Photo : Les Affaires
Lorsqu’ils rament à contre-courant, la Caisse de dépôt et placement du Québec et Investissement Québec doivent-ils accorder leurs violons? Le ministre du Développement économique, de l’Innovation et de l’Exportation, Clément Gignac, refuse de se prononcer alors que le Parti québécois demande une meilleure communication entre les deux organismes gouvernementaux.
Le débat ressurgit dans l’actualité alors que la Caisse a investi 211 millions de dollars dans un projet d’expansion d’une usine de Kruger à Memphis, au Tennessee. Cela représente les deux tiers de l’investissement total.
La source de la controverse : Investissement Québec, un autre organisme public, menait des discussions afin que l’investissement ait lieu à Crabtree près de Joliette.
Le ministre évite le débat
L’attachée du ministre, Gabrielle St-Amand-Tellier, affirme que le ministre ne commentera pas la décision de la Caisse qui relève du Ministère des Finances.
Kruger était trop gourmande, explique l’attachée. Les conditions demandées étaient trop élevées par rapport aux retombées économiques que pourrait générer la réalisation du projet dans la belle province. D’autant plus que les emplois à cette usine ne sont pas en danger.
En juillet, Daniel Tessier, le président du comité exécutif du conseil central de la CSN de Lanaudière avait indiqué à LesAffaires.com que la réalisation du projet à Memphis n’aurait pas d’impact sur les emplois de l’usine.
Besoin de coordination
Du côté du Parti québécois, Nicolas Marceau, porte-parole de l’opposition officielle en matière de Finance, se désole de voir la Caisse «défaire d’une main, ce qu’Investissement Québec fait de l’autre». «C’est dommage que la Caisse n’accorde plus la priorité au développement économique du Québec, mais ce qui est impardonnable, c’est qu’elle nuise aux efforts d’Investissement Québec en ce sens», déplore-t-il.
M. Marceau estime qu’en changeant le mandat de la Caisse en 2004, le gouvernement de Jean Charest a relégué le développement économique du Québec au second plan, derrière le rendement. Il faudrait revoir cette décision, selon lui.
Dans l’intérim, il faudrait au moins trouver une façon de coordonner les actions des deux organismes gouvernementaux, ajoute le député.
Informée à la dernière minute
Chez Investissement Québec, la porte-parole, Chantal Corbeil, affirme que son employeur n’a pas été mis au courant de la décision de Kruger. «Nous ne souhaitons pas faire de commentaire, a-t-elle dit. Nous avons eu des discussions avec Kruger sur la possibilité de mener ce projet à Crabtree. Nous sommes toujours dans l’attente, et, un moment donné, il faut que Kruger se décide.»
De son côté, Jean Majeau, vice-président des affaires corporatives et communications, a indiqué à notre chroniqueur François Pouliot qu’Investissement Québec avait été informée de la décision «très, très» récemment.