Le bilan d'Hydro-Québec sera alourdi par des surplus d'électricité jusqu'en 2020, a déclaré mardi le président-directeur général Thierry Vandal.
M. Vandal a attribué cette situation à des décisions politiques qui obligent la société d'État à acheter la production d'entreprises privées locales ou du secteur manufacturier, tandis que les prix sont déprimés à l'exportation.
En commission parlementaire, M. Vandal a affirmé aux députés que les surplus anticipés pour la période 2013-2020 s'élèvent à 21,4 milliards de kWh, ce qui engendrera une perte de 1,5 G$.
Ces chiffres prennent en compte l'annulation de six projets de petites centrales hydroélectriques, une décision annoncée la semaine dernière par la ministre des Ressources naturelles, Martine Ouellet.
M. Vandal a expliqué qu'Hydro-Québec prévoyait que les besoins en électricité passeraient de 170 milliards de kWh en 2002, à 190 milliards de kWh en 2012.
La demande a cependant été diminuée par la fermeture d'entreprises du secteur des pâtes et papier ainsi que le ralentissement de l'économie qui a suivi la crise financière de 2007.
La consommation du secteur industriel est passée de 73 milliards de kWh en 2007, à 63 milliards de kWh en 2009, et se situe encore actuellement à 65,9 milliards de kWh, a indiqué M. Vandal.
Malgré le constat que la demande reculait, le gouvernement dirigé par les libéraux a multiplié les décrets et programmes de production d'énergie éolienne, de biomasse et de petites centrales hydrauliques.
Hydro-Québec s'est retrouvée dans l'obligation d'acheter cette production, qui totalise 24 milliards de kWh pour la période 2013-2020, a expliqué M. Vandal.
«Il y a plus d'approvisionnements qui ont été décrétés après 2008, après le constat évident qu'il y avait des surplus, pour des raisons que l'on respecte mais qui ne relèvent pas de la planification d'Hydro-Québec», a-t-il dit.
M. Vandal a soutenu que sans ces décisions gouvernementales, Hydro-Québec aurait respecté ses cibles de consommation.
«Le gouvernement pour des raisons de stratégie industrielle, de développement, a mis de l'avant un ensemble de programmes, a-t-il dit. C'est pour ça que les surplus vont durer encore un bon nombre d'années.»
La semaine dernière, Mme Ouellet a affirmé que l'annulation de six projets de petites centrales hydroélectriques éviterait d'augmenter les surplus d'Hydro-Québec et générerait ainsi des économies de 24 millions $.
La ministre avait alors affirmé que ce raisonnement ne s'appliquerait pas à la filière éolienne, puisque celle-ci répond à des objectifs de développement régional.
Accompagnés par deux députés de l'opposition libérale, le maire de La Tuque, Normand Beaudoin, a contesté cette décision.
Lors d'un point de presse à l'Assemblée nationale, M. Beaudoin a soutenu que le prix du kWh du projet de petite centrale de Manouane Sipi était estimé à 0,075 $, comparativement à environ 0,13 $ pour la filière éolienne.
«S'ils coupaient les éoliennes au lieu des projets comme notre minicentrale, ils sauveraient 38 M$ au lieu de 24 M$, a-t-il dit. Facile à comprendre.»
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