Déficit zéro ou pas, la gestion de la dette doit être une priorité

Publié le 14/09/2013 à 00:00

Déficit zéro ou pas, la gestion de la dette doit être une priorité

Publié le 14/09/2013 à 00:00

Par Jean-Paul Gagné

L'objectif du déficit zéro revient nous hanter. Cela est parfaitement justifié, car les chances que le gouvernement du Québec y arrive en 2013-2014, tel que promis, sont infimes.

Le ministre des Finances et de l'Économie, Nicolas Marceau, peut affirmer sans mentir qu'il poursuit toujours cet objectif, mais il est loin d'être certain qu'il ne rêve pas en couleur.

L'état des revenus et dépenses du gouvernement s'est soldé par un déficit de 1,2 milliard de dollars pour avril et mai 2013, les deux premiers mois de l'exercice en cours.

Le gouvernement contrôle bien ses dépenses de programmes, qui se sont accrues de 2,5 % par rapport à celles des mêmes mois en 2012. Malheureusement, ses revenus autonomes n'ont augmenté que de 1,3 %, à cause des reculs respectifs de 0,8 %, 6,9 % et 12,2 % des recettes provenant des taxes à la consommation, des sociétés d'État et des impôts sur les profits. Heureusement, les transferts fédéraux ont crû de 3,1 % grâce à la péréquation (+ 5,9 %), au transfert pour la santé (+ 6,6 %) et à la compensation versée pour l'harmonisation de la taxe de vente du Québec à la taxe fédérale sur les produits et services. Le Québec recevra cette année à ce titre 1,47 G$, si bien qu'une somme de 122 millions de dollars est inscrite dans ses revenus, chaque mois de 2013-2014. Ouf !

Les deux premiers mois de l'exercice en cours ne donnent pas la tendance de l'année, mais la stagnation de l'économie québécoise continuera d'affecter les revenus autonomes du gouvernement. Le produit intérieur brut du Québec stagne depuis le printemps. Il en est de même des ventes au détail, des investissements des entreprises et des dépenses de construction (bonne nouvelle, les permis de construction résidentielle ont augmenté en juillet). Les revenus d'emploi sont stables, alors que les impôts (taux marginal supérieur et contribution santé) ont augmenté, ce qui fait que les consommateurs ont moins d'argent à dépenser. Depuis un an, il ne s'est créé au Québec que 425 emplois par mois !

Le dogme du déficit zéro

Depuis que l'ex-premier ministre Lucien Bouchard a fait voter la Loi sur l'équilibre budgétaire, qui empêche le gouvernement du Québec d'accumuler des déficits budgétaires, l'atteinte du déficit zéro est presque devenue une obsession. M. Bouchard était revenu ébranlé d'une rencontre avec des financiers de New York qui avaient critiqué l'indiscipline fiscale du Québec et laissé entrevoir une baisse de sa note de crédit. Même si cette loi a eu des conséquences néfastes sur la disponibilité des soins de santé en raison des mises à la retraite de médecins et d'infirmières, elle a certainement eu un effet salutaire sur les finances publiques du Québec.

Selon la théorie keynésienne, il est sain qu'un gouvernement se permette de faire des déficits pour relancer son économie, pourvu qu'il réalise des surplus pour les rembourser lorsque l'économie atteint sa vitesse de croisière. Malheureusement, les dirigeants politiques ont utilisé cette théorie pour justifier des déficits, tout en négligeant sa contrepartie. Résultat : la plupart des États ont accumulé des montagnes de dettes qu'ils ne sont plus capables de rembourser et qui les privent de moyens d'intervention lorsqu'il faudrait relancer leur économie. C'est ce que vivent plusieurs pays d'Europe depuis la crise financière et la récession déclenchées en 2008.

Le problème de la dette

Puisque le gouvernement du Québec a été victime d'une récession qu'il n'a pas créée, les agences de notation de crédit ne devraient pas le condamner si le retour à l'équilibre budgétaire n'est pas atteint. Toutefois, à cause de l'engagement ferme du ministre Marceau sur ce plan, un report du déficit zéro sera vu comme un échec politique, auquel s'ajoutent les tentatives improvisées du gouvernement de hausser les impôts sur les gains en capital et les dividendes, les promesses brisées, la réforme avortée de l'impôt minier et sa propension à accroître abusivement l'interventionnisme de l'État (projet de loi 14 sur le français, charte des valeurs, projet d'une super banque de développement économique).

Cela dit, la poursuite de l'équilibre budgétaire doit demeurer un objectif prioritaire.

Notre endettement avoisine celui de plusieurs pays européens, alors que notre croissance économique est faible. Si nous ne voulons pas vivre leur calvaire quand les taux d'intérêt remonteront, il importe de gérer nos finances publiques avec une grande prudence.

jean-paul.gagne@tc.tc

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