J'aime toujours prendre le pouls d'un pays en jasant avec un chauffeur de taxi. De passage à Paris il y a quelques jours, j'en ai profité. «De quoi parle-t-on actuellement en France ?» ai-je demandé à mon chauffeur. La réponse ne s'est pas fait attendre. «Mais voyons, de la retraite !» m'a-t-il lancé, se demandant clairement d'où je sortais. Il ne s'est pas fait prier pour poursuivre : «Il y a une autre réforme et on va encore nous taxer», m'a-t-il expliqué très poliment, mais avec ce petit ton râleur reconnaissable entre tous.

Il faut dire qu'en France, le gouvernement Hollande présente une réforme des systèmes de retraite... deux ans à peine après que l'administration Sarkozy eut annoncé une série de mesures, dont celle de repousser de 65 à 67 ans l'âge à partir duquel les travailleurs peuvent toucher leur pension sans pénalité. Cette fois-ci, le gouvernement préconise notamment de hausser les cotisations des employeurs et des employés. Conséquence : une manifestation est prévue le 10 septembre...

Le débat en France rappelle que l'équilibre financier des systèmes de retraite est une préoccupation mondiale. Et le Québec n'y échappera pas. Le financement des retraites sera encore à l'ordre du jour cet automne. Il sera même le sujet de la décennie, nous explique notre chroniqueur René Vézina, qui brosse cette semaine un tableau des dossiers à suivre à la rentrée. Les discussions s'annoncent intenses. Il y a le comité D'Amours qui suggère d'instaurer une rente de longévité. Et il y a le RVER ; le Régime volontaire d'épargne-retraite, qui devrait être lancé en janvier, ne réglera pas le problème des déficits des régimes, mais il aura le mérite d'inciter les travailleurs à épargner.

L'idée de se prendre en main ne déplaît pas à mon chauffeur de taxi, qui a conclu son laïus avec une remarque particulièrement pertinente : «Dans nos pays, on oublie souvent que nous sommes trop gâtés».

Bonne rentrée !