Le Canada met tout en œuvre pour empêcher les États-Unis d'adopter une nouvelle réforme bancaire qui pourrait toucher les investisseurs canadiens, les marchés financiers et l'économie.
Dans des lettres séparées envoyées aux principaux législateurs à Washington, le ministre des Finances, Jim Flaherty, et le gouverneur de la Banque du Canada, Mark Carney, se plaignent du fait que des réformes importantes effectuées en vertu de la dénommée "règle Volcker" pourraient avoir un impact beaucoup plus important que prévu, et même au-delà des frontières.
Dans certains cas, en raison des différences entre les systèmes financiers des deux pays et des exemptions qui ne s'appliquent qu'aux États-Unis, l'impact négatif pourrait être plus important au Canada, disent des responsables.
M. Flaherty, dans sa lettre, se dit particulièrement inquiet de l'impact éventuel des règles sur la liquidité des marchés obligataires du gouvernement canadien. Il craint également que ces règles interfèrent avec les pratiques de gestion de risques de banques canadiennes.
Selon l'économiste Douglas Porter de la Banque de Montréal, qui reconnaît qu'il est difficile de quantifier les conséquences de ces changements, le seul fait de voir MM. Flaherty et Carney exprimer par lettres leurs inquiétudes est un bon indicateur que ces répercussions pourraient être importantes.
Le Bureau du surintendant des institutions financières a également fait une demande officielle pour que des changements soient apportés au projet de loi.
Le Canada n'est d'ailleurs pas le seul à s'être plaint : le Royaume-Uni, le Japon et la Commission européenne l'ont fait également, pour ne nommer qu'eux.
Pour le Canada, la principale inquiétude est que la mesure nuise à la capacité des banques à échanger des obligations d'entreprises et du gouvernement, ce qui ferait augmenter les coûts d'emprunt.
Les changements, qui visent à séparer les fonctions de dépôt des banques de leurs opérations d'investissement plus risquées, sont intégrés dans une réforme plus importante proposée pour limiter la prise de risque des banques américaines à la suite des abus ayant menés à la dernière récession.