Capital de risque: le pire n'est pas survenu en 2023

Publié le 28/05/2024 à 07:00

Capital de risque: le pire n'est pas survenu en 2023

Publié le 28/05/2024 à 07:00

Par Emmanuel Martinez

Le Québec a accueilli le cinquième des investissements en capital de risque au Canada en 2023, ce qui correspond exactement à sa taille dans l’économie canadienne. C’est loin derrière l’Ontario qui a eu droit à 48% des investissements alors que son économie constitue 38% du PIB canadien. (Photo: Piggybank pour Unsplash.com)

Les investissements en capital de risque ont diminué de 34% par rapport à 2022, mais malgré cette deuxième baisse annuelle depuis le sommet de 2021, le pire a été évité selon BDC Capital.

Les taux d’intérêt élevés et l’incertitude ont nui au déploiement de capitaux pour les jeunes pousses du pays en 2023, explique la division d’investissement de la Banque de développement du Canada dans le rapport annuel sur la situation du capital de risque au Canada publié mardi matin.

Au total, 6,9 milliards de dollars (G$) au Canada ont été investis l’an dernier dans un contexte où les évaluations des entreprises et le nombre de transactions sont à la baisse.

«On ne sait pas encore si la trajectoire continuera à chuter. Alors que le secteur se débat pour s’adapter aux diverses forces du marché, la question demeure: le marché est-il revenu à une position viable?», peut-on lire dans le document.

L’organisation fédérale estime cependant que 2023 reste une bonne année, selon des perspectives qui ne sont pas déformées par les années fastes de la pandémie lorsque les taux d’intérêt étaient au plancher.

«En 2023, les investissements en capital de risque au Canada ont augmenté de 64% par rapport à la moyenne de 4,2G$ enregistrée entre 2015 et 2019, mentionne l’étude. Pendant ce temps, à l’échelle mondiale, les investissements en capital de risque n’ont augmenté que de 15% pendant la même période.»

Les investissements en capital de risque représentaient 0,36% du PIB canadien l’an dernier, le troisième taux le plus élevé depuis dix ans, derrière 2022 et 2021. C’est au milieu de peloton des pays de l’OCDE, derrière les États-Unis (0,76%), mais devant la France (0,33%). Sur 12 mois, le marché canadien a connu une baisse plus lente des investissements en capital de risque que la moyenne mondiale. 

«De plus, le nombre de transactions effectuées l’an dernier (660) est de 25% supérieur au nombre moyen (sur cinq ans) des transactions effectuées entre 2015 et 2019», affirme BDC Capital.

Le secteur des technologies de l’information et des communications attire encore un fois la majorité (58%) des investissements en capital de risque en 2023, mais cette proportion régresse au profit des secteurs des sciences de la vie (16%) ainsi que de l’énergie et des technologies propres (20%). À noter que les investissements en sciences de la vie sont particulièrement importants au Québec, puisqu’ils représentent 27% du total dans la province, de loin le pourcentage le plus élevé au pays.

Le Québec a accueilli le cinquième des investissements en capital de risque au Canada en 2023, ce qui correspond exactement à sa taille dans l’économie canadienne. C’est loin derrière l’Ontario qui a eu droit à 48% des investissements alors que son économie constitue 38% du PIB canadien.

 

Rendement dans le rouge

Le rendement sur un an a été négatif en 2023, à -11,2%, en raison surtout

de la correction des évaluations par rapport à l’exubérance de 2021. Ce phénomène est similaire à ce qui est survenu dans d’autres pays comme au sud de la frontière, note le rapport. Le taux de rendement interne (TRI) sur 10 ans du capital de risque au Canada a baissé pour s’établir 11,7 %. Il est de 11,5% sur cinq ans.

«La capacité de financement future reposera, notamment, sur d’autres corrections éventuelles des évaluations et sur la capacité du secteur à maintenir des taux de rendement interne (TRI) nets supérieurs à 10%», précise le document.

Une baisse en deçà de la barre du 10% de rendement engendrerait probablement une réaffectation des ressources des investisseurs institutionnels vers d’autres catégories d’actifs, ce qui nuirait à l’écosystème du capital de risque.

Néanmoins, BDC Capital croit que le Canada demeure attrayant, puisque pour une deuxième année consécutive, plus de la moitié des transactions de capital de risque comprenaient une participation étrangère, malgré les turbulences économiques.

Il y a environ 10,4G$ en capital de risque disponible pour investissement au pays, estime BDC Capital. L’organisation souligne qu’avec un montant record de 421G$ disponible aux États-Unis, le Canada pourrait aussi s’attendre à davantage de sous provenant de nos voisins qui investissent historiquement environ 2% de leurs fonds ici.

Il y a donc de l’argent dans les coffres et avec la baisse attendue des taux d’intérêt, les activités de capital de risque devraient se stabiliser au cours de prochaines années.

 

 

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