«Je sais qu'il était très très frustré», a réagi le sénateur républicain John McCain, ancien candidat à la Maison Blanche, très critique de la politique étrangère de M. Obama. «Il n'a jamais pu entrer dans le cercle resserré à la Maison Blanche qui prend toutes les décisions», a ajouté M. McCain, lui aussi un ancien combattant du Vietnam.
Le président de la Chambre des représentants des États-Unis, le républicain John Boehner, a jugé que ce changement à la tête du Pentagone devait s'accompagner d'une réflexion plus large sur la stratégie américaine face au groupe EI. «Nous ne pouvons vaincre l'ennemi sans un effort coordonné et réfléchi qui bénéficie du soutien massif du peuple américain. À ce jour, cette administration n'a pas réussi», a-t-il estimé.
Sur Twitter, des jihadistes ont salué cette démission, jugeant qu'elle représentait une victoire pour l'organisation EI. «Connaissez-vous une autre organisation qui peut obliger une administration américaine à virer son ministre de la Défense?», a lancé l'un d'eux.
Chuck Hagel a grandi dans la pauvreté avec un père alcoolique et parfois violent, et s'est façonné au Vietnam. Dans la jungle du delta du Mékong, il a été blessé à deux reprises, se voyant décerner autant de médailles Purple Heart. De retour du Vietnam, il enchaîne les petits boulots avant de décrocher un emploi dans l'équipe d'un sénateur du Nebraska, où il se fait remarquer.
À l'arrivée de Ronald Reagan au pouvoir, au début des années 80, il devient numéro deux du ministère des Anciens combattants et n'hésite pas à démissionner pour dénoncer les coupes dans les pensions des vétérans. Il passe alors dans le privé, créant une société de téléphonie mobile qui le rendra millionnaire.
Au Sénat (1996-2008), où il est membre de la commission des Affaires étrangères, Chuck Hagel se lie d'amitié avec le républicain John McCain, le démocrate Joe Biden, ou encore Barack Obama qu'il accompagne lors de visites de terrain en Irak et en Afghanistan.
Hostile à un interventionnisme à tout crin, il s'était rapidement opposé à la politique de George W. Bush en Irak, s'attirant les critiques de son camp.