Un certificat de la Beauce Gold Mining and Milling Company, datant de 1881.
Plus d’un siècle après sa première ruée vers l’or, la Beauce pourrait-elle en vivre une seconde et suivre les traces du Yukon? Patrick Levasseur, le patron de HPQ Silicon Resources, qui possède des droits miniers dans la région, le croit.
«Je pense que la Beauce peut vivre le même phénomène que le Yukon, soit une nouvelle ruée vers l’or», affirme-t-il en entretien avec Les Affaires.
La ruée vers l’or qui a eu lieu de 1897 à 1899 au Yukon, dans la région du Klondike, est légendaire. Ce qu’on sait beaucoup moins, c’est que la Beauce a elle aussi été le site d’une telle ruée à la fin du 19e siècle.
Contrairement à ce qui s’est passé au Yukon, cependant, il n’y a pratiquement pas eu d’exploration aurifère en Beauce depuis cette époque, à l’exception d’une brève période, de 1960 à 1964, avec la Beauce Placer Mining Company. Pour sa part, le Yukon connaît une nouvelle effervescence aurifère depuis 2009 : la minière Underworld Resources y a découvert un gisement de classe mondiale (plus d’un million d’onces).
Kinross Gold a racheté la société au coût de 137 millions de dollars (M$). Depuis, une vingtaine d’entreprises, incluant Goldcorp, ont investi des centaines de millions de dollars au Yukon. Patrick Levasseur rêve d’un scénario similaire pour la Beauce.
Un nouveau projet
HPQ Silicon Resources, qui jusqu’à l’été dernier s’appelait Uragold Bay Resources, est inscrite à la Bourse de croissance TSX. Spécialisée dans l’exploration de quartz et d’or, elle a créé en 2016 Champs d’or de la Beauce, une société issue de la scission de HPQ Silicon Resources. Champs d’or de la Beauce possède des propriétés et des droits miniers (des claims, comme on dit dans l’industrie) près de Saint-Simon-les-Mines, un village situé à 15 km au nord de Saint-Georges-de-Beauce.
Depuis toujours, on trouve de l’or dans le lit de certaines rivières en Beauce, ce qu’on appelle de l’or placer. Cet or a une source, que Champs d’or de la Beauce recherche. Patrick Levasseur estime savoir où elle se trouve probablement. « On croit que la source se situe dans la vallée de la rivière Gilbert », dit-il. Il s’agit d’un affluent de la rivière Chaudière, qui se jette elle-même dans le fleuve Saint-Laurent. La zone d’exploration de Champs d’or de la Beauce est formée d’un rectangle de 6 km par 0,5 km.
À ce jour, HPQ Silicon Resources a investi un peu plus de 1 M$ afin de trouver la source d’or. Et il reste encore beaucoup à faire.
En Bourse dans les prochains mois
«Notre objectif serait de faire un grand programme d’exploration et de forage de 3 M$», explique M. Levasseur. Pour financer ces travaux à moyen et à long terme, Champs d’or de la Beauce devrait réaliser un premier appel public à l’épargne (PAPE) dans les prochains mois, c’est-à-dire cet automne ou à l’hiver 2018. L’entreprise investira aussi à court terme. Cet été, elle allongera 100 000 $ afin de mieux cartographier la région de la vallée de la rivière Gilbert.
Même si Patrick Levasseur demeure prudent, il fonde beaucoup d’espoir sur le futur programme d’exploration et de forage. «On espère que ce sera un dépôt de classe mondiale, avec des millions d’onces d’or», s’emballe-t-il.
Georges Beaudoin, professeur de géologie à l’Université Laval, confirme qu’il y a effectivement un potentiel pour trouver une source d’or en Beauce. « Plusieurs indices sont connus, et certains endroits n’ont pas été explorés à l’aide de techniques modernes depuis les années 1960», rapporte-t-il. L’homme demeure toutefois prudent. En effet, même si on trouve la source, il faut qu’il y ait suffisamment d’or pour que son exploitation soit rentable. «Combien y en a-t-il ? Quelle quantité peut être exploitée ?» s’interroge-t-il.
Patrick Levasseur demeure optimiste malgré tout. À ses yeux, trois indices militent en faveur de la présence d’une source dans la zone d’exploration de Champs d’or de la Beauce, à Saint-Simon-les-Mines.
Premièrement, l’or qu’on trouve dans l’eau n’est pas arrondi; il est encore délicat. Selon lui, cela signifie qu’il a peu voyagé.
Deuxièmement, on découvre souvent du quartz ou de la roche fixés sur les pépites d’or. Un signe qu’il y a peu d’érosion.
Troisièmement, dit-il, on a trouvé, à Saint-Simon-les-Mines, des pépites figurant parmi les plus grosses au Canada. Certaines pesaient plus de 50 onces et étaient environ de la taille d’une pomme de terre.