La disparition de métiers est une partie intégrante du cycle normal du marché du travail, dit Mircea Vultur, professeur à l'INRS et responsable de l'Observatoire Jeunes et sociétés.
La désertion de certaines techniques par les jeunes ne le surprend pas. " Certains métiers tomberont en désuétude par manque d'intérêt. Bon an mal an, 10 % disparaissent et 10 % apparaissent. "
M. Vultur comprend fort bien que certaines formations soient boudées des jeunes. " Ils perçoivent que cette formation ne sera pas durable, ni adaptée aux changements. Les taux de placement de 100 % ne les convainquent pas. Ils craignent de stagner à cause d'une formation qui deviendra désuète. Ils ont raison de penser ainsi. Le marché évolue rapidement et on demande à la main-d'oeuvre de plus en plus de polyvalence. "
Par ailleurs, plus que leurs aînés, les jeunes aiment le changement, ce qu'une formation technique ne leur apporte pas toujours.
" Le marché du travail et la formation professionnelle finissent par s'ajuster, croit pour sa part l'économiste André Grenier, coordonnateur de l'équipe d'analyse du marché du travail à Emploi-Québec. En bas de 5 % de chômage, certains organismes, dont la Commission de la construction du Québec, parlent de rareté de la main-d'oeuvre. "
Dans le secteur de la santé et des services sociaux, ce taux n'est que de 2 %. On parle alors d'une pénurie sévère.
Le taux de chômage du secteur de la santé et des services sociaux est de 2 %, on parle alors de pénurie sévère. Ces périodes de pénurie, poursuit M. Grenier, sont l'occasion de reconsidérer des pans entiers de la population : retraités, handicapés, immigrants... " Le marché tend à se rééquilibrer, et cela vaut aussi lorsqu'il y a surplus de main-d'oeuvre. "
Par ailleurs, il faut accroître la productivité du travail si l'on veut pallier la pénurie appréhendée au cours des prochaines années. " Pouvez-vous croire qu'en 2010, il y a encore des employés d'Hydro-Québec qui vont de maison en maison pour faire le relevé des compteurs électriques alors que la technologie permet de faire autrement. On pourrait faire des gains de 3,5 % simplement en informatisant le système... Pour moi, la productivité est plus déterminante que l'emploi ", ajoute M. Grenier.