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Le collecteur de fonds libéral Franco Fava faisait preuve d'une "insistance et d'une arrogance croissante" à l'été 2003 pour obtenir la nomination des juges de son choix, a affirmé mercredi l'ancien ministre de la Justice, Marc Bellemare.
Au deuxième jour de sa déposition devant la commission Bastarache sur le processus de nomination des juges, Me Bellemare a dit avoir eu quatre ou cinq rencontres et une dizaine de conversations téléphoniques avec M. Fava entre juillet et septembre 2003.
Interrogé par le procureur de la commission, Me Giuseppe Battista, le témoin-vedette a cependant dû admettre qu'il ne détenait aucune preuve "indépendante" de ses échanges avec M. Fava au cours de cette période.
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La veille, l'ancien ministre de la Justice a allégué que le premier ministre Jean Charest lui avait intimé d'entériner, en 2003 et 2004, la nomination de trois juges parrainés par M. Fava et un proche de ce dernier, le comptable Charles Rondeau.
Me Bellemare a aussi affirmé avoir été témoin de l'échange d'une importante somme d'argent liquide entre l'entrepreneur Fava et un permanent du Parti libéral du Québec (PLQ).
Le premier ministre Jean Charest a nié en bloc les allégations de son ancien ministre.
Mandatée par M. Charest, la commission présidée par le juge Michel Bastarache vise à faire la lumière sur les allégations de trafic d'influence dans la nomination des juges soulevées le printemps dernier par Me Bellemare.
Une quarantaine de témoins devraient être entendus au cours des audiences à venir, d'ici au dépôt du rapport de la commission le 15 octobre.
La commission devra déterminer si le système actuel est adéquat ou s'il doit être modifié de façon à "garantir son intégrité", a dit M. Bastarache.