La date limite du 1er décembre pour sauver La Presse approche rapidement. Photo: Benjamin Nantel
La direction de La Presse et quatre syndicats du quotidien montréalais affiliés à la CSN ont tous crié «victoire» après que la Commission des relations de travail eut rendu une décision partiellement favorable aux deux parties.
Rappelons que les dirigeants de La Presse menacent de suspendre la production du quotidien et du site Internet Cyberpresse.ca si les syndicats n’ont pas accepté les demandes patronales d’ici le 1er décembre.
Le commissaire Alain Turcotte, dans sa décision, a reconnu le droit à la partie patronale de décréter un lock-out le 1er décembre et soutient qu’elle n’a jamais négocié de mauvaise foi.
«En principe, on ne peut être totalement en désaccord avec la proposition syndicale de base. En effet, l’employeur demande des concessions très importantes, les syndicats les qualifient de ‘colossales et historiques’, on s’attend donc à ce que celui-ci appuie ses revendications d’informations correspondantes. Un employeur qui invoque une situation financière sérieuse doit pouvoir apporter des arguments crédibles parce que son vis-à-vis syndical n’a pas à le croire sur parole», a-t-il déclaré dans sa décision de 24 pages.
Toutefois, le magistrat a rejeté la demande syndicale qui réclamait davantage d’informations financières, estimant que les documents déposés à ce jour par la direction sont suffisants pour négocier.
Par ailleurs, Alain Turcotte a reproché à la partie patronale d’avoir passé outre les représentants syndicaux en s’adressant directement aux syndiqués en trois occasions, contrevenant à l’article 12 du Code du travail.
«En l’espèce, la Commission croit que La Presse a tenté de s’ingérer dans les activités des syndicats CSN. La même conclusion s’applique à Cyberpresse dans la mesure où les déclarations de ses représentants s’adressent aux employés de cette entreprise. De façon bien concrète, les employeurs ont tenté de négocier directement avec les employés, en ‘passant par-dessus la tête’ des représentants syndicaux», dit le jugement.
«La décision du juge Turcotte en ce qui concerne l'ingérence dans les affaires syndicales est limpide. Les preuves étaient accablantes. Pour ce qui est de la décision portant sur notre plainte en négociation de mauvaise foi, nous la contesterons devant les instances appropriées», a déclaré la présidente de la Fédération nationale des communications-CSN, Chantale Larouche, dans un communiqué.
De son côté, la direction de La Presse se dit satisfaite d’avoir obtenu gain de cause sur plusieurs points, mais souhaite porter en appel la «condamnation» pour avoir négocié directement avec ses syndiqués.
La CSN représente le Syndicat des travailleurs de l’information de La Presse, le Syndicat des travailleuses et travailleurs du centre de l’informatique de La Presse, le Syndicat des employés de bureau de journaux (Région de Monréal) et le Syndicat de l’industrie du Journal du Québec.