Des défis majeurs pour tous les partis fédéraux

Publié le 07/05/2011 à 00:00

Des défis majeurs pour tous les partis fédéraux

Publié le 07/05/2011 à 00:00

Par Jean-Paul Gagné

Non seulement les élections du 2 mai sont historiques, mais elles représentent des défis majeurs pour tous les partis politiques fédéraux.

Après avoir dirigé deux gouvernements minoritaires, Stephen Harper a obtenu le gouvernement majoritaire qu'il souhaitait. Il a fait élire 167 députés, mais il a obtenu moins de 40 % des votes. Sa victoire n'est pas éclatante, car certains de ses députés ont été élus par une faible marge. Néanmoins, les Canadiens pourront enfin connaître le vrai Stephen Harper, soupçonné par plusieurs personnes de cacher ses valeurs véritables, qui ne sont pas très loin de celles du Parti républicain américain.

Stephen Harper aura désormais les coudées franches pour gouverner, ce qui devrait donner aux Canadiens un gouvernement plus rigoureux sur le plan fiscal (baisse des dépenses publiques et des impôts, et retour accéléré à l'équilibre budgétaire) et plus ouvert sur le plan du commerce international. Il pourra continuer à resserrer le Code criminel, à acquiescer à différentes demandes des lobbies de droite (une partie de sa base électorale) et à réduire encore les budgets consacrés à la culture, ce qui est de mauvais augure pour Radio-Canada. Il pourrait diminuer aussi l'aide internationale, mais maintenir l'augmentation des dépenses militaires. Et il pourrait lancer sa réforme du Sénat (élection des sénateurs par les provinces et mandat limité à huit ans).

Il risque surtout de ne pas contenir suffisamment son arrogance et d'accroître le nombre de ses ennemis. Méfiant, il pourrait devenir encore plus contrôlant, plus interventionniste dans les organismes qui dépendent de l'État, plus enclin à gouverner en vase clos et moins ouvert à des compromis avec les provinces et les partis d'opposition. N'ayant fait élire que six députés au Québec (16,5 % des suffrages), il devra redoubler d'ardeur pour assurer à son parti un appui plus déterminant.

Le Parti libéral en eaux troubles

Pour le Parti libéral, ce scrutin a été une descente aux enfers, qui a abouti à l'élection de seulement 34 députés, avec moins de 19 % des voix. Ce parti, qui s'est toujours vu comme le plus légitime pour gouverner le pays, n'a fait élire que 11 députés sur 106 en Ontario, 12 dans les provinces de l'Atlantique, 7 au Québec, 2 en Colombie-Britannique, 1 en Saskatchewan, 1 au Manitoba et aucun en Alberta et dans le Grand-Nord.

Il devra repenser son avenir, qui sera vraiment menacé s'il ne fait pas mieux à la prochaine élection. Sa disparition serait une victoire pour Stephen Harper, qui aurait alors plus de place pour manoeuvrer à droite, face au Nouveau Parti Démocratique (NPD), qui a enfin obtenu une stature nationale avec 102 députés répartis dans toutes les régions.

La réussite du NPD doit être attribuée à Jack Layton et à la vague dont il a bénéficié par défaut au Québec avec l'élection de 58 députés. Il n'a toutefois obtenu que 44 sièges dans le reste du Canada, par rapport à 36 lors des élections de 2008, ce qui n'est pas convaincant. Vu le cadeau que lui a donné le Québec, Jack Layton devra se soucier des attentes des Québécois, à qui il a promis de travailler au renforcement du bilinguisme dans les institutions fédérales et à la réouverture de la constitution canadienne pour répondre aux demandes historiques de la province. On peut toutefois être certain que, en fin stratège, Stephen Harper n'ouvrira pas cette boîte de Pandore. Une fois la lune de miel passée, le bon Jack pourrait se trouver face à la déception des Québécois qui l'ont pris au sérieux.

En donnant 43 % de leurs suffrages au NPD, les Québécois ont adhéré à un parti fédéraliste, bien qu'ils soient restés dans l'opposition. Il faut voir dans ce vote une volonté de changement plutôt qu'un virage idéologique, les Québécois ayant constaté qu'ils n'allaient nulle part en appuyant le Bloc québécois, un parti qui ne pouvait pas participer à l'exercice du pouvoir.

La fin du Bloc

Pour le Bloc québécois, c'est l'anéantissement. Ayant perdu son statut de parti reconnu et le financement qui y est rattaché, il disparaîtra lors du prochain scrutin.

Enfin, les dernières élections sont historiques en raison de l'entrée aux Communes d'une première députée du Parti Vert, qui pourra profiter de la tribune du Parlement du Canada pour défendre l'environnement, le dernier des soucis du gouvernement Harper.

Malgré les déboires du Bloc, certains stratèges du Parti québécois espèrent sans doute un durcissement de la position de Stephen Harper face au Québec. Toutefois, il est peu probable qu'il tombera dans ce piège.

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