Pour Charles Ebinger, "il est très possible pour l'Amérique du Nord, plutôt que pour les Etats-Unis seuls, d'atteindre l'indépendance énergétique".
Raoul Leblanc, expert du cabinet spécialisé PFC Energy, est moins catégorique. "La production de pétrole de schiste n'accélère plus aux Etats-Unis", et, plus que véritablement indépendants, les Etats-Unis sont plutôt en train de "réduire leur dépendance énergétique", juge-t-il.
Il remarque toutefois que les chances de parvenir à ce but augmenteront avec les cours du brut car "des prix élevés font reculer la demande".
Celle-ci est déjà sur une pente descendante: "Les gens conduisent moins qu'avant et avec des voitures moins gourmandes en carburant", notamment à cause des nouvelles normes d'émissions de CO2 édictées par le président Obama", poursuit Raoul Leblanc.
A cela s'ajoutent d'autres normes industrielles, "dans la réfrigération notamment", note M. Ebinger.
Qu'il soit pleinement autosuffisant ou non, le pays n'est pas prêt de se désintéresser du Moyen-Orient: il "va continuer à s'inquiéter de la sûreté des approvisionnements dans le monde car c'est un marché international", fait valoir M. Ebinger: "Quand la production et le transport d'or noir sont perturbés à l'autre bout du monde, les prix montent partout, même en Amérique".
Cet expert souligne aussi que l'un des obstacles envers l'indépendance énergétique reste le réseau d'oléoducs et gazoducs encore très insuffisant pour acheminer gaz et pétrole de schiste vers leurs utilisateurs.
En attendant, le succès du schiste a donné naissance à un autre boom aux Etats-Unis, celui du transport d'hydrocarbures par camions ou par rail.