La revanche des timides

Publié le 01/11/2009 à 00:00

La revanche des timides

Publié le 01/11/2009 à 00:00

D'aussi loin que je me souvienne, les prestations publiques sont pour moi une cause d'insomnie. La première qui me vient à l'esprit est cette démonstration d'origami que j'ai faite devant ma classe de deuxième année. Après plusieurs bégaiements, quelques rires nerveux et une éructation accidentelle, j'avais accouché d'une boulette de papier informe qui ne ressemblait en rien à l'animal promis. C'était un échec cuisant, et l'auditoire avait bien rigolé. Je me rappelle encore du mot "eraser" que j'avais zézayé en deuxième secondaire, en tout début d'année, devant de nouveaux camarades d'école. Cela avait provoqué l'hilarité générale du cours d'anglais. Dès lors, j'ai été un élève rétif et dissipé dans tous les cours de langue auxquels j'ai assisté. Résultat : je parle anglais presque aussi "bien" que Louise Harel.

Un ancien patron me dit encore "à quel point je l'ai déçu" de ne pas avoir participé à une activité au cours de laquelle il était prévu que je m'adresse à un groupe d'inconnus dans cette langue que je parle mal. J'ai prétexté alors que ce qu'on me demandait ne relevait pas de mes fonctions (mauvaise réponse !). J'ai manoeuvré ainsi, savamment, à plusieurs occasions dans ma carrière pour éviter de me mettre en situation de ridicule potentiel. C'est un sacré défaut, particulièrement pour une personne ambitieuse.

Cela ne m'a pas empêché de progresser sur le plan professionnel, mais j'ai raté bien des occasions de marquer des points. Et certainement aussi d'améliorer mes compétences à force de me soustraire à la critique des autres.

La timidité et le manque de confiance en général génèrent un cercle vicieux alimenté par des stratégies d'évitement. Ils affectent beaucoup de personnes. Selon des statistiques glanées sur Internet, près de 60 % des Français se disent timides. Huit Américains sur dix auraient vécu une situation intimidante. Il y a quelques jours, le président d'une association importante, qui descendait d'une scène où il venait de prononcer quelques mots, me confiait combien il était soulagé que ce calvaire soit passé. "Et c'est la même chose en réunion", m'a-t-il dit.

Les timides sont nombreux chez les cadres, les professionnels et les gens d'affaires. Pour beaucoup, par contre, je suppose que cette timidité est en partie maîtrisée. C'est le cas des personnes qui témoignent dans l'article que nous consacrons à la question. Pour les autres, inutile de dire que cet article est essentiel.

J'insiste sur le mot "maîtrisé". Car dans tous les cas, il restera toujours cette touche d'humilité, d'hésitation et de réserve qui rend les timides plus agréables, plus civilisés et si peu envahissants. C'est dans cette maîtrise que le défaut se transforme alors en un atout considérable.

daniel.germain@transcontinental.ca

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