Le mécène de la sécurité et de la vie privée

Publié le 20/04/2013 à 00:00, mis à jour le 16/10/2013 à 11:19

Le mécène de la sécurité et de la vie privée

Publié le 20/04/2013 à 00:00, mis à jour le 16/10/2013 à 11:19

Par Denis Lalonde

Le créateur de Cryptocat, Nadim Kobeissi. (Photo: SidLee)

Chaque fois qu'il traverse la frontière américaine, il est questionné, interrogé ou fouillé par les autorités. Le chef du groupe de pirates informatiques LulzSec, devenu informateur pour le FBI, a même tenté de le piéger en l'invitant à participer à des activités illégales en ligne... Des tracasseries dont tout homme de 22 ans pourrait bien se passer, mais qui ne semblent pas trop toucher Nadim Kobeissi.

Le Montréalais d'adoption était l'invité d'un «5 à 7 Geek» organisé par l'agence Sid Lee le 11 avril pour parler de la conception de son application Cryptocat, qui permet de crypter des conversations sur Internet. Une initiative sans but lucratif.

«Je me soucie de la vie privée, de la sécurité et de la liberté de l'information. Mon objectif avec Cryptocat, c'est que chaque personne puisse avoir des conversations privées en ligne. Actuellement, il est très facile d'intercepter une conversation qui se déroule sur Internet», explique M. Kobeissi, qui a grandi au Liban et est arrivé au Canada à 18 ans.

«Cryptocat est un produit bien sécurisé et je pense qu'on peut avoir confiance en lui. Cependant, les internautes ne devraient jamais se croire à l'abri des autorités ou mettre leur vie en danger en l'utilisant. Ce serait une responsabilité beaucoup trop importante», explique-t-il.

Précieux coups de pouce

M. Kobeissi a amorcé la conception de son application il y a environ deux ans. Il assure que Cryptocat n'a aucun lien avec la révolution du Printemps arabe, qui s'est amorcée en décembre 2010 en Tunisie avant de s'étendre à de nombreux pays d'Afrique du Nord et du Proche-Orient. «Ma petite amie et moi venions de nous séparer, et j'avais besoin de me trouver quelque chose à faire», dit-il.

Il amorce alors la conception de son application, puisque les outils disponibles à ce moment sont, selon lui, très difficiles à utiliser pour le commun des internautes. Il accouche d'un projet qu'il qualifie d'«immature».

Il demande alors à la communauté des «bons hackers» de contribuer au perfectionnement du produit. «J'ai été vraiment chanceux de pouvoir profiter de leur aide. Par la suite, j'ai reçu du financement de l'organisme non gouvernemental Radio Free Asia qui m'a permis de soumettre l'application à deux audits informatiques», raconte-t-il.

Si la première vérification a permis de détecter une dizaine de problèmes, dont deux critiques, Cryptocat a passé son deuxième examen avec un sans-faute, soutient M. Kobeissi.

Pas mal pour un étudiant refusé en sciences informatiques qui terminera sa double majeure en philosophie et en sciences politiques à l'Université Concordia dans quelques semaines.

Le concepteur de Cryptocat ne veut pas s'enrichir avec l'application, car cela impliquerait de collecter des informations à propos des utilisateurs. «Il n'est pas non plus nécessaire de s'enregistrer pour l'utiliser. De cette manière, par exemple, si le Service canadien du renseignement de sécurité (SCRS) me demande des informations à propos des utilisateurs, je ne sais rien, et c'est la vérité», explique-t-il.

L'application, offerte sur les navigateurs Web Chrome, Safari et FireFox, de même que sur la plateforme Mac, compterait environ 50 000 utilisateurs dans le monde.

Sous la loupe des autorités américaines

La conception de Cryptocat lui vaut des interrogatoires en règle presque chaque fois qu'il tente d'entrer aux États-Unis. «Les inquiétudes des douaniers américains ne sont pas fondées, car je n'ai jamais commis d'acte criminel. Ils croient peut-être que l'application est dangereuse, car difficile à déchiffrer. Peut-être que mes origines arabes jouent aussi contre moi. Je ne sais pas trop.»

Ses démêlés avec la justice américaine lui ont valu des articles dans le New York Times et dans la revue Forbes. «Les autorités américaines peuvent embaucher les meilleurs spécialistes en cryptologie. Je ne sais pas trop ce qu'ils me veulent.»

Revenant sur ses «longues conversations» avec le pirate informatique Sabu, alors chef de LulzSec, il affirme avoir été invité de manière très insistante à se joindre au groupe. «Si j'avais accepté, je me serais fait arrêter à mon voyage suivant aux États-Unis. Les autorités auraient alors pu me demander de consentir à leur donner une méthode secrète pour déchiffrer Cryptocat ou m'envoyer en prison», croit-il.

Une fois ses études terminées, Nadim Kobeissi entend demander la résidence permanente au Canada et continuer de faire évoluer Cryptocat, mais aussi développer d'autres applications qui lui permettront de générer des revenus. Déjà, il commercialise son BlueNote, un outil de gestion de notes et de mots de passe s'adressant surtout aux universitaires.

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