Blogue. À l'aube du Sommet international du jeu de Montréal, cuvée 2009, qui a lieu ces lundi et mardi, c'était au tour d'Ubisoft d'inviter les médias à un événement pas piqué des vers : présentation sur grand écran des 30 minutes complètes du court métrage Assassin's Creed : Lineage. Au menu : un ambitieux tour de force, tant corporatif que créatif. Une stratégie qui s'oppose diamétralement à celle d'un rival tout aussi bien implanté à Montréal : Electronic Arts.
Jeudi dernier, Yannis Mallat, président d'Ubisoft Montréal, a mis la table pour la présentation de ce court métrage, sorte de prologue cinématographique au jeu Assassin's Creed 2, qui devrait se vendre dans les millions de copies au fil des prochains mois. L'original, Assassin's Creed, s'est vendu à plus de 9 millions de copies.
Depuis trois ans, M. Mallat essaie de convaincre l'industrie du jeu que son avenir réside dans un maillage solide avec d'autres industries médiatiques, comme le cinéma. Une « convergence de connivence », qu'il appelle ça.
Du point de vue du divertissement, on voit à l'écran où se situe la limite du talent créatif québécois, en matière d'effets visuels et de cinématographie : bien au-delà de sa prétention. Yannis Mallat : « Le talent québécois en matière de jeu vidéo et d'effets cinématographiques s'exprime dans un contenu vidéo de très haute qualité, diffusé sur deux plateformes : jeu vidéo et cinéma. »
Jugez-en par vous-même:
Point de vue stratégie d'affaires, maintenant, le défi sera plus corsé : convaincre les autorités de la planète cinéma, incluant Hollywood, que les deux font la paire. Yves Simoneau, le réalisateur du film, et Patrick Désilets, qui a développé le projet chez Ubisoft, ont assisté au lancement du film en Europe et à Los Angeles.
Il paraît que ça a fait réagir bien du monde.
Pour le moment, l'aventure cinématographique d'Ubisoft se limite à un court métrage d'une demi-heure qui sera diffusé gratuitement sur Internet. Certaines chaînes de télé ailleurs dans le monde en ont aussi acheté les droits de diffusion. « Celui-là, c'est un cadeau », résume M. Mallat, ajoutant qu'il y en aura d'autres bientôt.
C'est un enthousiasme et, disons, un niveau de confiance en l'avenir qui détonne, quand on le compare à ce que racontait la semaine dernière Alain Tascan, président d'EA Montréal, et que je vous invite à aller lire ici. EA, qui a encore annoncé des licenciements ces derniers jours, essaie de voir plus petit : petites équipes, petits projets, etc.
C'est tout un contraste. Remarques, un n'empêche pas l'autre : développer petits et grands projets côte à côte n'a rien d'impossible.
Mais si cette opposition peut se transposer en un débat dans le cadre du Salon du jeu, ça devrait être plus qu'intéressant.
