" Les grandes entreprises n'ont pas l'habitude de bouger vite "

Publié le 09/10/2010 à 00:00, mis à jour le 14/10/2010 à 09:44

" Les grandes entreprises n'ont pas l'habitude de bouger vite "

Publié le 09/10/2010 à 00:00, mis à jour le 14/10/2010 à 09:44

Par Suzanne Dansereau

Jim Carroll parle à une vitesse folle. Comme s'il y avait urgence. C'est que, pour ce conférencier canadien expert en innovation et en transformation d'entreprise, il y a vraiment urgence. Les industries doivent se transformer, et vite, si elles veulent survivre aux changements technologiques actuels. Tous les secteurs sont concernés, que ce soit la finance, le commerce de détail, la santé ou les médias, dit-il. Nous l'avons rencontré à Montréal, où il s'adressait aux dirigeants du groupe Transcontinental [éditeur du journal Les Affaires].

Les Affaires - Pourquoi mettez-vous l'accent sur la rapidité en entreprise ?

Jim Carroll - Parce que les technologies, à l'heure actuelle, changent " plus vite que vite ", pour paraphraser le président de Best Buy. Les entreprises ne peuvent pas limiter la vitesse du changement : c'est Steve Jobs qui le fait ! Mais elles peuvent suivre le rythme en se transformant constamment. Or, elles ne le font pas. Regardons les banques : bientôt, les cartes de crédit n'existeront plus. On effectuera nos transactions à l'aide de notre téléphone portable. Les Africains le font déjà. Prenons un autre secteur : l'édition. Cela m'a coûté seulement 120 $ pour qu'un technicien basé en Inde mette mon dernier livre sur iTunes. Aujourd'hui, on risque de disparaître si on ne bouge pas rapidement. Avant, on joignait le consommateur là où on croyait qu'il était. Aujourd'hui, il faut le joindre là où il se trouve.

L.A. - Vous affirmez que l'innovation, c'est pour tout le monde. Que voulez-vous dire ?

J.C. - Plusieurs personnes pensent que l'innovation consiste à créer de nouveaux produits bien dessinés qui vont changer le monde. Mais l'innovation, c'est aussi une question de processus. Toutes les industries et tous les employés au sein d'une entreprise doivent innover. Il faut que chacun se demande : comment puis-je mieux faire ce que je dois faire ? Comment puis-je faire croître le segment dans lequel je me trouve ? Comment puis-je le transformer ? Les meilleurs innovateurs sont constamment à l'affût des occasions de croissance dans tout ce qu'ils font. Ils sont agiles. Leur réussite réside dans leur capacité de réagir rapidement aux nouveaux produits, aux nouveaux modèles d'entreprise, aux tendances économiques, aux repositionnements de leurs concurrents, ainsi qu'aux tendances qui influeront le comportement de leurs clients.

L.A - Bouger vite, mais comment ?

J.C. - Toujours avoir de nouveaux produits en réserve pour remplacer les anciens. Penser à long terme. On a tendance à surestimer ce qui se passera dans deux ans et à sous-estimer ce qui se produira dans 10 ans. Bouger vite consiste aussi à conclure rapidement des partenariats ou à faire des acquisitions plutôt que d'attendre que les ressources soient établies à l'interne. Et bien sûr, on doit former ses employés, leur faire vivre de nouvelles expériences. Car, ce qui distingue un leader, c'est le " capital expérientiel " qu'il s'est bâti. Je m'explique : plus vous faites l'expérience de nouveautés, bonnes ou mauvaises, plus vous serez aptes à innover. Visez haut, commencez modestement, et soyez rapide lorsque vient le temps de passer à la vitesse supérieure.

L.A. - Quels sont les obstacles liés à ces transformations ?

J.C. - La sclérose organisationnelle. Les grandes entreprises n'ont pas l'habitude de réagir rapidement. Elles se disent : ce n'est pas comme cela qu'on procède, et elles se braquent. D'autres considèrent que ces transformations ne réussiront pas, que ce n'est pas leur juridiction, que le patron dira non. C'est une culture à changer, il faut inculquer un sentiment d'urgence. La démographie n'aide pas. C'est pourquoi il faut bâtir des ponts avec la relève. La moitié de la population de la planète a moins de 25 ans.

L.A. - Les conseils d'administration sont souvent des otages de la culture du résultat à court terme. Comment opérer ce changement de mentalité ?

J.C. - Les CA vont changer. Ils n'auront plus le choix.

À la une

Bourse: records en clôture pour Nasdaq et S&P 500, Nvidia première capitalisation mondiale

Mis à jour le 18/06/2024 | lesaffaires.com, AFP et Presse canadienne

REVUE DES MARCHÉS. Les titres de l’énergie contribuent à faire grimper le TSX.

Stellantis rappelle près de 1,2 million de véhicules aux États-Unis et au Canada

Environ 126 500 véhicules au Canada sont concernés par le rappel.

Le régulateur bancaire fédéral maintient la réserve de stabilité intérieure à 3,5%

L’endettement des ménages reste une préoccupation pour le Bureau du surintendant des institutions financières.