Toufic Abiad court les hôpitaux, du Québec au Texas


Édition du 25 Janvier 2014

Toufic Abiad court les hôpitaux, du Québec au Texas


Édition du 25 Janvier 2014

«Je pense depuis toujours que des employés heureux et motivés, c'est rentable !» - Toufic Abiad a travaillé chez SDI Worldwide. Photo: Jérôme Lavallée

Voici une histoire d'entrepreneuriat peu commune. Celle d'un jeune entrepreneur, aujourd'hui fournisseur du CUSM et du CHUM, qui a acheté son premier employeur... au comptant !

Quand il était enfant, Toufic Abiad avait deux grandes peurs : l'avion et les hôpitaux. Aujourd'hui, le jeune homme parcourt l'Amérique en avion pour visiter des hôpitaux !

Sa PME, SDI Worldwide, fabrique des cages de Faraday. Nous l'avons rencontré sur le chantier de construction du Centre universitaire de santé McGill (CUSM), campus Glen, escorté tout au long de notre visite par trois employés de SNC-Lavalin. «Nos sous-traitants ne sont pas autorisés à parler aux médias ; vous avez eu une permission spéciale», nous a précisé la responsable des communications.

Bon, mais c'est quoi une cage de Faraday ? C'est une boîte blindée, grande comme une pièce (d'environ 650 à 850 pi2), qui a été inventée au 19e siècle par Michael Faraday, un physicien et chimiste britannique, pour protéger certains appareils contre les nuisances électriques.

Les cages de SDI abritent des appareils d'imagerie par résonance magnétique (IRM). D'une part, pour les protéger des ondes radio, qui pourraient réduire la qualité des images produites. D'autre part, les appareils d'IRM agissant comme d'énormes aimants, il faut les isoler, sinon tous les objets métalliques situés à proximité seraient irrésistiblement attirés par l'appareil. Le blindage de ces cages est surtout composé de cuivre.

SDI fabriquera deux des six cages de Faraday du CUSM : oncologie et peropératoire (salle d'IRM reliée directement à une salle d'opération); elle en livrera sept au CHUM (Centre hospitalier de l'Université de Montréal) et trois à Sainte-Justine. Toutefois, le principal marché de SDI n'est pas celui des hôpitaux neufs, mais le remplacement des cages de Faraday dans les hôpitaux existants pour les adapter aux nouveaux appareils d'IRM, toujours plus puissants, et dont la durée de vie est de 7 à 10 ans. Une cage «toute nue» coûte environ 100 000 $ ; le modèle clés en main (avec filage, connexions, finition, etc.), de 1 à 1,5 million de dollars.

La tortue a devancé le lièvre

Toufic Abiad a travaillé chez SDI, une société américaine, pendant ses études à HEC Montréal. «À la fin de mes études, j'ai demandé au propriétaire américain s'il voulait que je m'occupe de son développement au Canada», raconte l'entrepreneur de 34 ans. C'est ainsi qu'est née SDI Canada, en 2003.

Après trois mois, le jeune homme décroche un premier contrat dans un hôpital de London, en Ontario. Avec un produit aussi spécialisé sur un territoire aussi vaste, M. Abiad ne veut pas monter une grosse équipe et la déplacer au gré des contrats. «Je travaille avec des sous-traitants locaux, des installateurs de structures d'acier et de systèmes intérieurs ; c'est beaucoup moins coûteux et plus efficace.» Même si SDI possède une usine à Montréal, qui emploie six personnes, M. Abiad travaille encore à la maison le plus clair de son temps.

Aux États-Unis, SDI fabrique une ou deux cages de Faraday «toutes nues» par semaine. Au Canada, les clients exigent un service plus complet. «Les clients de SDI USA ont commencé à faire des pressions pour avoir le même service qu'au Canada», raconte M. Abiad. De plus, les employés de SDI USA ont eux aussi commencé à faire des pressions pour avoir la même flexibilité qu'au Canada ; M. Abiad est un inconditionnel du télétravail.

Ce qui devait arriver arriva : le propriétaire américain a cédé sous la pression. Et en juillet, il a vendu sa PME à... M. Abiad. Les deux entités ont été regroupées sous SDI Worldwide, qui compte maintenant 23 employés à Houston, au Texas.

«J'ai une approche très axée sur le bien-être des employés, affirme M. Abiad. Comme je trouvais qu'ils étaient mal payés aux États-Unis, j'ai augmenté leur salaire de 10 % en moyenne après l'acquisition. Et j'ai réinstauré le système de commissions pour les deux vendeurs à Houston. Mes ventes ont doublé aux États-Unis en six mois. Je pense depuis toujours que des employés heureux et motivés, c'est rentable !»

Détail étonnant, cette acquisition de sa soeur américaine, fondée il y a 25 ans, s'est faite au comptant, M. Abiad étant allergique au financement. «Quand vous empruntez, vous devez faire des prévisions. Et si vos prévisions ne se réalisent pas, vous avez un problème. Je préfère travailler dans le concret.»

D'autant plus que le président de SDI Worldwide n'a rien d'un mégalomane. Il ne crache pas sur les contrats à l'extérieur de l'Amérique du Nord - il est d'ailleurs en négociation pour des projets en Argentine, au Ghana, au Kurdistan, en Espagne et en Turquie -, mais pas question de mettre son entreprise à risque. «Je veux être le meilleur, pas le plus gros», lance-t-il, en précisant que SDI détient 80 % du marché du Québec et des Maritimes, et 60 % du marché canadien. Au Canada, il s'installe de 45 à 50 cages de Faraday par année en moyenne, et aux États-Unis, de 750 à 1 000.

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