L'implication et la prise de position de pdg masculins dans le combat de la parité constituent un précédent. Cette stratégie n'avait pas encore été tentée. «Attention, insiste Louis Vachon. Nous n'étions pas là pour donner des leçons aux autres pdg. Nous avons simplement partagé nos expériences respectives de démarches et de programmes de diversité.» L'événement était organisé par la firme de recherche et de conseil en diversité Catalyst.
Le pdg d'Air Canada, Calin Rovinescu. [Photo : Bloomberg]
Second message : le mentorat a ses limites. «Les programmes de mentorat sont surutilisés, estime le pdg d'Air Canada. Ils relèvent de bonnes intentions, mais ils sont souvent mal exécutés.» Le pdg de la BN poursuit : «Il faut carrément sortir les femmes de leur zone de confort. Les placer dans un rôle différent pour leur permettre, et nous permettre, de voir jusqu'à quel point elles sont mûres pour une promotion. Et comment elles composent avec la prise de risque. Pour occuper un poste de haute direction, il faut affronter, pas éviter. Il faut avoir du vécu et des cicatrices.»
Troisième message : gérez la relève. Deux fois par année, la BN fait l'inventaire de son bassin de relève, c'est-à-dire les neuf cadres sous le pdg et les cadres qui relèvent d'eux. Elle s'assure de la diversité du bassin. Tout est fiché dans le système informatique pour garantir la permanence de la procédure. Car la continuité est un des principaux enjeux de la diversité. «Pour l'instant, 40 % des cadres qui se rapportent à moi sont des femmes, dit Calin Rovinescu. Pour qu'il en soit encore ainsi dans 10 ou 15 ans, il faut que la diversité soit enchâssée dans des politiques formelles.»
Les pdg présents auraient plutôt bien accueilli le message. Mais ils s'interrogent sur la quantité de candidates qualifiées. «Je leur ai répondu d'élargir leurs critères, commente Louis Vachon. Qu'ils regardent les compétences et les réalisations, pas seulement le titre.» Il cite le cas de Julie Payette, recrutée au CA de la BN en 2014. «Julie est allée dans l'espace trois fois, dit-il. Elle en sait plus que n'importe qui sur la gestion des risques opérationnels. Et puis, elle connaît la technologie. En somme, elle maîtrise des notions clés pour une banque.»
44 % : C’est la proportion de femmes sur le CA de la Banque Nationale. À titre de comparaison, les CA des 50 plus grandes entreprises québécoises du TSX comptent 20 % de femmes en moyenne. Source : Banque Nationale, IGOPP et Spencer Stuart
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