Elle veut aider les femmes à décoller

Publié le 13/10/2012 à 00:00

Elle veut aider les femmes à décoller

Publié le 13/10/2012 à 00:00

Monique Jérôme-Forget sort ce mois-ci une nouvelle carte pour faire avancer la cause des femmes : son premier livre, Les femmes au secours de l'économie.

Depuis deux ans, l'ancienne ministre des Finances et présidente du Conseil du Trésor profite de toutes les tribunes pour parler du plafond de verre - ou du plancher collant, comme elle aime bien l'appeler. En plus de donner de nombreuses conférences, elle a coprésidé avec Guy St-Pierre la Table des partenaires influents, un groupe de réflexion créé au début de 2012 par l'ancienne ministre de la Condition féminine, Christine St-Pierre.

Mme Jérôme-Forget, maintenant conseillère spéciale du cabinet d'avocats Osler et du recruteur de cadres Korn/Ferry, n'hésite d'ailleurs pas à se décrire comme une féministe de longue date, en rappelant qu'elle a été vice-présidente de la Fédération des femmes du Québec à la fin des années 1970.

Si elle a choisi d'écrire un livre, c'est pour enrichir d'arguments économiques tangibles, comme le déclin démographique, le débat sur l'ascension des femmes. «La santé du Québec dépend de l'intégration des femmes. Tout comme elle dépend de l'intégration des immigrants, d'ailleurs», explique la septuagénaire lors d'une rencontre avec Les Affaires.

La main-d'oeuvre se fait de plus en plus rare, et les femmes représentent un bassin de choix, puisqu'elles sont diplômées et compétentes. Les voir se détourner du marché du travail ou réduire leurs aspirations représente une perte sèche pour l'économie de la province.

De surcroît, en travaillant moins ou plus du tout, des femmes renoncent à leur autonomie financière, une chose inconcevable aux yeux de l'auteure. «Comme un couple sur deux se sépare, c'est un risque énorme ! Quand ça fait des années que la femme ne travaille plus ou qu'elle travaille moins, c'est loin d'être évident de recommencer à gravir les échelons.»

Comme elle souhaitait s'adresser à tout le monde, aussi bien aux gestionnaires d'entreprise qu'aux femmes professionnelles, cette femme reconnue pour son franc-parler a dû se résigner à faire fondre son manuscrit de 400 pages à un peu moins de 200. Des études scientifiques et des statistiques, que cette détentrice d'un doctorat en psychologie behaviorale a dévorées pendant des mois, ont dû être mises de côté, même s'il en reste beaucoup dans l'ouvrage paru aux Éditions Stanké.

Cela laisse plus de place au concret, comme le témoignage de dix femmes, dont Monique Leroux, Jacynthe Côté, Sophie Brochu et Nathalie Bondil. «Je souhaitais démontrer, preuves à l'appui, à quel point il est important que les femmes accèdent à des postes de direction, et offrir des solutions concrètes.»

Reprendre l'autoroute professionnelle

Pas question pour elle de justifier la faible présence des femmes dans les hautes sphères par un manque d'intérêt. Dans la rue comme après ses conférences, des femmes l'arrêtent régulièrement pour lui dire combien elles se reconnaissent dans ses propos.

Consciente que le problème réside en partie dans l'attitude des femmes - manque de confiance, réseautage insuffisant, etc. -, l'ancienne politicienne l'attribue surtout au parcours de carrière trop bien tracé d'avance. Les employés prometteurs se voient confier plus de responsabilités dans la trentaine, puis offrir des promotions à un rythme soutenu. «Ils prennent l'autoroute professionnelle en pleine période où les femmes ont des enfants !»

On ne peut évidemment pas changer la nature physique de la naissance. Les entreprises, toutefois, peuvent offrir plusieurs voies d'accès pour reprendre l'autoroute professionnelle. «Il faut permettre aux femmes de progresser dans leur carrière, même si elles ne suivent pas le cheminement traditionnel», dit Mme Jérôme-Forget. Elle cite en exemple des banques qui restent en contact avec leurs employées pendant leur congé de maternité, même si celui-ci s'étire sur quelques années. D'autres entreprises doivent revoir leur processus de sélection pour découvrir ce qui cloche.

«Je ne connais pas de gestionnaires mal intentionnés. Souvent, c'est simplement que les femmes passent sous leur radar, sans qu'ils s'en rendent compte.» Elle cite à ce propos le cas d'une entreprise qui a dû changer à plusieurs reprises de chef des finances... avant de réaliser que le candidat idéal était en fait une candidate, présente dans l'entreprise depuis de nombreuses années. «Lorsqu'il l'a vue à l'oeuvre, le président était estomaqué qu'elle n'ait pas été choisie avant.»

D'autres mesures accommodantes, comme les horaires flexibles, évitent aussi de voir des femmes quitter le marché du travail ou opter pour une route moins ambitieuse, découragées par le rythme essoufflant de leur vie.

Il reste qu'un changement significatif de la situation nécessitera une intervention du gouvernement, croit celle dont la mère avouait avec gêne qu'elle travaillait. «Inciter ne suffit pas, il faut convaincre avec des mesures.» Ses collaborateurs à la Table des partenaires influents n'étaient pas tous du même avis et ont exclu en majorité l'imposition de quotas. Le groupe n'a toutefois pas déposé son rapport, terminé cet automne. «On attend de savoir si la nouvelle ministre responsable de la Condition féminine [Agnès Maltais] souhaite le voir.» Dès ces paroles prononcées, elle se redresse : «Je vais l'appeler ! Je la connais bien Agnès !» Parions qu'on n'a pas fini d'entendre Monique Jérôme-Forget faire valoir ses arguments en faveur d'une plus grande présence des femmes.

85,2 % Parmi les diplômés universitaires québécois en 2011, la rémunération hebdomadaire moyenne des femmes correspondait à 85,2 % de celle des hommes. Source : ISQ

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