La leader des finances

Publié le 06/05/2010 à 15:52

La leader des finances

Publié le 06/05/2010 à 15:52

Une femme qui veut réussir en affaires doit apprendre rapidement, prendre des risques et considérer la défaite comme passagère, selon Edmée Métivier.


Vice-présidente exécutive, financement et consultation, à la Banque de développement du Canada (BDC), Edmée Métivier a une feuille de route brillante dans le monde de la finance canadienne.

Sous la direction de Mme Métivier, l'équipe des services de financement de BDC a battu des records historiques en ce qui a trait aux prêts consentis aux entrepreneurs canadiens. Au 31 décembre 2009, le montant des prêts acceptés par les clients de BDC s'élevait à 3,4 milliards de dollars, une hausse de 51 % par rapport à la même période l'an passé. La Banque aura livré, durant son année financière 2009-2010, quelque 4,4 milliards de dollars en prêts aux PME. En 65 ans d'histoire, la BDC n'aura jamais consenti autant de prêts aux entrepreneurs au cours d'une année.

Ce leadership dont a fait preuve cette femme d'action lui a récemment valu le prix «Leadership», décerné par l'Association des femmes en finance du Québec. Regroupant près de 350 femmes issues du milieu de la finance au Québec, la mission de l'Association est de contribuer à l'avancement professionnel des femmes et de faire valoir leur rôle stratégique dans le développement économique de la société québécoise et au-delà de ses frontières.

Urgence leadership : L'Association des femmes en finance du Québec (AFFQ) vous a décerné son prix «Leadership» lors de son Gala annuel du 15 avril dernier. Comment recevez-vous cet honneur?

Edmée Métivier : Je suis très honorée! Ce que je trouve absolument fantastique de ce prix est le fait que ce sont mes pairs dans le marché qui m'ont accordé cette reconnaissance et je leur en suis très reconnaissante. Je suis dans le domaine comme banquier d'affaires depuis 30 ans, alors lorsqu'on a passé beaucoup de temps dans un domaine, il est toujours agréable d'avoir la reconnaissance des gens qui travaillent avec nous et pas nécessairement dans la même organisation. La majorité des juges pour ce prix venaient d'autres organisations financières. On peut avoir la reconnaissance de son équipe, de son patron, de son conseil d'administration, mais celle des pairs est toujours beaucoup plus difficile à obtenir. C'est donc une marque qui a une valeur très importante à mes yeux.

UL : Comment décrivez-vous votre style de leadership ?

EM : Pour avoir du succès comme leader, il faut être capable d'aider, de supporter les membres de son équipe à bien réussir dans ce qu'ils font, à développer leurs compétences, à se dépasser et les amener à travailler en équipe. Je suis une personne qui travaille par l'entremise des gens qui sont autour de moi. C'est un leadership d'équipe dans le fond. Et amener des gens qui sont parfois disparates à travailler ensemble est l'un de mes talents particuliers.

Et si jamais on s'aperçoit par exemple qu'un des membres de l'équipe n'est peut-être pas à la hauteur, il faut être capable de prendre des décisions, même si elles ne sont pas nécessairement faciles. Et il faut le faire plus tôt que plus tard, parce qu'autrement, on met en danger le succès de toute l'équipe.

UL : Comment décrivez-vous la place des femmes dans le domaine de la finance?

EM : Lorsque j'ai commencé mon métier comme directeur de comptes en financement d'entreprise dans les années 1978, j'étais la seule femme directeur de compte au Québec! Cela vous donne une appréciation! Quand je regarde ce qui s'est passé depuis, il y a eu beaucoup de progrès. Est-ce qu'on est à parité? Non. Je pense entre autres que les femmes ont beaucoup à apporter dans des postes qui commencent par C, les postes de CEO, de COO, de CFO, et dans les conseils d'administration. On n'a pas encore atteint notre pleine capacité et notre pleine parité dans ces rôles.

UL : En quoi pensez-vous qu'une plus grande proportion de femmes dans les postes de C-level ou dans les CA ferait une différence?

EM : Peu importe les équipes, que ce soit des équipes de travail ou un conseil d'administration, la diversité de points de vue et de la réflexion est importante. Et la diversité se trouve dans des gens qui ont des profils sensiblement différents.

Quand je regarde les CA où on a presque la parité hommes-femmes, je trouve que ce sont des CA bien équilibrés, qui apportent des points de vue différents et c'est ce qu'un CA devrait ultimement rechercher. Il y a  plusieurs versions de la vérité et ce qui est important dans les discussions, c'est d'être capable de bien comprendre toutes ces versions.

UL : Pensez-vous qu'il y a des différences dans la façon dont les hommes et les femmes exercent leur leadership?

EM : Nous, les femmes, avons beaucoup de choses en commun avec les hommes. Par exemple, on a autant de capacité intellectuelle, de compétences techniques, de compétences en leadership qu'un homme. Mais les femmes font leur processus d'introspection différemment des hommes. Les femmes vont prendre un peu plus de temps pour réfléchir sur certaines choses, qu'elles aiment ou pas. Le processus d'introspection de certaines femmes les amène parfois à se sentir coupables plus longtemps peut-être qu'un homme. D'un autre côté, cela nous amène une certaine forme d'intuition et une capacité de regarder le futur d'une façon différente, ce qui a toujours été une force importante dans ce que j'ai fait dans les dernières années.

UL : Ces différences ne sont-elles pas complémentaires?

EM : À mon avis oui, parce que c'est la complémentarité que l'on recherche dans la diversité. Les gens arrivent sur un CA ou dans une équipe avec leurs forces et leurs faiblesses. Évidemment, ce sont les forces des gens que l'on recherche et qui font la force d'un CA ou d'une équipe.

UL : Vous êtes membre du conseil consultatif de la Faculté de gestion Desautels de l'Université McGill, du conseil consultatif de l'Institut exécutif international de cette même institution ainsi que du conseil d'administration de la Fondation Canadienne des jeunes entrepreneurs. Ces implications sont-elles importantes pour vous?

EM : Les jeunes m'ont toujours attirée parce que j'ai deux filles, qui sont maintenant de jeunes adultes. Et l'éducation m'a toujours fascinée. Je trouve le milieu académique à la fois stimulant et un peu conservateur, ce qui me fascine. J'ai beaucoup d'affinités avec McGill, car j'ai fait ma maîtrise par l'entremise de McGill. Je suis convaincue que la compétitivité canadienne commence par son système d'éducation. Il est important pour moi de m'assurer que nos universités canadiennes essaient de demeurer les plus compétitives qu'elles le peuvent. Les jeunes, c'est le futur du Canada.

Et ma participation avec la Fondation, c'est tout simplement une extension de ce que je fais à la BDC, au sens où on supporte de jeunes entrepreneurs qui veulent partir leur propre compagnie.

Je suis à une période de ma vie où c'est important pour moi de redonner à la communauté. Alors, mon implication dans les CA sur lesquels j'ai siégé au cours des 10 dernières années a toujours été un peu un retour de l'investissement qui a été fait en moi, par la communauté en général. C'est un retour à la communauté.

UL : Vous avez ce désir de redonner. Est-ce que ces implications vous aident à devenir une meilleure leader ?

EM : La réponse est oui, bien sûr! Je côtoie des gens absolument fascinants et c'est la façon de me garder un peu à jour. Par exemple, je trouve fascinant de côtoyer des professeurs de l'Université McGill, d'écouter ce qu'ils ont à dire. Ils ont un point de vue complètement différent, ce qui m'amène une perspective différente. Idem des gens du milieu des affaires qui siègent sur le CA de la Fondation avec moi. On se rejoint pour une cause commune, mais on échange sur les enjeux canadiens, sur notre perception de l'économie canadienne. Une des façons importantes d'apprendre pour moi, c'est l'échange avec mes pairs sur le marché.

UL : Comment arrivez-vous à trouver un équilibre entre votre carrière, vos engagements et votre vie personnelle?

EM : Une bonne dose d'humour pour commencer! Et ensuite, c'est d'avoir une organisation de travail, une organisation autour de nous qui nous supporte bien. Dans mon cas, je suis privilégiée parce que j'ai un conjoint extraordinaire depuis plus de 25 ans qui me supporte et me ramène sur terre! Alors si je suis pas trop souvent à la maison, il va me rappeler à l'occasion qu'il faudrait peut-être que j'y passe un peu plus de temps.

Je pense qu'il faut vraiment conserver une balance entre le travail et la vie familiale. Évidemment, ce n'est pas 50/50. Dans mon cas, c'est beaucoup moins que cela. Par contre, j'ai dû mettre de côté certaines choses pour m'assurer d'avoir une vie familiale équilibrée. Par exemple, je passe peut-être un peu moins de temps que je le souhaiterais à m'assurer que mon réseautage est fait d'une façon absolument impeccable.

UL : Quel est le message que vous aimeriez lancer aux femmes en affaires?

EM : Une femme qui veut réussir dans le milieu des affaires doit apprendre rapidement. Et on apprend en observant, en écoutant et en posant des questions. Deuxièmement, il faut être capable de prendre des risques... personnellement. Dans ma carrière, j'ai changé de rôle tous les 18 mois. C'est essoufflant, mais il faut être capable de prendre ce genre de risques. Un dernier point: la défaite doit être passagère. Je peux avoir le moral à terre pendant 24 heures, mais le lendemain je suis prête à l'attaque. Je vois toujours des opportunités dans ces moments et c'est ce qui est important.

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