La construction de barrages par Rio Tinto Alcan (RTA) au Cameroun entraînera un déplacement des populations, car la multinationale devra inonder des villages afin de construire un réservoir hydraulique.
" Nous sommes en contact permanent avec les représentants des populations pour bien cerner les préoccupations et planifier les mesures compensatoires ", indique Jean-Marc Lajoie, un des responsables de RTA au Cameroun.
Il évalue à près de 1 500 le nombre de personnes de l'ethnie Bassa qu'il faudra délocaliser, auxquelles pourraient s'ajouter un autre millier de personnes qui ne sont pas directement touchées par les plans, mais à qui RTA offre le déplacement dans le but de préserver le tissu social.
Cela représente près de 500 cases à construire. RTA promet des cases en parpaing plutôt qu'en bambou et en terre, ainsi que l'électricité. " Tant sur les aspects environnementaux que sociaux, nous nous engageons, au minimum, à respecter les directives opérationnelles de la Banque mondiale ", précise M. Lajoie.
De l'incertitude au sein de la population
Selon Marthe Ngo Nkondjock, responsable du dossier à l'ONG Cameroun Ecologie, le projet reçoit l'aval de la population, mais il crée néanmoins " beaucoup de remous ". Entre autres, parce qu'il faudra non seulement déménager les gens, mais également les ossements de leurs ancêtres qui sont enterrés sous les maisons ! Culturellement, c'est un point fondamental : en Afrique, les ancêtres ont beau être morts, ils font partie de la vie des personnes qui vont se recueillir près de leurs caveaux pour obtenir conseils et réconfort. Il est impensable de submerger leurs dépouilles par un bassin hydraulique.
" Les chefs me disent que cela leur brise le coeur, explique Mme Nkondjock. Ici, les gens tiennent beaucoup à leurs racines, chacun habitant sur la terre de ses ancêtres, et si l'un s'en va travailler en ville, il continue de contribuer au village natal et, dans bien des cas, d'y avoir une propriété. "
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