Pour réduire sa consommation d'énergie, la raffinerie de sucre de canne de Montréal a misé sur la technologie et la conscientisation de ses employés.
Trois écrans d'ordinateur ornent le bureau de Mario Tremblay, ingénieur de système chez Sucre Lantic. Sur l'un d'eux, des dizaines de schémas défilent. En un coup d'oeil, on observe en direct chacune des étapes de transformation de l'usine qui produit environ 500 000 tonnes de sucre par an : température des chaudières, quantité de sucre transporté, consommation d'énergie. «En efficacité énergétique, l'information est le nerf de la guerre. Nous nous sommes donc dotés d'outils pour analyser chaque aspect de la production», dit-il.
Ces données ont permis à la raffinerie de Montréal - qui a doublé sa production à la suite du transfert des activités d'une usine des Maritimes - de mettre en place une série d'initiatives afin de réduire considérablement sa consommation d'énergie.
En 2005, l'entreprise a commencé par remplacer le procédé de décoloration du sucre qui utilisait jusqu'alors du noir organique, une substance constituée d'os d'animaux calcinés. Le nouveau procédé par échange ionique utilise maintenant de la résine de polymère, une matière synthétique qui «nécessite beaucoup moins d'eau chaude», précise-t-il.
Des gestionnaires d'énergie
Parallèlement, Lantic a sensibilisé ses employés à l'importance de la consommation d'énergie. «Il a fallu conscientiser les employés au fait qu'ils n'étaient pas que des gestionnaires de production, mais aussi des gestionnaires en énergie», raconte-t-il. Graphique à l'appui, il cite en exemple les opérateurs des chaudières de la raffinerie : «Ils sont responsables d'opérations qui totalisent 51 % de notre facture énergétique. Les décisions qu'ils prennent sont très importantes.»
En 2010, Lantic continue sur sa lancée en intégrant à ses opérations un récupérateur à condensation hybride muni d'un brûleur au gaz naturel. Ce système récupère et réachemine la chaleur des gaz de cheminée pour préchauffer l'eau adoucie - une eau naturelle débarrassée artificiellement des sels de calcium et de magnésium responsables de la dureté - utilisée dans la raffinerie.
De quatre à deux chaudières
Les efforts ont porté les fruits escomptés. Dès 2007, la centrale thermique a pu réduire le nombre de chaudières nécessaires à son fonctionnement de quatre à trois. La récupération de chaleur des cheminées leur a permis d'optimiser encore davantage. La raffinerie n'utilise désormais que deux chaudières, et cela 10 mois par année.
L'ensemble de ces mesures a nécessité un investissement de 3,5 millions de dollars. Qu'à cela ne tienne, le rendement de l'investissement de chacune des initiatives se fait en moins de trois ans.