En mai, le dollar canadien a entamé sa plus rapide progression depuis 50 ans. Il a gagné 9,3 % par rapport au billet vert, dépassant 0,91 $ US. Depuis avril, le huard a gagné 16 % par rapport au dollar américain.
Si de nombreux experts estiment qu'à court terme, le huard a progressé trop rapidement, d'autres pensent qu'il pourrait s'approcher du dollar américain à long terme en raison des centaines de milliards de dollars empruntés par le gouvernement américain pour relancer l'économie.
Deepak Chopra, de Genuity Capital, avance que cette progression du huard est une mauvaise nouvelle pour la plupart des titres technologiques canadiens. " Les entreprises technologiques canadiennes réalisent une grande partie de leurs ventes en dollars américains, mais seulement une petite partie de leurs dépenses en billets verts ", dit-il.
Exfo durement touchée
M. Chopra établit différents scénarios pour jauger l'effet d'un huard fort sur les résultats de ces entreprises. Pour le fabricant d'appareils de tests de fibre optique Exfo, la parité du dollar canadien avec le billet vert aurait pour effet, à elle seule, de réduire le bénéfice net annuel de 58 % par rapport aux prévisions. Le recul serait de 39 % si le huard vaut 0,95 $ US.
Déjà, le titre de l'entreprise de Québec a perdu 20 % après l'annonce de ses résultats préliminaires du deuxième trimestre, qui sont touchés par l'appréciation du huard.
Bridgewater Systems, Com Dev, Dalsa, Evertz, Gennum, Rugged Com, Miranda Technologies et Sierra Wireless sont autant d'autres entreprises technologiques qui subiraient une baisse de rentabilité, selon M. Chopra.
Seule Research In Motion (RIM) bénéficierait de l'envol du huard, grâce à sa capacité à générer des revenus dans d'autres devises que le dollar américain, comme l'euro.
Autre tuile pour les forestières
La situation est pire pour les forestières, pour qui l'envol du huard éteint la faible lueur qui brillait au bout du tunnel.
Ainsi, West Fraser Timber a annoncé, fin mai, une baisse de son dividende, qui passe de 0,14 à 0,03 $ par action. " Les marchés sont très difficiles, et le renforcement du dollar canadien les rend encore plus difficiles ", explique Gerry Miller, vice-président.
Canfor, qui avait relancé récemment une scierie, a annoncé la fermeture de trois scieries en raison de la hausse du dollar.
Au Québec, Cascades, dont les résultats du premier trimestre ont été meilleurs que prévu, devrait aussi subir l'effet de la hausse du huard, selon Benoit Laprade, analyste chez Scotia Capitaux.
Quelques gagnants, dont Reitmans
Le malheur des uns fait cependant le bonheur des autres.
L'analyste Neil Lindsell, de Partenaires Versant, croit que le détaillant de vêtements Reitmans, un importateur, pourrait dégager de meilleures marges bénéficiaires grâce à la variation du taux de change.
Les entreprises de télécommunications devraient aussi bénéficier de la hausse du huard, puisque leurs revenus sont en dollars canadiens et leurs dépenses d'investissement, en dollars américains.
