Une entreprise de la Silicon Valley appelée Cloudflare est accusée par Anonymous de fournir ses services aux sites terroristes de l'État Islamique. Le pdg a réagi.
Nous vous avions déjà parlé du service Cloudflare il y a quelques mois dans les 10 choses à savoir. Valorisée à plus d'un milliard $US, cette société de la Silicon Valley offre un service de diffusion de contenus (CDN), autrement dit elle prétend optimiser l'accessibilité, la rapidité et la sécurité de ses sites-clients. Et elle en a beaucoup.
L'entreprise est de nouveau sous les feux de l'actualité, mais cette fois-ci pour une raison beaucoup moins glorieuse: selon Ghost Security, une branche du collectif Anonymous, elle compterait des sites de l'État Islamique parmi cette longue liste de clients.
Anti-Terrorist Hacker Group #GhostSec Reveals 40 ISIS Websites Protected by US Tech Firm https://t.co/UC0tNrFY2j via @epochtimes
— WauchulaGhost (@WauchulaGhost) 6 Novembre 2015
Pas nouveau
Cette accusation n'est pas nouvelle. En avril 2015 déjà, le collectif de pirates avait publié une liste des entreprises apportant une aide indirecte aux terroristes en laissant n'importe qui utiliser leurs services. Parmi elles, Yahoo UK et Cloudflare. La polémique s'était progressivement éteinte d'elle-même, mais les attentats qui ont ensanglanté Paris l'ont relancée. Internet étant le canal de recrutement privilégié par ces terroristes, les regards se sont de nouveau tournés vers ces tierce parties et leurs services.
Once again, @CloudFlare have been found to be providing services to pro-#IslamicState websites. Shameful. #OpISIS #Daesh #Anonymous
— Anonymous (@GroupAnon) 16 Novembre 2015
Il faut dire que la technologie de Cloudflare est particulièrement efficace pour contrer les cyberattaques de type DDoS, ou de déni de service (requêtes multiples sur le site pour l'engorger, "faire tomber" ses serveurs et le rendre inopérant). Or, il s'agit là du modus-operandi favori des hackers d'Anonymous. Des services comme Cloudflare les empêchent donc de mener la vendetta qu'ils ont promise à l'État Islamique.
Interviewé par Epoch Times, Ghost Security révèle qu'il y aurait ainsi une quarantaine de sites affiliés à l'État Islamique qui seraient protégés par Cloudflare. 34 sont des sites de propagande, 4 sont des forums, et 2 offrent des services techniques révèle le journal. «Une fois "cachés", ces sites sont beaucoup plus difficiles à atteindre, pas seulement pour nous, mais aussi pour notre gouvernement» a déclaré "WauchulaGhost", le directeur des cyberopérations de Ghost Security.
La parole est à la défense
Face à ces accusations, le pdg de Cloudflare n'a cette fois pas eu d'autres choix que de réagir. Et il a choisi de passer à l'offensive: «J'ai vu sur Twitter que les membres d'Anonymous étaient furieux contre nous, a déclaré Matthew Prince au Register. Pour être honnête, c'est difficile à prendre au sérieux. Nous comptons Anonymous parmi les utilisateurs de nos services, et pourtant nous recevons des pressions de toutes parts pour faire fermer leurs sites.»
Des accusations auxquelles des membres d'Anonymous ont choisi de répondre sur Twitter, mais sans apporter plus de détails:
We don't use @CloudFlare, and we encourage others not to either. https://t.co/pdhNZifiug #Anonymous #OpISIS
— Anonymous (@GroupAnon) 18 Novembre 2015
Il a ajouté, comme pour enfoncer le clou: «Et même si nous hébergions des sites appartenant à l'État Islamique, ils ne nous seraient d'aucune utilité... J'imagine que ce genre de personnes doivent nous payer avec des cartes de crédit volées, donc ça ne nous rapporte rien.»
Dans une autre interview donnée à l'International Business Times en avril 2015, et reprise hier par Business Insider, il a eu ces propos qui pourraient faire office de conclusion: «Certains individus ont décidé qu'il y a du contenu avec lequel ils ne sont pas d'accord. Mais la meilleure manière de procéder c'est encore de suivre les règles et d'intenter des poursuites légales. Il n'y a aucune société sur cette planète qui tolère les lois de la foule, parce que la foule est changeante.»
Chacun jugera.