La vice-présidente exécutive d'Énergir, Stéphanie Trudeau, a déclaré que les conditions du marché ont changé et qu'Énergir «explore» la possibilité de développer des projets de géothermie dans le secteur résidentiel au Québec, en marge de son allocution à la Conférence Les Affaires Avenir Énergie. (Photo: Josée Lecompte)
Énergir «explore» la possibilité de développer des projets de géothermie dans le secteur résidentiel au Québec, alors que les prix de l’énergie augmentent et que l’électricité se fait de plus en plus rare.
En marge de son allocution à la Conférence Les Affaires Avenir Énergie ce mardi à Montréal, la vice-présidente exécutive, Stéphanie Trudeau, a déclaré que les conditions du marché ont changé. À ses yeux, ce nouveau contexte justifie un regard neuf sur cette source d’énergie renouvelable sur laquelle l’entreprise a un œil depuis plusieurs années.
«On a pris aucune décision à ce sujet au moment où on se parle. Mais c’est la fois qu'on regarde ça le plus sérieusement. C’est la première fois qu’on a aiguisé nos crayons jusqu’à arriver à dire: ok, si on y allait, ça serait quel marché, avec qui, comment, et avec quelle intensité, quelle rapidité?», dit-elle.
Énergir produit et distribue de l’énergie renouvelable au Québec et dans le nord-est des États-Unis (hydroélectricité, éolien, solaire, gaz naturel renouvelable), en plus de distribuer du gaz naturel classique (de source fossile) au Québec.
Si jamais Énergir allait de l’avant avec la géothermie, elle viserait des projets dans le secteur résidentiel, car ce serait plus facile et standardisé sur le plan technique, souligne Stéphanie Trudeau.
«Ce qu’on découvre, c’est que le commercial, c’est plus compliqué, ça demande du génie», dit-elle.
L’énergie géothermique – une vieille technologie qui a fait ses preuves au fil des décennies dans le monde – est l’énergie thermique stockée sous la surface de la Terre.
Des entreprises extraient l’énergie des profondeurs de la croûte terrestre en forant des puits et en faisant circuler un fluide ou une saumure à travers un réservoir souterrain, et ce, afin de l’utiliser à la surface pour chauffer un espace, par exemple une maison.
On peut aussi se servir de l’énergie stockée sous la surface de la Terre pour produire de l’électricité à la surface à l’aide de centrales géothermiques utilisant des turbines à vapeur.
Actuellement, la seule centrale géothermique en exploitation au Canada se trouve en Alberta (Swan Hills), et elle a été mise en service en janvier 2023.
Utile pour réduire la pointe d’hiver
Selon Stéphanie Trudeau, la géothermie pourrait par exemple être utile pour réduire l’impact des pointes de consommation d’électricité durant l’hiver, ce qui représente un défi pour Hydro-Québec.
La société d’État offre d’ailleurs une subvention pour les consommateurs qui souhaite installer un système géothermique dans leur résidence.
Si Énergir prenait la décision de s’attaquer au marché de la géothermie, elle s’allierait à des spécialistes de l’industrie, comme elle l’a fait en quelque sorte dans le secteur du gaz naturel renouvelable (GNR).
En décembre 2022, la société québécoise s’est alliée à la danoise Nature Energy, un leader mondial dans la conception et l’exploitation d’installations de biométhanisation, pour développer des usines de biométhane au Québec, et ce, à partir d’intrants issus de l’agriculture dans des régions à forte densité agricole.
«Dans le cas de la géothermie, on discuterait avec des foreurs et des frigoristes. On pourrait faire une coentreprise», explique Stéphanie Trudeau, en rappelant qu’aucune décision n’a été prise à ce jour.
En 2021, la capacité géothermique dans le monde s’élevait à 15 854 mégawatts (MW), soit 11% de la capacité électrique totale du Canada, selon la Régie de l’énergie du Canada.
Les États-Unis est le pays dans le monde qui utilise le plus l’énergie géothermique, avec une capacité de production de 3 722 MW, suivis par l’Indonésie (2 276 MW) et les Philippines (1 918 MW).
Parmi le top 10, on retrouve des pays comme l’Italie (944 MW), l’Islande (754 MW) et le Japon (603 MW), mais pas le Canada.
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