De la Caisse de dépôt à Jacques Parizeau

Publié le 26/11/2011 à 00:00

De la Caisse de dépôt à Jacques Parizeau

Publié le 26/11/2011 à 00:00

Si seulement Donald Gordon se l'était fermée, en 1962, nous n'en serions peut-être pas à lancer des chasses aux sorcières 50 ans plus tard lorsqu'un patron anglophone se pointe au Québec.

Pour l'histoire, rappelons que le président du CN - alors propriété fédérale - avait justifié béatement l'absence de quelque francophone que ce soit parmi ses 17 vice-présidents parce qu'il avait été incapable, avait-il dit, d'en trouver même un seul qui soit suffisamment compétent.

Cette déclaration avait fait scandale et elle demeure encore aujourd'hui figée dans notre imaginaire collectif, tel un stigmate dont on n'arrive pas à se débarrasser. L'affaire des deux dirigeants anglophones unilingues à une filiale de la Caisse de dépôt, et la tempête qui l'a accompagnée montre que la blessure n'est toujours pas cicatrisée.

Maintenant que la poussière retombe tranquillement, peut-on faire la part des choses ?

Deux cadres supérieurs unilingues anglophones sont en cause dans cette histoire, tous deux à l'emploi de Ivanhoé Cambridge. Sauf que leur cas est bien différent.

David Smith occupait le poste de vice-président aux ressources humaines. Au fil des décennies, les écoles de gestion du Québec en ont fait des RH un de leurs secteurs d'excellence, et elles ont formé nombre de gestionnaires de haut niveau. Qu'on n'ait pas été capable d'en recruter un seul qui soit bilingue pour pourvoir le poste est sidérant. À cet égard, la Caisse n'a pas d'excuse. On a d'ailleurs reconnu l'absurdité de la situation en attribuant d'autres responsabilités à M. Smith.

Mais le verdict n'a pas à être aussi tranchant en ce qui concerne le président de l'exploitation d'Ivanhoé Cambridge, Kim McInnes.

Il convient d'abord de se rappeler qu'on demande à la Caisse d'exceller en toutes choses dans un monde de plus en plus concurrentiel. Auquel cas le rendement tant attendu va suivre. À l'inverse, les dérives de 2008 ont démontré que les défaillances peuvent être terriblement coûteuses. La Caisse joue un rôle trop important au Québec pour se contenter de demi-mesures.

Or, il appert que M. McInnes est un leader reconnu dans le monde de l'immobilier. Il vient tout juste d'arriver à la tête d'Ivanhoé Cambridge, dont les activités sont internationales. Et la Caisse doit et devra impérativement jouer la carte internationale pour répondre aux besoins de ses déposants.

Peut-on alors courir le risque de se passer des meilleurs gestionnaires, parce que le souvenir de M. Gordon nous hante encore ?

D'ailleurs, que se passera-t-il quand la Caisse décidera, par exemple, d'investir massivement dans les marchés émergents ? Ou elle confiera des mandats à des tiers, ou elle s'en occupera elle-même. Si c'est le cas, la même question se reposera. Il se peut qu'on fasse appel à un crack mondialement reconnu pour mener la charge, quitte à ce que montent progressivement dans l'organigramme des talents locaux qui auront le temps de se faire les dents avant d'assumer le pouvoir. Une forme d'étapisme, en somme.

Un jour, le Québec abandonnera la désolante devise «Je me souviens» pour miser sur l'avenir avec «Droit devant». Mais c'est une autre histoire...

Attention aux raccourcis, M. Parizeau

Ainsi donc, Jacques Parizeau soutient que le Québec «se fait avoir» avec le Plan Nord. Il en veut pour preuve, par exemple, la route qu'il faudra tracer sur 250 kilomètres pour rejoindre la mine de diamants Stornoway, loin au nord de Chibougamau, et dont la facture devrait atteindre 330 millions de dollars (M$), 288 M$ étant payés par Québec.

Il omet cependant de dire qu'il s'agit là du prolongement de la route 167, réclamé depuis toujours par les intervenants régionaux pour permettre l'accès à un territoire riche en ressources de toutes sortes, tant pour la faune que pour les forêts et les mines. Une route qui porte un numéro du genre fait de facto partie du réseau routier. Ce n'est pas un «chemin de compagnie».

De plus, il ne mentionne pas que ce projet est exemplaire, dans la mesure où le Québec en détient 37 % par l'intermédiaire d'Investissement Québec. Cette fois-ci, les retombées iront bien au-delà des redevances.

Vigilance, oui, raccourcis non. En coupant les coins, Monsieur Parizeau n'aide pas autant qu'il le pourrait à élever le débat au Québec.

DE MON BLOGUE

Retraite

Liberté (hypothécaire) 71

Vous avez peut-être vu cette nouvelle tirée d'un sondage de la Banque Royale : un tiers des Canadiens âgés de 55 ans et plus ont encore 16 ans à payer sur leur hypothèque résidentielle. Ils n'en seront donc pas libérés avant d'avoir 71 ans, et encore [...] Dans les faits, un nombre croissant de gens plus âgés empruntent sur leur maison pour financer leur train de vie.

Vos réactions

«Lorsque les prix des résidences cesseront d'augmenter et commenceront à se corriger, l'impact sera important et se traduira sur toute l'économie du pays. En effet, ce vaste apport à la consommation du pays (qui compte pour environ 65 % du PIB canadien) ne sera alors plus disponible comme ce fut le cas au cours des 10 dernières années.»

- Réaliste1

«Si la maison a de l'équité, une banque peut vous offrir une hypothèque inversée [...] Au décès, les enfants ne danseront peut-être pas sur votre tombe avec une valeur de maison libre d'hypothèque, mais il en restera peut-être un peu...»

- travailleur

«Un prêteur a toujours une option de rappel dans une marge de crédit. Lorsque le prix des maisons aura baissé de 30 %, le retraité de 72 ans qui avait 30 % d'utilisés sur sa marge de crédit trouvera la soupe chaude.»

- ABC

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rene.vezina@transcontinental.ca

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