Comment survivre à sa première crise

Publié le 09/05/2009 à 00:00

Comment survivre à sa première crise

Publié le 09/05/2009 à 00:00

La crise force une nouvelle génération de leaders à s'adapter à ce qui représente pour eux les premières grandes difficultés de leur carrière, après des années de crédit facile et de croissance soutenue.

"Tough times never last, tough people do", dit cependant Daniel Paillé, professeur à HEC Montréal, avant de rappeler que la crise est profonde et étendue. Selon lui, le scénario d'un retour rapide à la croissance est non seulement improbable, mais aussi non souhaitable. Un rebond- surprise aurait l'effet de reporter des réformes nécessaires à la bonne remise en marche du système capitaliste, dit-il.

Pour affronter la crise, les jeunes dirigeants, quels que soient la taille, le secteur et la situation financière de leur entreprise, doivent s'adapter.

"La pire erreur serait de ne rien faire en pensant que la crise durera peu et ne laissera pas de traces", insiste Sylvain Vincent, associé directeur, Est du Canada, chez Ernst & Young. "Quelle que soit votre situation, ne gaspillez pas une récession", ajoute-t-il, citant l'ancien pdg de General Electric, Jack Welch.

Même son de cloche chez le grand patron de Desjardins Capital de risque, Louis Roquet, qui s'attache à démentir l'idée reçue que la crise forcerait à l'inertie.

"La crise crée aussi des occasions. Il y a d'excellents gestionnaires disponibles sur le marché, que des PME dynamiques pourraient embaucher pour la première fois."

Voici donc trois conseils aux jeunes gestionnaires pour qu'ils profitent de leur première récession en carrière.

1 Soignez vos relations avec vos créanciers

Aux jeunes gestionnaires qui font face à des défis importants, l'expert rappelle l'importance cruciale d'entretenir de bonnes relations avec ses créanciers.

"N'attendez pas l'appel de vos banquiers. Ne perdez pas non plus votre crédibilité en étant irréaliste, mal préparé ou arrogant", dit M. Vincent.

Ancien syndic de faillite aujourd'hui spécialisé dans les fusions et acquisitions, M. Vincent note que les taux de défaut sur les prêts aux entreprises sont en forte hausse. Il s'attend à ce que les conditions de crédit se resserrent encore dans les prochains mois.

S'entourer d'experts et paraître maîtriser la situation sont aujourd'hui des conditions sine qua non pour pouvoir négocier à armes égales avec un banquier, ajoute-t-il.

2 Sortez des sentiers battus

Pour tirer profit de la crise ou simplement y survivre, il faut sortir des sentiers battus, estime Louis Roquet.

Vous pourriez envisager des acquisitions en explorant des voies non traditionnelles, comme la prise de participation de travailleurs dans le capital de l'entreprise ou une transaction effectuée sans recours à la dette. Vous pourriez modifier votre offre en mettant l'accent sur des modalités de paiement plus souples plutôt qu'en réduisant vos prix.

Avant toute chose, souligne M. Roquet, c'est l'équipe de direction qui fait la différence pour un financier qui doit choisir entre deux entreprises. "Celles qui ont la bonne équipe sauront mettre la main sur les bonnes technologies et s'adapter. Les autres risquent d'être délaissées par les prêteurs même si elles disposent d'un produit prometteur", prévient-il.

3 Ne reportez pas les décisions difficiles

Sauf si on est dans l'heureuse situation de pouvoir profiter des difficultés des concurrents, la récession force à faire des choix déchirants, reconnaissent les experts.

Un jeune gestionnaire aurait tort de vouloir éviter ou reporter ces décisions difficiles. "Si c'est nécessaire, faites des réductions de personnel rapides et importantes, quitte à réembaucher plus tard", conseille M. Roquet.

"Faire durer le plaisir", selon son expression ironique, aurait l'effet pervers de démoraliser les troupes et de nuire à la productivité des employés qui resteront.

Évitez aussi de dissimuler vos difficultés et de vous emmurer de longues journées pour planifier vos réductions de coûts. Vos employés ne sont pas des enfants et savent reconnaître les signes annonciateurs de mauvaises nouvelles, dit M. Roquet.

La crise est dure, impitoyable même, pour des dirigeants qui ont à vivre la pire récession depuis les années 1930. Elle a cependant l'avantage inestimable de faire le ménage entre les gagnants et les perdants, soutient l'ancien cycliste olympique Louis Garneau, dont l'entreprise est aujourd'hui en pleine expansion. "Dans une course comme dans les affaires, c'est lorsqu'on a le vent de face qu'on peut le mieux attaquer et se démarquer du peloton."

jean-francois.cloutier@transcontinental.ca

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