Le producteur de papier d’emballage Rock-Tenn vient d’acquérir Smurfit-Stone Container Corporation pour 3,5 G$US. Cette transaction entre deux entreprises américaines met-elle en péril les emplois québécois?
Au Québec, Smurfit-Stone embauche environ 1 000 employés dans cinq usines. Pour l’instant, les deux entreprises n’ont pas indiqué s’il y aura des réductions d’effectifs. Renaud Gagné, vice-président de la division québécoise du Syndicat canadien des communications, de l’énergie et du papier, s’inquiète toutefois que cette acquisition n’entraîne des pertes d’emplois.
«Souvent ce type de nouvelle s’accompagne de mesure de rationalisation, s’inquiète M. Gagné. C’est ce qui est arrivé quand Smurfit-Stone a acquis Smurfit-MBI. C’est également ce qui est arrivé après la fusion d’Abitibi et de Bowater.»
Subventions
L’éventualité d’une perte d’emploi soulève d’autres questions alors que Smufit-Stone a bénéficié d’importantes subventions gouvernementales. Une semaine avant l’annonce de l’acquisition, la ministre de l’Emploi et de la Solidarité sociale, Julie Boulet, a annoncé l’octroi d’une subvention de 785 000$ pour la formation des employés de l’usine Smurfit-Stone à La Tuque.
Évidemment, le Ministère n’était pas au courant que cette transaction aurait lieu lorsqu’il a décidé d’aider l’entreprise américaine. Le gouvernement n’a pas obtenu de garantie voulant que les employés formés conservent leur poste à moyen terme, admet Nicolas Murgia, attaché de presse de Mme Boulet.
Toutefois, M. Murgia assure que l’entreprise ne partira pas avec l’argent des contribuables sans former les employés. «L’argent sera remis lorsque nous aurons la preuve que les formations ont été suivies, explique M. Murgia. Smurfit-Stone assumera plus de la moitié des coûts de la formation. Il serait peu probable que ses dirigeants aient décidé d’investir cette somme s’ils planifiaient fermer l’usine.»
Cette subvention n’est pas la seule qui a été octroyée à Smurfit-Stone. En 2009, l’entreprise a annoncé un investissement de 10 millions de dollars pour l’achat d’équipements à son usine à Matane. De cette somme, 5 millions proviennent d’une subvention de l’Agence de l’efficacité énergétique du Québec. Énergie Matane, un organisme de la ville, a accordé une subvention de 3 millions. Investissement Québec a accordé un prêt de 2 millions.
La même année, le gouvernement fédéral a remis 29 millions de dollars en subvention à l’usine de La Tuque dans le cadre de Programme d’écologisation des pâtes et papiers du gouvernement du Canada.
