Pour diversifier sa clientèle et être moins tributaire de la performance souvent cyclique des détaillants, Vêtements Cookshire fabrique depuis deux ans les vestons portés par nos soldats, nos gardiens de prison et nos agents de la Sûreté du Québec. Un contrat lucratif, mais plutôt complexe.

Ne vend pas des vestons et des pantalons à l'armée qui veut. Il faut avoir de l'expérience, savoir respecter des tonnes d'exigences et pouvoir fabriquer du sur-mesure de haute qualité. D'ailleurs, le directeur de l'usine, Steve Blanchette, précise qu'il a refusé deux fois de se lancer dans ce créneau avant de dire oui. "Il faut connaître ses limites, justifie-t-il. Ce genre de vestons, c'est difficile à faire et tu ne peux pas te planter."

Par rapport à un veston pour hommes régulier, qui nécessite 110 minutes de travail, ceux destinés à l'armée en exigent 300. Étant donné que "ça doit être indestructible", les coutures sont fortifiées avec des rubans, plusieurs coutures ne doivent pas être apparentes et diverses opérations sont effectuées sous les doublures.

Vêtements Cookshire ne transige pas directement avec l'armée. Les mandats lui sont octroyés par l'entreprise Logistik Unicorp, de Saint-Jean-sur-Richelieu, qui a elle-même répondu à un appel d'offres de Travaux publics et Services gouvernementaux Canada, nous ont précisé les Forces canadiennes.

Le propriétaire de cette PME, Louis Bibeau, affirme qu'il est de plus en plus complexe pour lui de trouver des sous-traitants canadiens. Par contre "ceux qui résistent sont excellents", mentionne-t-il, précisant que l'usine Vêtements Cookshire a été choisie parce qu'elle fabrique des vêtements "de qualité qui vont durer".

Pour Vêtements Cookshire, le marché institutionnel permet de diversifier ses revenus. "Il n'y a rien de pire que de travailler pour un seul gars. S'il tombe, tu tombes avec lui."