Apathie du privé face à l'innovation

Publié le 16/10/2010 à 00:00

Apathie du privé face à l'innovation

Publié le 16/10/2010 à 00:00

Par Jean-Paul Gagné

Le Canada se classe au 14e rang en matière de capacité d'innovation, selon le Forum économique mondial sur la compétitivité.

Cette donnée appuie les conclusion d'autres rapports récents, publiés tant à l'étranger qu'ici. Ceux-ci donnent de mauvaises notes au Canada sur le plan de la productivité, de la compétitivité et de la capacité d'innovation.

C'est un problème que les gouvernements tentent de solutionner, en vain. Certes, notre économie se tire plutôt bien d'affaire, mais il faut néanmoins s'inquiéter. Nos fabricants ont pendant longtemps profité de la dépréciation du dollar canadien pour exporter. Depuis quelques années, notre économie est portée par la hausse des prix des matières premières et par l'exportation à grand volume de minéraux, de métaux, de pétrole et de gaz, grâce à l'explosion de la demande dans certains pays comme la Chine et l'Inde. C'est de la richesse facilement créée, qui n'a rien à voir avec la compétitivité.

Alors que le Québec en est à sa deuxième stratégie de recherche et d'innovation en trois ans, Ottawa a lancé plusieurs initiatives pour renverser la tendance, comme la mise en place de la Fondation canadienne pour l'innovation, qui appuie les infrastructures de recherche, et le financement de 2 000 chaires de recherche et de 20 chaires d'excellence, qui ont contribué à recruter des chercheurs étrangers réputés et à retenir nos chercheurs.

Grâce à ces apports, le Canada se classe très bien au chapitre de la recherche universitaire parmi les pays de l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE). Par contre, la contribution de nos entreprises à l'effort de recherche et développement (R-D) est décevante. En effet, elles dépensent en R-D l'équivalent de 1 % du produit intérieur brut du Canada, par rapport à 1,6 % en moyenne pour l'ensemble des pays de l'OCDE, à 2 % pour les États-Unis et à près de 3 % pour la Suède, la Finlande et la Corée du Sud. Israël fait encore mieux.

Pour atteindre la moyenne des pays de l'OCDE, le secteur privé canadien devrait dépenser 10 milliards de dollars de plus en R-D chaque année, estime Kevin Lynch, vice-président du conseil de la Banque de Montréal. L'apathie de nos entreprises risque d'être dramatique, car elle nuit à notre compétitivité face aux autres pays industrialisés et à certains pays émergents.

À cette lacune s'ajoute l'affaissement de la productivité canadienne. Celle-ci a augmenté d'environ 1 % par année depuis 10 ans, alors qu'elle avait progressé en moyenne de 4 % pendant le quart de siècle qui a suivi la Deuxième Guerre mondiale et d'au moins 1,5 % en moyenne pendant les 25 années suivantes. Pourtant, le fardeau fiscal des entreprises canadiennes a été réduit et la remontée du dollar aurait dû les amener à acheter plus de technologies étrangères.

Nous avons trop peu de grandes sociétés à capital canadien comme Bombardier, CAE et Research In Motion. Le Canada est avant tout un pays de succursales et de filiales de sociétés étrangères, qui achètent nos entreprises avec une facilité déconcertante, comme on l'a vu récemment pour Alcan, Inco, Falconbridge, Dofasco, Stelco, Sico et autres.

Autre lacune, nos chercheurs publient abondamment des articles dans les revues scientifiques, mais les universités et les sociétés de valorisation se révèlent incapables de transformer les fruits de cette recherche en applications commerciales.

De plus, nos banques et nos fonds de capital de risque sont frileux et hésitent à financer l'innovation et le démarrage d'entreprises. Dès qu'une PME axée sur le savoir a besoin d'argent pour se développer, ce sont souvent des fonds américains qui sont les premiers à se manifester. Ils acquièrent sa technologie et la commercialisent à partir des États-Unis.

Que faire ? Mieux cibler l'aide de l'État sur les secteurs les plus prometteurs, sur la valorisation de la recherche et la commercialisation des fruits de la R-D. Il faut aussi amener les écoles de gestion à former plus d'entrepreneurs et les écoles de génie à se rapprocher davantage des entreprises et de l'industrie du capital de risque.

Enfin, comme au Japon, nos sociétés doivent créer des groupes d'innovation, composés de gestionnaires et d'employés, qui connaissent bien les clients et qui maîtrisent les processus de production.

jean-paul.gagne@transcontinental.ca

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