Quelle quantité d'électricité supplémentaire Hydro-Québec pourrait-elle exporter avec ses lignes de transport existantes ?

Les consommateurs industriels d'électricité disent souvent qu'on n'a pas la capacité d'exporter plus d'énergie, et qu'il vaut donc mieux la vendre aux usines québécoises. La réalité, c'est que nous avons la capacité de doubler nos exportations à 50 térawattheures par an, sur une production totale de 192 térawattheures. Mais au lieu de lancer des programmes d'efficacité énergétique pour libérer ici de l'électricité à exporter, on préfère vendre l'énergie aux consommateurs québécois, à un prix moindre. Ça représente un milliard de dollars : c'est la différence entre le prix qu'on aurait pu obtenir à l'étranger et celui qu'on obtient en vendant plutôt l'électricité au Québec.

Pourquoi le gouvernement Charest prétend-il qu'il faut construire de nouvelles lignes pour augmenter les exportations vers les États-Unis ?

La nouvelle interconnexion planifiée, c'est bon pour continuer notre façon de faire actuelle : construire des barrages afin d'exporter. Mais l'énergie qui sera produite par ces barrages reviendra à un coût tout juste inférieur, voire supérieur au prix du marché. C'est très risqué. Hydro-Québec doit donc négocier des contrats à long terme et des niveaux de puissance garantis, qui nécessitent de nouvelles lignes dédiées. Nous devrions plutôt augmenter les tarifs pour encourager l'efficacité énergétique. Cela permettrait de libérer des térawattheures à exporter sans avoir à construire des centrales.

Une hausse des tarifs ne risque-t-elle pas de pénaliser les personnes à faible revenu ?

Ce que je déplore chez mes collègues en faveur de l'augmentation des tarifs, c'est qu'ils parlent rarement de la nécessité d'une aide à l'isolation des bâtiments et aux ménages à faible revenu. Si on augmente les tarifs, il faut revoir le Code du bâtiment pour forcer les propriétaires d'immeubles à bien isoler leurs logements. Subventionner des travaux sur l'enveloppe thermique des bâtiments serait aussi une très bonne politique sur le plan économique. Ça créerait des emplois, favoriserait l'achat de matériaux québécois, tout en libérant de l'énergie à exporter. Ce serait un cercle vertueux, contrairement à la construction de routes et de ponts, qui n'améliore pas la productivité du Québec à long terme.