Le pdg du Port de Québec, Mario Girard

Le Port de Québec diversifie ses activités et se lance dans le «vrac nature»; un choix qui devrait lui permettre non seulement d’augmenter ses revenus, mais aussi de mieux promouvoir une image de développement durable après des mois très difficiles en regard de son impact environnemental. Depuis l’automne dernier, des particules d’oxyde de fer et des concentrations de nickel supérieures aux normes admises ont suscité la crainte des résidents du quartier Limoilou, voisin du port.

«J’espère que personne ne pense qu’on trouve ça drôle, a réagi le pdg Mario Girard à l’occasion de l’assemblée annuelle de l’administration portuaire de Québec. Je comprends énormément les gens d’être préoccupés.»

À son arrivée en poste en 2011, M. Girard avait affiché sa volonté d’établir un vrai dialogue avec la population pour définir une meilleure cohabitation du port avec les citoyens.

«Cette histoire (de pollution) n’a pas changé notre volonté sinon qu’on a redoublé d’ardeur. C’est une pression pour régler les problèmes au plus vite», a-t-il ajouté.

M. Girard s’est dit très confiant face à la solution mise de l’avant par Arrimage Saint-Laurent, le responsable des poussières toxiques. L’entreprise investit 10 M$ dans une quinzaine de canons à eau qui vont arroser systématiquement les matières transbordées afin d’empêcher le vent de les disperser sur la ville. Le système sera prêt à la deuxième semaine de juillet.

«L’histoire du nickel est arrivée en février. Il a fallu concocter une solution de 10 M$, faire les études et les appels d’offres; je ne pense pas qu’on aurait pu aller plus vite», a estimé M. Girard.

Le Port de Québec sera aussi doté d’un système de capteurs dans tous ses secteurs et les agents de sécurité seront alertés dès que des concentrations de métaux supérieures aux normes seront détectées, leur permettant ainsi de réagir rapidement pour contrer le problème.

Des citoyens de Limoilou ont assisté à l’assemblée. Parmi eux, Véronique Lalande a demandé à M. Girard s’il avait suffisamment confiance au système pour y lier son poste. Celui-ci a refusé de le faire; il s’est plutôt engagé à trouver d’autres solutions en cas d’échec.

Un dernier épisode de poussières a été signalé au lendemain de la Saint-Jean-Baptiste et une inspectrice du ministère du Développement durable, de l’Environnement, de la Faune et des Parcs s’est vue refuser l’accès au port. Trente-six heures après l’incident, M. Girard n’a pu expliquer exactement pourquoi et comment cela est arrivé, mais a affirmé sa volonté de collaborer avec le MDDEFP.

Il a toutefois reproché au ministère de ne pas avoir informé les autorités portuaires des concentrations élevées de nickel alors qu’il colligeait des données depuis des années.

Projets d'avenir

La déconstruction de la Gare maritime et la démolition d’un hangar à l’Anse-aux-Foulons ouvrent la voie à une nouvelle activité pour le Port de Québec. Des entrepôts modernes seront construits pour accueillir du vrac nature, soit des produits agricoles, de la biomasse ou de l’agroalimentaire. Le transbordement se fera sous couvert, un choix moins rentable, mais soucieux du confort des résidents du secteur, a fait valoir Mario Girard, ajoutant que le Port investit 25 M$ dans ces nouveaux aménagements.

Cette année, de la pâte de bois sera transbordée du Québec vers les marchés asiatiques. L’an prochain, des granules de bois arriveront de l’Ontario pour se diriger vers le Royaume-Uni. Elles serviront à la production énergétique du pays, qui remplace graduellement ses usines de charbon.

«C’est clairement un gain de Québec sur les ports du nord-est des Etats-Unis», s’est réjoui le pdg.

Le Port de Québec a établi en 2012 un record de 33,1 millions de tonnes de marchandises manutentionnées, d’une valeur de 20 G$. Ce sommet lui permet de se classer premier port sur le Saint-Laurent en termes de tonnage pour une deuxième année de suite et deuxième administration portuaire au pays après Vancouver. Du côté des croisières, Québec a aussi fracassé un record en accueillant 162 000 visiteurs.

Le bénéfice net atteint 13,3 M$, en hausse de 20,6% sur 2011.