"Une décennie de stagnation" menace l'Europe si le continent n'entreprend pas des réformes décisives, a déclaré mardi le gouverneur sortant de la Banque du Canada et futur patron de la Banque d'Angleterre, Mark Carney.

"L'Europe demeure en récession, l'activité économique étant bridée par l'austérité budgétaire, le bas niveau de la confiance et les conditions du crédit restrictives", a dit M. Carney dans son dernier discours en tant que gouverneur de la banque centrale canadienne.

"Son système financier demeure aux prises avec d'immenses défis. Sans des réformes importantes et soutenues, c'est une décennie de stagnation qui menace ce continent", a-t-il indiqué devant la Chambre de commerce de Montréal.

"L'Europe peut tirer des leçons du Japon sur les dangers des demi-mesures", a-t-il ajouté en rappelant que "cela fait maintenant plus de vingt ans que la crise financière japonaise a éclaté".

Or "le Japon vient de se lancer dans une expérience audacieuse en matière de politiques économiques" et "son succès ou son échec aura une incidence majeure sur les perspectives au cours des prochaines années".

A propos de l'Europe, M. Carney estime qu'il existe peu de mécanismes institutionnels pour amortir le choc quand survient une crise, comme en Espagne, où "l'activité intérieure s'est écroulée" lorsque se sont taris les flux de capitaux européens alimentant le système bancaire espagnol.

"Comme les dirigeants européens le reconnaissent maintenant, sans réformes majeures visant à créer une union bancaire, l'Union économique et monétaire est fondamentalement affaiblie".

Il a aussi évoqué l'idée d'un régime d'assurance-chômage paneuropéen fondé sur un marché du travail commun qui, selon lui, "réduirait les obstacles pour ceux qui cherchent du travail ailleurs sur le continent, tout en fournissant un stabilisateur automatique entre pays".