Attraction de talents: comment Montréal doit se positionner

Offert par Les Affaires


Édition du 06 Octobre 2018

Attraction de talents: comment Montréal doit se positionner

Offert par Les Affaires


Édition du 06 Octobre 2018

Par Damien Silès

[Photo: 123RF]

Courrier des lecteurs — À l'heure d'un nouveau cycle politique à l'échelle provinciale, je joins ma voix aux nombreux acteurs socioéconomiques et politiques qui sonnent l'alarme quant aux besoins criants actuels et futurs en main-d'oeuvre dans l'ensemble de l'économie.

Former, attirer, développer et retenir les talents en nombre et en qualité doit être au coeur des stratégies économiques pour assurer le plein potentiel de croissance du PIB. Quelque 100 000 postes sont actuellement à pourvoir au Québec et plus d'un million le seront d'ici 2024.

Afin de répondre à la pénurie déjà amorcée, plusieurs mesures seront nécessaires en éducation, en employabilité, en formation continue et en intégration de la diversité. Certes, il faut augmenter le taux de diplomation aux études supérieures dans les secteurs clés. Toutefois, je souhaite ici mettre l'accent sur deux éléments qui permettront de répondre au défi du talent, c'est-à-dire l'émergence de modèles innovants de formation hors du cadre éducatif formel, ainsi que la nécessité des politiques publiques et du milieu des affaires d'être socialement responsables, inclusifs et durables.

Pour faire face aux rapides changements technologiques, structurels et démographiques, de nouvelles formations académiques, extrascolaires, professionnelles et continues devront permettre de développer les talents et les compétences essentielles du 21e siècle.

Plusieurs initiatives voient le jour et contribuent à renforcer le capital créatif de notre métropole. C'est le cas de la Factry, l'école des sciences de la créativité, qui offre une gamme de formations pour la relève et les professionnels de tous les domaines. De plus, les universités visent à offrir davantage de formations expérientielles qui permettent aux étudiants d'explorer des milieux de pratique et de s'engager dans la collectivité, telles que le programme CHNGR en innovation sociale de l'Université Concordia, les stages obligatoires coopératifs rémunérés au premier cycle à l'École de technologie supérieure (ÉTS) ainsi que les expériences d'études et de stages à l'international dans tous les domaines.

Des pistes de solution à l'université

Les collaborations université-milieu pour répondre rapidement à des besoins de main-d'oeuvre sont également des pistes d'action intéressantes. À titre d'exemple, La Tablée des Chefs a créé, en collaboration avec une équipe de chercheurs multidisciplinaires de l'Université McGill, un programme de formation pour décrocheurs adapté à leur réalité et aux besoins dans le secteur de la restauration.

Aussi, le passage des futurs entrepreneurs et leur équipe en incubateurs et accélérateurs universitaires ou indépendants donne accès à des formations adaptées à leurs besoins. Soulignons également la plateforme d'innovation ouverte Communautique, les Fab Lab et les bibliothèques publiques qui favorisent l'apprentissage des technologies auprès de différentes populations et le mouvement des biens communs.

Placer la responsabilité sociale au coeur des activités des entreprises permet non seulement à celles-ci d'être de meilleures citoyennes, mais aussi d'être plus attractives pour la relève. Je crois que pour attirer et retenir cette relève alors que nous vivons une situation de pénurie de main-d'oeuvre, il sera crucial pour les dirigeants de faire en sorte que les valeurs de leur entreprise et du milieu de travail soient en adéquation avec celles de leurs employés. Ceux-ci souhaiteront davantage d'équité, de responsabilité sociale, de respect de l'environnement et de transparence, en plus de bonnes conditions de travail, d'occasions de développement professionnel et d'un meilleur aménagement travail-vie privée.

D'ailleurs, dans le secteur de l'intelligence artificielle, Montréal compte se démarquer des autres pôles internationaux par le développement de la recherche et des pratiques en éthique.

Notamment, l'Université de Montréal est l'instigatrice de la Déclaration de Montréal pour un développement éthique de l'intelligence artificielle, et HumanIA de l'UQAM développe des études et des recherches humanistes multidisciplinaires sur l'intelligence artificielle. Pour une relève en quête d'humanisme et de sens dans un monde en pleine transformation technologique, ce type d'initiatives jumelées à d'autres facteurs, tels que la densité des savoirs et la qualité de vie, contribuent à rendre notre métropole plus attractive pour les talents d'ici et d'ailleurs.

Avec ses 10 grappes industrielles, son vaste réseau d'enseignement supérieur et de recherche ainsi que son écosystème entrepreneurial bouillonnant, notre métropole regorge de talent, de créativité et de savoir. Ensemble, pour que Montréal se démarque dans la course mondiale effrénée de l'attraction des talents, multiplions les échanges et les collaborations entre les milieux entrepreneurial, académique et citoyen pour développer les talents.

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