Le constat : la concurrence des pays émergents dans le domaine du textile menaçait la survie de FilSpec.
Le résultat : l'entreprise s'est spécialisée dans la production de fils de haute technologie pour des applications très ciblées.
Parviendra-t-on un jour à créer un tissu qui, telle la cape magique de Harry Potter, rendra invisible la personne qui le portera ? Ronald Audet ne dit pas non à cette idée. Son entreprise a d'ailleurs presque relevé le défi.
Pour l'armée canadienne, l'usine a développé un fil qui permet de fabriquer des vêtements impossibles à détecter aux rayons infrarouges.
Fils antimicrobiens pour le secteur de la santé, ou ininflammables pour les pompiers : l'usine de Sherbrooke s'est fait une spécialité du développement de fils à haut potentiel technologique. L'entreprise de 170 employés exporte ses innovations partout dans le monde.
Pas si mal pour une PME qui a connu le creux de la vague au début des années 2000. Malmenée par la concurrence des pays émergents, la société, qui appartenait à l'origine à Dominion Textile, puis à Cavalier Textile, a été rachetée par un groupe d'investisseurs de l'Estrie en 2004.
Ronald Audet, qui détient une formation en textile du Cégep de Saint-Hyacinthe et un MBA de l'Université de Sherbrooke, a choisi de miser sur l'innovation. La société s'est dotée d'une équipe de R-D qui, jumelée au personnel technique, forme un laboratoire unique dans l'industrie.
" Le textile est particulièrement touché par les importations. Ce n'était pas très attirant pour les investisseurs. Mais nous avons réussi à vendre notre projet, car nous avons choisi de nous spécialiser ", affirme M. Audet.
Les produits développés chez FilSpec possèdent des applications très précises. " Le secret, c'est de nous distinguer de nos concurrents en fabriquant de petits volumes de produits qui correspondent à des demandes techniques très complexes ", explique le président.
Un laboratoire d'essais
L'équipe de R-D emploie deux ingénieurs à temps plein, autour desquels gravite une équipe regroupant des chimistes et des techniciens de laboratoire ainsi que des mécaniciens et des opérateurs. Au total, une cinquantaine de personnes travaillent à concevoir ces fils sophistiqués.
Dans le laboratoire, on essaie des mélanges de fibres, on vérifie les propriétés des produits et on teste leurs performances. " Le laboratoire sert à la fois d'outil de développement et de moyen de suivi de la qualité ", souligne M. Audet.
Pour certains types de tests, et afin d'encourager le développement des idées, FilSpec a reçu le soutien du Groupe CTT de Saint-Hyacinthe, un centre de transfert technologique spécialisé dans les textiles du futur.
carole.lehirez@transcontinental.ca