La première ministre Pauline Marois
Après Montréal, Québec aura aussi son hôpital tout neuf. La première ministre Pauline Marois a annoncé aujourd’hui l’abandon du projet d’agrandissement de l’Hôpital Hôtel-Dieu, situé dans le Vieux-Québec, pour construire un nouvel établissement sur le site actuel de l’Hôpital Enfant-Jésus dans le quartier Limoilou.
«Le projet de l’Hôtel-Dieu annoncé par l’ancien gouvernement s’en va tout droit dans le mur. Les délais et les dépassements de coûts sont prévisibles», a affirmé Mme Marois à l’occasion d’une allocution devant les membres de la Chambre de commerce et d’industrie de Québec.
Annoncé il y a six ans, l’agrandissement de l’Hôtel-Dieu, à valeur patrimoniale, était alors évalué à 400 M$, mais depuis, la facture prévue a explosé à 850 M$.
«Le coût n’était pas un enjeu, a pourtant expliqué le ministre de la Santé et des Services Sociaux, le dr. Réjean Hébert. L ’enjeu est de bien desservir la population de Québec et de l’Est du Québec et je pense que si on construit en-dehors de l’arrondissement historique, bien sûr il y a des économies qui seront au rendez-vous et elles nous permettront de faire plus avec cet argent.»
Le ministre Hébert a demandé au CHU de Québec de déposer un rapport d’analyse d’ici la fin juin pour mieux cerner les coûts et enjeux du nouveau projet, situé dans un quartier plus facilement accessible.
L’Hôtel-Dieu, qui est le plus vieil hôpital d’Amérique du Nord, conservera sa vocation dans le domaine de la santé. Il offrira des soins de première ligne et des services de proximité, dont le détail reste à définir par l’Agence de la santé.
«Nous allons proposer des solutions pour occuper les locaux qui seraient laissés vacants, a précisé la première ministre. Nous travaillons sur un scénario très intéressant qui impliquerait l’installation d’un millier de travailleurs de la fonction publique sur le site de l’Hôtel-Dieu. Un tel redéploiement induira une activité économique substantielle dans le secteur.»
Des terrains et bâtiments excédentaires pourraient être vendus à la Ville de Québec et serviraient à ramener des résidants dans le Vieux-Québec.
«Pour mon gouvernement, c’est fondamental de conserver et même d’augmenter l’activité économique. Le Vieux-Québec n’est pas qu’un attrait touristique, il doit demeurer un milieu de vie dynamique», a souligné Pauline Marois.
HARPER ET BUDGET FÉDÉRAL
La première ministre a par ailleurs profité de la tribune offerte par la CCIQ pour dénoncer le dernier budget fédéral et en particulier la coupure de la déduction d’impôt liée aux investissements dans les fonds de travailleurs.
«Ça veut dire 300 M$ de moins dans les poches des Québécois qui vont subir 88% de cette ponction fédérale. Ça veut dire des centaines de millions qui vont prendre la direction de Toronto plutôt que celle de nos PME. Ça veut dire aussi moins d’épargne de la part des travailleurs québécois, alors que nous essayons par tous les moyens de les convaincre d’épargner plus en vue de leur retraite», s’est indigné Mme Marois.
Elle a aussi noté que les impôts de Desjardins étaient augmentés et que le Québec ne recevrait que des «grenailles» pour son industrie forestière, alors que 920 M$ seront versés au sud de l’Ontario, dont l’industrie automobile avait déjà reçu des milliards du fédéral en 2009 et 2010.
Par ailleurs, la première ministre n’entend pas céder un pouce de terrain sur la question de la formation de la main d’œuvre et elle en appelle aux entrepreneurs, aux syndicats et à la population de s’unir pour faire reculer Ottawa.
Elle estime que le gouvernement de Stephen Harper met des bâtons dans les roues du redressement des finances publiques du Québec, objectif qu’elle entend néanmoins atteindre pour retrouver un plus grand pouvoir d’action et développer l’économie du Québec.
