Québec solidaire veut encadrer les salaires des patrons soutenus par l'État

Publié le 19/03/2018 à 15:01

Québec solidaire veut encadrer les salaires des patrons soutenus par l'État

Publié le 19/03/2018 à 15:01

Près d'un an après la controverse provoquée par les salaires de la haute direction de Bombardier, Québec solidaire propose d'encadrer le salaire des patrons d'entreprises bénéficiant d'un soutien financier de l'État québécois.

Cette «clause Bombardier», dévoilée lundi à Montréal, comprend également des dispositions concernant les émoluments des dirigeants dans la fonction publique et parapublique.

En plus d'évoquer la situation au sein du constructeur d'avions et de trains, les porte-parole de Québec solidaire, Manon Massé et Gabriel Nadeau-Dubois, ont expliqué que cet engagement électoral était aussi inspiré par le salaire de 815 000 $ obtenu l'an dernier par le président-directeur général d'Hydro-Québec, Éric Martel _ ce qui constitue une hausse de 26 pour cent par rapport à 2016, année où il est entré en fonction le 6 juillet.

«C'est normal, pour une collectivité, de poser des questions lorsque l'on investit dans une entreprise», a expliqué M. Nadeau-Dubois, au cours d'un point de presse, évoquant un «message clair» envoyé au Québec inc. alors que 970 000 travailleurs québécois font moins que 15 $ l'heure.

Ainsi, le salaire global d'un patron d'entreprise _ qui comprend notamment la rémunération de base, les primes et options sur des actions _ bénéficiant d'un prêt, d'une subvention ou d'un investissement du gouvernement québécois ne pourrait représenter plus de 30 fois la paye de l'employé le moins bien payé.

Par exemple, le président et chef de la direction de Bombardier, Alain Bellemare, qui a vu sa rémunération globale atteindre 12 millions $ CAN en 2016, ne pourrait obtenir plus de 1,1 million $, calcule Québec solidaire.

Les hauts dirigeants de Bombardier avaient vu leur salaire global totaliser 32,6 millions $ US alors que l'entreprise avait bénéficié d'un investissement public de 1,3 milliard $ dans la C Series, ce qui avait provoqué un tollé.

Interrogés, M. Nadeau-Dubois et Mme Massé ont indiqué qu'ils ignoraient combien d'entreprises seraient touchées par une telle mesure.

«La proposition ne force aucune entreprise à faire quoi que ce soit, a tempéré M. Nadeau-Dubois. Les entreprises privées vont pouvoir continuer à déterminer le salaire de leurs dirigeants comme elles l'entendent. Cependant, quand les contribuables investissent des fonds publics, c'est pour créer des bons emplois, pas pour payer des primes.»

Pour une société d'État ou parapublique, comme Hydro-Québec, ce ratio ne pourrait être supérieur à 10 fois le salaire le moins élevé de chaque ministère et société d'État.

En 2016, avec une rémunération moyenne de 10,4 millions $, les 100 plus hauts dirigeants canadiens avaient touché des revenus 209 fois plus élevés que le salaire moyen, selon le Centre canadien de politiques alternatives (CCPA).

M. Nadeau-Dubois a qualifié d'«exagérée» la rémunération de M. Martel l'an dernier, sans toutefois s'avancer sur le montant d'un salaire qui serait considéré raisonnable par Québec solidaire pour le dirigeant d'Hydro-Québec.

L'engagement de la formation politique prévoit également que les entreprises qui font affaires avec l'État et qui sont cotées en Bourse seront forcées de faire connaître, dans leur rapport annuel, le ratio d'écart de revenu entre leurs employés les moins bien payés et leurs dirigeants.

Ce ratio devra également être calculé dans les ministères et sociétés d'État.

 

 

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