Valorisation des déchets: la partie n'est pas gagnée

Publié le 09/11/2013 à 00:00

Valorisation des déchets: la partie n'est pas gagnée

Publié le 09/11/2013 à 00:00

Par Pierre Théroux

En 2010, 1,3 million de tonnes de résidus verts et alimentaires municipaux ont été générées au Québec. Ces résidus ont été principalement voués à l'élimination (88 %, soit environ 1,15 million de tonnes). Seulement 12 % de ces résidus ont été triés à la s

Le compostage des matières organiques est maintenant au menu des Rôtisseries St-Hubert. Après avoir été la première chaîne de restaurants en 2009 à développer des emballages 100 % recyclables et compostables, St-Hubert vient de se lancer dans le compostage de ses restants de table et de cuisine.

Cette démarche s'inscrit dans «notre culture d'entreprise de se soucier de l'environnement et de répondre aux préoccupations des clients et des employés en matière de développement durable», commente Richard Scofield, vice-président, restauration, des Rôtisseries St-Hubert.

L'initiative de St-Hubert, dont les 114 restaurants servent plus de 31 millions de repas annuellement, permettra d'envoyer au compostage plus de 5 000 tonnes par année de restants de table et de cuisine qui aboutiraient dans des sites d'enfouissement.

La chaîne déploie son programme de compostage de matières organiques au moment où le gouvernement du Québec et l'organisme Recyc-Québec annoncent un plan d'action pour accentuer les efforts de réduction et de valorisation des déchets.

Ce plan vise à détourner de l'enfouissement 60 % des matières organiques d'ici 2015 et de les bannir dès 2020, selon les objectifs fixés par la Politique québécoise de gestion des matières résiduelles.

Or, l'atteinte de ces cibles paraît difficile : 80 % des matières organiques sont encore envoyées à l'élimination. La barre est haute, convient François Meunier, vice-président aux affaires publiques et gouvernementales de l'Association des restaurateurs du Québec (ARQ) qui regroupe 4 500 membres et 19 000 établissements. «Il y a beaucoup à faire. L'exemple de St-Hubert démontre qu'on peut changer les façons de faire, quand on y met les efforts et l'argent nécessaires. Mais l'industrie est composée d'une majorité de petites entreprises qui n'ont pas les ressources ou les spécialistes pour y arriver», précise M. Meunier.

La chaîne St-Hubert estime que son programme de compostage, qui s'échelonnera jusqu'en 2015, aura requis un investissement d'environ un million de dollars en formation du personnel, équipement et contrôle de la qualité. L'entreprise a bénéficié d'une aide financière de 200 000 $ de Recyc-Québec.

Des solutions pratiques

Nathalie St-Pierre, vice-présidente au Québec et au développement durable du Conseil canadien du commerce de détail (CCCD), doute aussi de l'atteinte des cibles. «Il y a des initiatives en cours. Mais quand on pense au nombre d'années que ça a pris pour recycler, et on ne recycle pas encore à 100 %, il faudra de l'aide et des changements majeurs pour y arriver», dit-elle.

Le Conseil, qui représente entre autres les principaux détaillants alimentaires du Québec comme Metro, Sobeys (IGA) et Loblaw (Provigo), estime que le gouvernement du Québec et les municipalités doivent prendre en compte les besoins opérationnels de l'industrie. «Les épiciers ne pourront pas ouvrir tous les pots de yogourt pour mettre le contenu dans le bac des matières organiques, puis laver les contenants avant de les mettre dans le bac de recyclage. Ça prend des solutions plus pratiques et moins chères», dit Mme St-Pierre.

Le Conseil note aussi que certains aliments sont acceptés par des villes et refusés par d'autres, ce qui rend difficile la diffusion d'informations sur les façons de faire. Même son de cloche du côté de l'ARQ qui constate «une courtepointe de manières de faire et de matières acceptées ou non, selon les municipalités», note M. Meunier.

Le CCCD déplore aussi que certaines villes aient la mainmise sur les services de collecte. «Ça se fait à leurs conditions et selon leurs coûts. C'est le libre marché qui devrait prévaloir», juge Mme St-Pierre.

Des tensions

Il y a encore des tensions entre les entreprises et les municipalités, reconnaît le président de la Fédération québécoise des municipalités (FQM), Bernard Généreux. «Il y a un débat sur les coûts. Quand vient le moment de payer, tout le monde regarde son voisin avant de mettre la main dans ses poches», dit-il.

La FQM note aussi que le temps presse, tandis que plusieurs municipalités tardent à emboîter le pas pour assurer la collecte et la disposition des matières résiduelles.

Développement durable: les PME n'y arriveront pas seules

«Comment arriver à ce que les investissements en développement durable se traduisent en résultats financiers ?»

Voilà la principale préoccupation environnementale des PME révélée par le dernier rapport du Réseau entreprise et développement durable. «Ce qui ressort de ce rapport, c'est que les dirigeants de PME pensent qu'ils auront besoin d'aide pour améliorer leur performance en matière de développement durable», affirme Marie-France Turcotte, directrice du bureau francophone du Réseau.

Parmi les autres questions que se posent ces dirigeants : quelles actions favoriseraient l'émergence d'une réglementation cohérente et efficace en matière de développement durable ? «Les dirigeants ne sont pas contre la réglementation, à condition qu'elle soit claire et surtout cohérente», explique Mme Turcotte, professeure au Département de stratégie, responsabilité sociale et environnement, et titulaire adjointe de la Chaire de responsabilité sociale et de développement durable de l'ESG UQAM.

Autre objet d'inquiétude : comment rehausser sa compétitivité envers les écoblanchisseurs ? «Les dirigeants se demandent pourquoi ils feraient des efforts pour l'environnement quand certains de leurs concurrents peuvent écrire à peu près n'importe quoi sur l'emballage pour laisser croire qu'ils se soucient de l'environnement, alors que ce n'est pas le cas.»

En outre, les fabricants regrettent que les commerçants soient souvent incapables d'expliquer à leurs clients l'avantage d'une démarche de développement durable d'un produit.

Par son plan d'action, le gouvernement et Recyc-Québec souhaitent justement faciliter la mise en place de la collecte et du traitement des matières organiques par les municipalités et les industries, les commerces et les institutions. Le plan s'accompagne d'ailleurs d'une contribution financière d'environ 20 millions de dollars d'ici cinq ans.

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