Gardons la Bourse de Toronto en mains canadiennes

Publié le 28/05/2011 à 00:00

Gardons la Bourse de Toronto en mains canadiennes

Publié le 28/05/2011 à 00:00

Par Jean-Paul Gagné

C'est une heureuse nouvelle qu'un consortium de quatre banques canadiennes et de cinq gestionnaires de caisses de retraite du pays veuille acquérir le Groupe TMX, qui comprend la Bourse de Toronto, la Bourse de Montréal (produits dérivés) et la Bourse de croissance.

Cette offre a été rejetée par le conseil d'administration du Groupe TMX, mais il y a place à la négociation.

L'offre de Maple Group Acquisition, qui contrecarre les plans de la Bourse de Londres (LSE) et du Groupe TMX de fusionner leurs activités, est la meilleure proposition, et ce, pour plusieurs raisons :

1. Elle permet de conserver ce secteur sous contrôle canadien. L'offre du LSE donnerait en effet aux actionnaires actuels de la Bourse de Londres 55 % des sièges au conseil d'administration de la Bourse née de la fusion;

2. Le prix offert par le consortium canadien est de 48 $ l'action, alors que l'offre concurrente est de 40 $. L'offre canadienne est faite au comptant à 70 %, tandis que la fusion LSE-TMX se fait par échange d'actions;

3. L'offre canadienne est déposée par neuf institutions provenant de différentes régions, puisqu'en plus des banques Nationale, Toronto-Dominion, CIBC et Scotia, le groupe inclut la Caisse de dépôt et placement, Teachers, l'Office d'investissement du régime de pensions du Canada, l'Alberta Investment Management Corporation et le Fonds FTQ;

4. Pour le Québec, l'offre canadienne assure une bien meilleure garantie du maintien à Montréal de la Bourse des produits dérivés et du ratio de 25 % des postes d'administrateurs du Groupe TMX provenant du Québec.

L'avantage économique que retirerait le Canada d'une fusion LSE-TMX n'a rien d'évident. C'est d'ailleurs la conclusion à laquelle est arrivée l'Australie, qui a refusé une fusion de sa Bourse avec celle de Singapour. En effet, en vertu de la Loi sur Investissement Canada, les promoteurs de la fusion LSE-TMX doivent démontrer que celle-ci est à l'avantage du Canada. En plus de s'inscrire dans une tendance mondiale, la fusion proposée pourrait représenter des économies pour les sociétés inscrites aux deux Bourses et donner aux grandes sociétés canadiennes plus de visibilité sur le marché londonien. Par contre, les entreprises qui ont une petite capitalisation boursière pourraient être négligées. Il se ferait moins de transactions sur leur titre, ce qui nuirait à son appréciation en Bourse et rendrait leur financement plus onéreux.

Toutefois, même si la proposition du consortium canadien semble la meilleure, il ne faut pas la tenir pour acquise. Primo, la Bourse de Londres pourrait renchérir. Secundo, il pourrait y avoir une offre concurrente. Tertio, il se peut que les autorités de réglementation s'y opposent au nom de la concurrence.

En plus de proposer l'achat du Groupe TMX, le consortium canadien veut intégrer à la Bourse de Toronto le service de transactions d'actions Alpha, qui appartient aux banques canadiennes et à Desjardins, ce qui ferait passer de 72 à 80 % la part de marché de la Bourse de Toronto dans les transactions sur les actions. Le reste du marché appartient aux Bourses américaines, où sont inscrits les titres de plusieurs grandes sociétés canadiennes, et à des systèmes de transactions alternatifs. Le consortium devrait pouvoir trouver des accommodements pour atténuer les inquiétudes que pourraient avoir les autorités financières et le Bureau de la concurrence.

Compensation des produits dérivés

Par ailleurs, le consortium canadien veut intégrer à la nouvelle entité la corporation CDS, qui assure la compensation des actions. Pour sa part, la Bourse des dérivés de Montréal gère la Corporation canadienne de compensation de produits dérivés (CCCPD) pour les titres qui s'échangent sur sa plateforme et pour des tiers, dont la Banque du Canada. Grâce à la présence d'institutions québécoises au sein du consortium, on peut penser que la CCCPD pourrait hériter de la compensation d'autres produits dérivés (comme des swaps), qui échappent actuellement à un système de compensation, ces transactions se faisant entre institutions financières. La compensation des produits dérivés dans une chambre à cette fin est une exigence du G20, à laquelle le Canada devrait se conformer d'ici la fin de 2013.

En plus de procurer des économies d'échelle dans le système canadien de transactions d'actions et de dérivés, et de compensation de titres, la proposition du consortium canadien a le grand avantage de reposer sur des décideurs canadiens, qui auront intérêt à en faire une réussite.

C'est elle qu'il faut privilégier.

MON COMMENTAIRE

J'aime

Le gouvernement du Québec est revenu sur son projet farfelu de fusionner les trois fonds subventionnaires de recherche du Québec, qui ont pourtant une vocation distincte : la santé, les sciences de la nature et la technologie, ainsi que la société et la culture. Chacun conservera son conseil d'administration (non rémunéré), qui sera présidé par le futur scientifique en chef que nommera bientôt le gouvernement.

Je n'aime pas

Des 27 ministres du gouvernement majoritaire de Stephen Harper, seulement 4 viennent du Québec. Parmi eux, deux occupent des ministères secondaires. Cette faible représentation desservira le Québec, mais c'est ce qu'ont voulu les électeurs québécois, 66,3 % d'entre eux ayant voté pour le NPD ou le Bloc québécois au lieu d'appuyer l'un des deux partis les plus susceptibles de former le gouvernement. C'était la stratégie de l'autruche. Tous les députés du parti gouvernemental ont été élus dans la grande région de Québec et au Lac-Saint-Jean, ce qui signifie qu'environ 90 % des Québécois n'habitent pas un territoire représenté au gouvernement. Et ensuite, on se plaindra de ne pas être entendu.

jean-paul.gagne@transcontinental.ca

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