Hydro-Québec dévoile sa stratégie pour le Plan Nord

Publié le 05/05/2012 à 00:00

Hydro-Québec dévoile sa stratégie pour le Plan Nord

Publié le 05/05/2012 à 00:00

Par Suzanne Dansereau

Ce n'est pas 3,6 cents mais 9 cents le kilowattheure que des minières comme Adriana Resources, au Nunavik, devront payer pour alimenter leur complexe minier sur le territoire du Plan Nord. En plus de devoir payer le transport.

Le président d'Hydro-Québec, Thierry Vandal, a livré cette précision lors d'une table éditoriale avec l'équipe de Les Affaires, au cours de laquelle il a abordé la stratégie Plan Nord de la société d'État, ses priorités sur ce territoire et sa vision du marché de l'exportation.

«Le rendement visé pour les projets de type extraction est de 12 % sur la mise de fonds», a d'abord dévoilé M. Vandal. (La structure de capital privilégiée par Hydro-Québec est de 30 % en mise de fond et de 70 % en dette actuellement, mais cela pourrait varier selon les projets.)

Puis Thierry Vandal a expliqué qu'une fois le nouveau complexe hydroélectrique de La Romaine mis en service, en 2014, les besoins des minières du Plan Nord seront couverts pour les dix prochaines années. «Le prix coûtant de la Romaine est de 6,5 ¢ le kWh environ, a-t-il précisé. Si on intègre cela sur la tranche de capital investi, cela nous amène à un tarif de 9 ¢ le kWh», a-t-il conclu.

Cet hiver, la question du prix demandé aux minières pour les alimenter en électricité a fait l'objet d'un débat houleux à l'Assemblée nationale. L'opposition péquiste avait accusé le gouvernement Charest de vouloir vendre son électricité à 3,6 ¢ le kWh à la minière Adriana, qui développe un vaste projet de mine de fer au lac Otelnuk. Le gouvernement avait nié cette information, tandis que le promoteur minier précisait que ce montant n'était qu'une hypothèse de travail.

Ainsi, le pdg d'Hydro-Québec répond aux critiques l'accusant de vendre son électricité au rabais aux minières. «Nous demanderons le prix coûtant, plus un bénéfice.»

Et ce, même si le gouvernement devient actionnaire des minières concernées, a-t-il précisé. «Le tarif et l'actionnariat sont deux choses distinctes.»

Quant à la construction de lignes de transport, il rappelle que les frais seront facturés aux clients.

«Cela prendra des engagements et des garanties, a affirmé M. Vandal. Hydro-Québec fera les investissements et il sera payé par les minières. Ces lignes deviendront un actif de la société d'État». Par contre, «si elles sont utilisées par la communauté, d'autres minières ou Hydro-Québec, il y aura une répartition des frais au prorata», a-t-il précisé.

Rappelons que le coût de construction des infrastructures de transport d'électricité est calculé selon plusieurs facteurs, dont la charge électrique à transporter et la topographie du terrain où les lignes passeront.

Desservir les minières et les communautés inuites

Dans son dernier budget, le gouvernement Charest a prévu 10 millions de dollars pour qu'Hydro-Québec étudie des tracés de lignes de transport d'hydroélectricité vers le Nunavik. En entrevue, M. Vandal a précisé que le point de départ serait la centrale Laforge 2, sur la rivière Laforge, à la baie James. Cette ligne pourrait à la fois desservir les zones de production minière - on pense notamment aux projets d'Adriana ou d'Oceanic Iron Ore, s'ils se concrétisent - et les communautés inuites, qui pourront se libérer du diesel comme carburant (le coût du diesel peut atteindre 50 ¢ le kWh et il est très polluant). En amenant l'électricité au Nunavik, Hydro-Québec ferait d'une pierre deux coups. Il réduirait les frais des minières et contribuerait au développement durable, fait valoir M. Vandal.

Hydro-Québec examinera aussi des projets de centrales éoliennes, en complémentarité avec l'hydroélectricité. «On peut penser qu'au moment d'élaborer de nouvelles infrastructures de production et de transport, une composante éolienne soit intégrée, dit-il. Le scénario envisagé serait un mégawatt d'éolien pour 10 MW d'hydroélectricité, mais cela n'est pas une règle magique,» précise M. Vandal.

Il mentionne aussi la perspective de production hydrolienne, mais il ne croit pas que le potentiel soit majeur (d'autant qu'il juge la technologie très coûteuse).

«Ce qui distingue le Plan Nord, souligne par ailleurs le pdg d'Hydro-Québec, c'est la possibilité de produire de l'électricité au même endroit où on la consomme.»

Toutefois, d'ici 2020, Hydro-Québec ne construira pas de nouveaux grands projets classiques de centrale hydroélectrique. Thierry Vandal estime que le complexe La Romaine, dont la première des quatre phases démarre cet été, suffira à alimenter tous les projets sur la table. «Il n'y a pas de contrainte d'approvisionnement. Tous les projets dont vous avez connaissance, on est capable de les alimenter», dit-il. Advenant qu'ils se réalisent tous - ce qui n'est pas certain à ses yeux.

Le pdg de Hydro-Québec confirme toutefois qu'au-delà de 2020, la prochaine étape est la construction projetée de deux centrales sur la rivière Petit-Mécatina, de 1 200 MW au total. Le projet Petit-Mécatina ressemble à celui de La Romaine, commente-t-il. Et le projet de 835 MW sur la rivière Magpie ? «Ce n'est pas un projet sur lequel on planche actuellement», répond-il.

En phase avec les besoins

Ce qu'il faut retenir, selon lui, c'est que les développements hydroélectriques se feront «en phase» avec les besoins des minières et la volonté des communautés d'accueillir les projets. «Il faut que l'économique soit solide, qu'on améliore le bilan environnemental et qu'on réponde aux besoins de la communauté», dit-il.

Récemment, des Innus de la communauté de Uashat Maniotenam, près de Sept-Îles, ont bloqué la route 138 pour protester contre la ligne de transport de 300 km que s'apprête à construire Hydro-Québec, depuis la centrale La Romaine jusqu'à Sept-Îles.

Hydro-Québec a obtenu une injonction, et les autochtones ont libéré le chemin. À ce sujet, M. Vandal mentionne qu'Hydro-Québec ne peut faire mieux que ce qu'elle a fait.

«Nous avons convenu à deux reprises d'ententes qui avaient été acceptées par le conseil de bande. La communauté a ensuite dit non [par référendum]. On aurait préféré une entente, on souhaite travailler avec tout le monde. Mais il va falloir que la communauté elle-même établisse les bases d'une entente souhaitée, qui implique aussi le gouvernement du Québec.»

Il y a des dissensions au sein de la communauté. Les femmes autochtones reprochent notamment au conseil de bande d'avoir reçu des enveloppes d'argent comptant d'Hydro-Québec. «Nous ne pouvons pas nous substituer au leadership local, réplique M. Vandal. Nous sommes obligés de s'entendre avec les élus.»

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