Boutiques d'applications mobiles: Apple et Google attaqués sur tous les fronts

Publié le 31/08/2021 à 16:07

Boutiques d'applications mobiles: Apple et Google attaqués sur tous les fronts

Publié le 31/08/2021 à 16:07

Par AFP

Les systèmes d'exploitation iOS d'Apple et Android de Google sont installés sur plus de 95% des cellulaires dans le monde. (123RF)

 

Bras de fer mondial entre Apple et Epic Games ou «loi anti-Google» sud-coréenne, les tentatives se multiplient pour fissurer la position archi-dominante des deux géants de la technologie sur le lucratif marché des applications mobiles. 
 Les systèmes d'exploitation iOS d'Apple et Android de Google sont installés sur plus de 95% des smartphones dans le monde, et chacun des deux groupes contrôle les applications pouvant y être installées avec sa propre boutique en ligne, en encaissant des commissions au passage.  
De quoi alimenter de nombreuses accusations d'abus de position dominante. 
La Corée du Sud, pays de Samsung, est devenue mardi la première grande puissance économique à adopter une législation interdisant à Apple et Google d'imposer leur système de paiement pour acheter des applications. 
Le texte est susceptible de créer un précédent mondial, y compris aux Etats-Unis où un projet de loi avec des dispositions similaires a été déposé mi-août par trois sénateurs, ou au sein de l'Union européenne qui prépare un projet de règlement sur les marchés numériques. 
  
Jugement «capital» attendu en Californie 
Mais la décision la plus attendue sur le sujet est celle du tribunal d'Oakland (Californie), qui doit prochainement trancher le retentissant conflit entre Apple et Epic Games, l'éditeur du jeu Fortnite. 
 «Symboliquement, le jugement des tribunaux californiens (est) capital», analyse pour l'AFP Pierre Zélenko, avocat associé au cabinet Linklaters. «C'est la terre des défendeurs, leur marché domestique» au sein duquel les juges ne sont pas soupçonnés de sanctionner les géants américains de la techno pour des raisons de compétition internationale. 
Epic a également tenu à porter le fer en Australie, auprès de la Commission européenne et de l'Autorité britannique de la concurrence. 
 «Il y a une volonté de leur part de multiplier les fronts, de mettre la pression, pour avoir plus de chances d'avoir une autorité reconnue qui leur donne raison, en espérant un effet domino», estime Pierre Zélenko. 
Selon lui, la Commission européenne est susceptible de sanctionner de l'amende la plus lourde. L'Australie est également à la pointe des questions de concurrence, tandis qu'une condamnation en Grande-Bretagne ouvrirait la voie à d'importants dommages et intérêts. 
Apple fait également l'objet de trois plaintes collectives (deux aux Etats-Unis d'utilisateurs et de développeurs, et une au Royaume-Uni) sur les règles strictes de son App Store, le montant jugé élevé de ses commissions et l'impossibilité de proposer un magasin d'applications alternatif. 
Fin avril, la Commission européenne, gardienne de la concurrence en Europe, avait aussi dénoncé «un abus de position dominante» d'Apple à la suite d'une plainte du leader mondial du streaming musical Spotify: il accusait la marque à la pomme d'utiliser son App Store pour favoriser son propre service Apple Music.  
Enfin, une procédure contre Apple avance doucement en France, où une audience doit avoir lieu le 17 septembre au tribunal de commerce de Paris après une plainte pour «pratiques commerciales abusives» déposée en 2018 par la Direction générale de la concurrence (DGCCRF), rejointe depuis par l'association France Digitale qui représente des start-ups tricolores. 
Sous pression, la marque à la pomme a commencé à infléchir sa position, en octroyant d'abord un taux de commission réduit pour les petits développeurs, puis en annonçant qu'il permettrait aux éditeurs d'orienter leurs utilisateurs vers leur site web pour acheter un abonnement, sans payer de commission. 
  
Risques pour la vie privée ? 
 Pour se défendre, l'entreprise met systématiquement en avant les revenus redistribués aux développeurs et avertit des risques pour la vie privée de ses utilisateurs si elle devait autoriser l'existence d'alternatives à l'App Store, un argument qui selon des experts permet de déplacer le débat loin des questions de concurrence. 
«Apple m'a permis de construire une entreprise, ce dont je leur suis reconnaissant», a témoigné auprès de l'AFP David Barnard, un développeur texan d'applications pour la vie de tous les jours [surveiller la météo, analyser la consommation de carburant...]. 
«Mais cela s'accompagne de contreparties assez considérables, car ils peuvent tout simplement écraser votre entreprise sans préavis. […] Il est temps pour Apple de revoir ses tarifs», a-t-il plaidé. 
De son côté, Google est accusé par 37 Etats américains d'avoir créé un «monopole illégal» dans l'accès aux applications mobile via sa boutique en ligne Play Store. 
Et le groupe est également visé par une plainte collective de consommateurs britanniques. 

 

Bras de fer mondial entre Apple et Epic Games ou «loi anti-Google» sud-coréenne, les tentatives se multiplient pour fissurer la position archi-dominante des deux géants de la technologie sur le lucratif marché des applications mobiles. 

Les systèmes d'exploitation iOS d'Apple et Android de Google sont installés sur plus de 95% des cellulaires dans le monde, et chacun des deux groupes contrôle les applications pouvant y être installées avec sa propre boutique en ligne, en encaissant des commissions au passage.  

De quoi alimenter de nombreuses accusations d'abus de position dominante. 

La Corée du Sud, pays de Samsung, est devenue mardi la première grande puissance économique à adopter une législation interdisant à Apple et Google d'imposer leur système de paiement pour acheter des applications. 

Le texte est susceptible de créer un précédent mondial, y compris aux Etats-Unis où un projet de loi avec des dispositions similaires a été déposé mi-août par trois sénateurs, ou au sein de l'Union européenne qui prépare un projet de règlement sur les marchés numériques. 

 

Jugement «capital» attendu en Californie 

Mais la décision la plus attendue sur le sujet est celle du tribunal d'Oakland (Californie), qui doit prochainement trancher le retentissant conflit entre Apple et Epic Games, l'éditeur du jeu Fortnite. 

«Symboliquement, le jugement des tribunaux californiens (est) capital», analyse pour l'AFP Pierre Zélenko, avocat associé au cabinet Linklaters. «C'est la terre des défendeurs, leur marché domestique» au sein duquel les juges ne sont pas soupçonnés de sanctionner les géants américains de la techno pour des raisons de compétition internationale.

Epic a également tenu à porter le fer en Australie, auprès de la Commission européenne et de l'Autorité britannique de la concurrence. 

«Il y a une volonté de leur part de multiplier les fronts, de mettre la pression, pour avoir plus de chances d'avoir une autorité reconnue qui leur donne raison, en espérant un effet domino», estime Pierre Zélenko.

Selon lui, la Commission européenne est susceptible de sanctionner de l'amende la plus lourde. L'Australie est également à la pointe des questions de concurrence, tandis qu'une condamnation en Grande-Bretagne ouvrirait la voie à d'importants dommages et intérêts.

Apple fait également l'objet de trois plaintes collectives (deux aux Etats-Unis d'utilisateurs et de développeurs, et une au Royaume-Uni) sur les règles strictes de son App Store, le montant jugé élevé de ses commissions et l'impossibilité de proposer un magasin d'applications alternatif.

Fin avril, la Commission européenne, gardienne de la concurrence en Europe, avait aussi dénoncé «un abus de position dominante» d'Apple à la suite d'une plainte du leader mondial du streaming musical Spotify: il accusait la marque à la pomme d'utiliser son App Store pour favoriser son propre service Apple Music.  

Enfin, une procédure contre Apple avance doucement en France, où une audience doit avoir lieu le 17 septembre au tribunal de commerce de Paris après une plainte pour «pratiques commerciales abusives» déposée en 2018 par la Direction générale de la concurrence (DGCCRF), rejointe depuis par l'association France Digitale qui représente des start-ups tricolores.

Sous pression, la marque à la pomme a commencé à infléchir sa position, en octroyant d'abord un taux de commission réduit pour les petits développeurs, puis en annonçant qu'il permettrait aux éditeurs d'orienter leurs utilisateurs vers leur site web pour acheter un abonnement, sans payer de commission. 

 

Risques pour la vie privée ? 

Pour se défendre, l'entreprise met systématiquement en avant les revenus redistribués aux développeurs et avertit des risques pour la vie privée de ses utilisateurs si elle devait autoriser l'existence d'alternatives à l'App Store, un argument qui selon des experts permet de déplacer le débat loin des questions de concurrence.

«Apple m'a permis de construire une entreprise, ce dont je leur suis reconnaissant», a témoigné auprès de l'AFP David Barnard, un développeur texan d'applications pour la vie de tous les jours [surveiller la météo, analyser la consommation de carburant...]. 

«Mais cela s'accompagne de contreparties assez considérables, car ils peuvent tout simplement écraser votre entreprise sans préavis. […] Il est temps pour Apple de revoir ses tarifs», a-t-il plaidé. 

De son côté, Google est accusé par 37 Etats américains d'avoir créé un «monopole illégal» dans l'accès aux applications mobile via sa boutique en ligne Play Store. 

Et le groupe est également visé par une plainte collective de consommateurs britanniques. 

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