ces régimes soient modifiés, car ils sont très inéquitables pour les contribuables qui les paient.

jean-paul.gagne@transcontinental.ca

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