Dix championnes de la création de richesse

Publié le 25/02/2012 à 00:00

Dix championnes de la création de richesse

Publié le 25/02/2012 à 00:00

Par Stéphane Rolland

Les Bourses ont connu un départ canon en 2012. Reste-t-il des occasions intéressantes ? Pour repérer des titres qui recèlent un potentiel à long terme, nous avons demandé à Carl Simard, président de Medici, de cibler 10 sociétés qui créent le plus de valeur avec l'argent investi par leurs actionnaires. Voici sa sélection, qui comprend cinq actions canadiennes et cinq actions américaines.

ALIMENTATION COUCHE-TARD (TOR., ATD.B, 30,25 $)

+ Le consensus prévoit une croissance des bénéfices supérieure à 10 %.

- Les marges sur l'essence sont déterminantes pour la réussite boursière du détaillant.

Les acquisitions américaines de la chaîne de dépanneurs lavalloise sont un vecteur de croissance, dit Carl Simard. Le titre s'échange à 12 fois les bénéfices prévus pour 2012, et la progression du bénéfice par action devrait se situer entre 10 % à 15 %, annuellement. Les dividendes et les rachats d'actions procurent un retour équivalant à 4,5 % de la capitalisation boursière aux actionnaires, note le gestionnaire de portefeuille, qui vante les talents de la direction.

Le rendement du capital investi, à 13 %, n'est «pas impressionnant», admet Carl Simard.

Le clin d'oeil du hibou rouge, emblème de la chaîne, semble avoir séduit les analystes. Neuf recommandent l'achat du titre, tandis que quatre suggèrent de le conserver. Pour reprendre les mots de Keith Howlett, de Valeurs mobilières Desjardins, «il y a toujours de l'essence pour alimenter le moteur de croissance».

Michael Van Aelst, de Valeurs mobilières TD, place l'action de Couche-Tard au sommet de sa liste de recommandations. Autrement dit, c'est sa plus insistante recommandation d'achat parmi les détaillants. L'analyste est plus optimiste que M. Simard quant à la croissance du bénéfice de Couche-Tard. Selon lui, il devrait croître de 15 à 20 % dans un avenir prévisible.

Tout n'est pas parfait, nuance M. Simard. Les marges sur l'essence sont déterminantes pour la réussite boursière de l'entreprise. L'offre de produits alimentaires frais représente un certain casse-tête logistique.

LABORATOIRES PALADIN (TOR., PLB, 42,04 $)

+ Génère un rendement du capital très élevé depuis plusieurs années.

- Les analystes se montrent prudents.

La pharmaceutique spécialisée montréalaise Laboratoires Paladin, qui fabrique notamment le médicament contre la douleur pour enfants Tempra et la pilule contraceptive d'urgence Plan B, crée beaucoup de valeur pour les actionnaires, dit Carl Simard. «Elle nécessite peu de capital pour générer des profits», commente-t-il. L'entreprise génère un rendement du capital de plus de 25 %, et ce, même si elle conserve une encaisse de 200 millions de dollars, soit 10 $ par action. À 20 fois les bénéfices prévus pour 2012, l'action est pleinement évaluée, selon M. Simard. Le gestionnaire prévoit que l'entreprise commencera à verser un dividende. Elle génère plus de liquidités qu'elle n'en investit actuellement pour l'obtention de droits de commercialisation sur de nouveaux médicaments auprès de grandes pharmaceutiques.

Pour que cette belle histoire se poursuive (le titre de Paladin a grimpé de 276 % depuis cinq ans), la pharmaceutique doit continuer d'acquérir des droits sur d'autres médicaments, prévient M. Simard.

Lennox Gibbs, de Valeurs mobilières TD, est plus prudent avec une recommandation conserver. La société devra combattre la concurrence des versions génériques du Plan B et de l'anti-inflammatoire Pensaid. M. Gibbs croit néanmoins que l'entreprise peut alimenter sa progression avec de nouveaux produits. L'analyste prévient que sa recommandation pourrait ainsi être révisée en conséquence. Les analystes sont divisés : quatre recommandent l'achat du titre et autant de le conserver.

MACDONALD DETTWILER & ASSOCIATES (TOR., MDA, 44,34 $)

+ Les barrières à l'entrée sont élevées pour ses concurrents.

- Le marché international est difficilement accessible.

L'action de l'entreprise de surveillance et de robotique aérospatiale, qui a racheté Spar Aérospace, à Sainte-Anne-de-Bellevue, en 2006, est bon marché, souligne M. Simard. Le titre se négocie à 20 % sous son évaluation historique.

La direction de MDA fait des choix raisonnés, note le gestionnaire. Elle a racheté 23 % de ses actions lors d'un encan inversé en 2011. Le rachat permettra à la société de faire passer son rendement du capital investi au-dessus de 15 %. Elle a également instauré un dividende qui procure un rendement de 2,25 %. En outre, l'endettement représente moins de la moitié de l'avoir des actionnaires.

M. Simard constate que l'entreprise de Richmond, en Colombie-Britannique, entretient une relation privilégiée avec le gouvernement canadien. La barrière à l'entrée est donc élevée pour les concurrents. Le hic, c'est que le secteur est empreint de protectionnisme. Les débouchés à l'étranger sont ainsi plus difficiles à trouver sans partenariat stratégique.

L'entreprise pourrait aussi faire les frais des compressions budgétaires du gouvernement canadien. Thanos Moschopoulos, analyste de BMO Marchés des capitaux, se montre prudent : sa recommandation pour le titre est de «performance de marché». Selon lui, il y a peu de catalyseurs pour l'action sans fusion ou acquisition. L'opinion des pairs est partagée. Parmi les treize analystes qui suivent la société, sept recommandent l'achat du titre et six, de le conserver .

APPLE (NASDAQ, AAPL, 513,90 $ US)

+ Possède près de 100 milliards de dollars américains de liquidités.

- La société est condamnée à innover.

«Apple marche sur l'eau avec ses résultats impressionnants», commente le président de Medici, par une référence à la Bible qui reflète le culte que suscitent ses appareils électroniques (Mac, iPhone, iPod et iPad).

Le rendement du capital investi de 30 % de la société californienne est un des plus élevés du monde, dit le gestionnaire. L'avantage concurrentiel d'Apple n'est plus à démontrer, avec une marque qui est l'une des plus connues dans le monde et qui rend les utilisateurs de ses produits «captifs».

Grâce à des liquidités qui avoisinent les 100 milliards de dollars américains, la première capitalisation du monde peut se permettre de faire des erreurs, dit M. Simard.

Rares sont les analystes qui ne suggèrent pas de croquer le fruit inscrit au Nasdaq. Ils sont 52 à émettre une recommandation d'achat, contre seulement 4 conserver et une recommandation de vendre.

Edward Zabitsky, d'ACI Research à Toronto, est l'oiseau de malheur qui suggère la vente. L'arrivée du HTML 5, prochaine révision du langage informatique, rendra l'avantage concurrentiel du iPhone dans le domaine des applications mobiles moins évident, selon lui. L'entreprise n'aurait ainsi pas d'autre choix que celui de réduire ses marges pour lutter contre ses concurrents.

Pour que le conte de fée boursier se poursuive, Apple, dont le pdg visionnaire, Steve Jobs, est décédé l'an dernier, doit impérativement continuer d'innover, concède M. Simard.

INDUSTRIES LASSONDE (TOR., LAS.A, 67,99 $)

+ Rentabilité supérieure et économie d'échelle sont au rendez-vous

- Les marges seront sous pression en raison de l'inflation alimentaire

Grâce à l'acquisition de Clement Pappas aux États-Unis, la croissance devrait être au rendez-vous pour le producteur de jus de Rougemont, bien connu des consommateurs grâce à sa marque de jus Oasis, estime Carl Simard, président de Medici.

Les économies d'échelle liées à cette acquisition et la rentabilité «supérieure» du producteur de jus américain permettront à son acquéreur de faire croître son rendement du capital investi, qui est à 14 % actuellement.

À long terme, l'entreprise québécoise peut augmenter ses bénéfices de 12 % par année, alors que son action s'échange à 10,5 fois ses profits prévus en 2012.

La dette liée à l'acquisition de Clement Pappas freine la croissance du dividende. Cette dette pourrait peser sur Industries Lassonde à court terme. Les marges seront sous pression en raison de l'inflation alimentaire, ajoute le gestionnaire de portefeuille.

Avantage pour les petits investisseurs qui s'intéresseraient au titre, le modèle d'entreprise de Lassonde est facile à comprendre, selon M. Simard. Petite capitalisation boursière (475 millions), Industries Lassonde n'est suivie que par un analyste : Vincent Perri, de Valeurs mobilières Banque Laurentienne. Ce dernier recommande de conserver l'action.

GLENTEL (TOR., GLN, 21,78 $)

+ Bien positionnée pour profiter de la croissance du téléphone intelligent.

- Le modèle d'entreprise est facilement imitable.

L'engouement pour le iPhone et les appareils intelligents offre de belles occasions de croissance à court et à moyen termes pour le détaillant indépendant de téléphonie mobile Glentel, croit Carl Simard.

L'entreprise de Colombie-Britannique exploite 313 commerces au Canada et 188 établissements aux États-Unis, dont les enseignes La Cabine sans fil et Wave Sans Fil au Québec. Un des avantages de Glentel : les consommateurs trouvent toutes les marques d'appareils dans ses boutiques, car elle est indépendante des fournisseurs tels Rogers et Telus. Depuis trois ans, Glentel enregistre un rendement du capital investi de 25 %. Ses bénéfices devraient croître de 15 % par an à moyen terme. Le titre, qui se négocie à 13,5 fois le profit prévu, reste abordable, dit M. Simard, même s'il a gagné 56 % en un an.

La direction gère bien le capital, note M. Simard. Il voit aussi l'acquisition de Diamond Wireless aux États-Unis d'un bon oeil. De plus, Glentel est peu endettée.

Les analystes partagent sont avis. Les cinq qui suivent le titre en recommandent l'achat. Derkek Dley, de Canaccord Genuity, aime le profil d'expansion, le bilan sain et l'abordabilité de l'action. Une ombre au tableau : le modèle de Glentel peut facilement être reproduit, note M. Simard. Best Buy vise à ouvrir 800 boutiques de téléphonie aux États-Unis d'ici cinq ans.

CF INDUSTRIES (NY, CF, 184,25 $ US)

+ La demande de fertilisants devrait demeurer forte au cours des prochaines années.

- L'entreprise évolue dans un secteur très cyclique.

Le producteur de fertilisants profitera de la demande qui sera «vigoureuse durant encore plusieurs années», selon Carl Simard. Ce dernier note également que les faibles prix du gaz naturel jouent en faveur du producteur de phosphate et d'azote.

La croissance à prévoir est de 15 % par année, et le titre se négocie à 10 fois les bénéfices prévus, ce qui semble peu cher, aux yeux du gestionnaire.

La société de l'Illinois redonne aux actionnaires 6,75 % de sa capitalisation boursière par année sous forme de dividendes et de rachats d'actions. Autre élément positif : l'endettement de CF s'établit à 0,5 fois l'avoir des actionnaires.

Le pari n'est cependant pas sans risque, admet le gestionnaire. Le titre est cyclique, et sa performance est influencée par une multitude de facteurs qui sont incontrôlables, comme l'offre et la demande de fertilisants, le prix du gaz naturel, et le mode de plantation choisi par les agriculteurs. Par ailleurs, le rendement du capital investi dépasse les 20 %, ce qui est élevé, mais il est très volatil.

La majorité des analystes ont une opinion favorable sur le titre. Ils sont treize à en recommander l'achat et cinq à suggérer de le conserver . Elaine Yip, de Credit Suisse, est dans le camp des prudents. Elle émet une recommandation «neutre» et affirme que les résultats pour l'exercice 2012 risquent d'être décevants, car les commandes sont moins élevées que prévu.

PARKER HANNIFIN (NY, PH, 90,01 $ US)

+ La société domine son secteur.

- Le marché est très sensible au ralentissement économique.

Le fabricant et distributeur de pièces d'automatisation pour la machinerie lourde et l'aéronautique de Cleveland possède un réseau de distribution sans égal dans son secteur, estime Carl Simard.

Le gestionnaire considère que le titre, qui se négocie à 12 fois les bénéfices prévus en 2012, est peu cher quand on prend en considération la croissance de 15 % par année. Le rendement du capital investi est stable, à 15 %. M. Simard note que la société redonne l'équivalent de 6,4 % de sa capitalisation boursière aux actionnaires sous forme de dividendes et de rachats d'actions.

Si elle domine son secteur avec un réseau de distribution présent dans 47 pays, l'entreprise est vulnérable à un ralentissement économique, qui nuirait «énormément à sa rentabilité». «L'entreprise doit garder son personnel qualifié et est réticente à procéder à des mises à pied lors de ralentissements», explique le gestionnaire.

Jamie Cook, analyste de Credit Suisse, a la même crainte. L'entreprise aura de la difficulté à réduire ses coûts rapidement si la situation se détériore en Europe, dit-il. Il maintient une recommandation «surperformance».

Par ailleurs, Morningstar apprécie le fait que 10 administrateurs de l'entreprise sur 11 sont indépendants. Morningstar estime que la politique de rémunération de Parker est alignée avec l'intérêt des actionnaires. Dans l'ensemble, les analystes sont partagés, avec 10 recommandations d'achat et 8 recommandations conserver.

CISCO (NASDAQ, CSCO, 20,34 $US)

+ Le titre est bon marché.

- L'incursion dans l'informatique en nuage représente un risque.

En plus de croître de 7 % à 8 % par année, le fabricant et fournisseur de services de réseautique redonne à ses actionnaires l'équivalent de 13 % de sa capitalisation boursière sous forme de dividendes et de rachat d'actions, constate Carl Simard, président de Medici. Le titre de la société californienne s'échange à près de 11 fois les bénéfices prévus en juillet 2012. «C'est peu cher compte tenu de la croissance future», dit le gestionnaire de portefeuille. L'encaisse de 47 G$ US peut être perçue positivement ou négativement. Cette marge de manoeuvre a incité l'entreprise à dépenser son capital excédentaire dans des acquisitions coûteuses. «La société nous semble plus disciplinée en remettant l'argent aux actionnaires qu'en satisfaisant ses idées de grandeur», dit M. Simard. L'incursion de Cisco dans le créneau de l'informatique en nuage entraîne quelques incertitudes au moment où plusieurs concurrents visent ce marché, constate Grady Burkett, analyste de Morningstar. Ce dernier souligne cependant l'avantage concurrentiel des activités traditionnelles de Cisco. Le consensus des analystes est partagé. Des 47 qui suivent le titre, 25 en suggèrent l'achat, 20, de le conserver et 2 recommandent de s'en départir.

IBM (NY, IBM, 193,27 $ US)

+ Crée de la valeur en gérant son capital avec brio.

- L'action est déjà pleinement évaluée.

La société fondée en 1911 entretient une relation privilégiée avec sa clientèle et négocie des ententes à long terme qui lui procurent des revenus récurrents.

Peu de croissance est nécessaire pour justifier l'achat du titre de l'éditeur de logiciels et fournisseur de services informatiques, estime Carl Simard. Se négociant à 10 fois les flux de trésorerie, le titre d'IBM est bien évalué, dit le gestionnaire. Il note toutefois qu'IBM remet à ses actionnaires l'équivalent de 8% de sa capitalisation boursière, ce qui leur procure un certain rendement.

Les analystes sont néanmoins divisés. Des 31 qui suivent l'entreprise, 16 recommandent l'achat du titre, 14 de le conserver et un seul suggère la vente. Du côté des risques, M. Simard note que beaucoup d'entreprises tentent d'imiter le modèle d'IBM en se concentrant dans les services informatiques.

+ 21 % Le titre de Cisco a seulement progressé de 21 % en 10 ans | Source : Bloomberg

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