Si vous devenez président de la CSN, quelle perception des syndicats aimeriez-vous réussir à changer ?
Il y a une perception que je déteste, celle que les syndicats incarnent l'immobilisme. C'est l'inverse ! Au Québec, ce sont les syndicats qui ont fait bouger les choses. Dans le milieu de la santé, par exemple, ce sont eux qui poussent pour améliorer les services et l'organisation du travail; c'est très rarement les patrons. Dans le privé, je dirais que c'est moitié-moitié. Les patrons veulent augmenter la productivité. Et nous, nous prenons la balle au bond en réclamant plus d'autonomie professionnelle et des équipes de travail. Quand les patrons réagissent bien, la chimie se crée et tout le monde est gagnant. Mais si le patron se braque, comme on le voit chez Alimentation Couche-Tard, ça crée des conflits. Dans la très grande majorité des cas, les syndicats sont à l'avant-garde de l'organisation du travail. Si Alain Bouchard écoutait ce que les employés nous disent sur l'organisation du travail, il ferait plus d'argent. Les employés savent ce qui ne fonctionne pas. Les employeurs qui comprennent ça gagnent le gros lot.
La CSN sollicite l'aide des associations étudiantes pour faire passer son message aux jeunes. Que voulez-vous leur dire, exactement ?
On s'est rendu compte que le syndicalisme est très peu présent dans la formation. La syndicalisation de Couche-Tard a soulevé beaucoup d'intérêt. Plusieurs jeunes se demandent si c'est bon ou non. Notre objectif n'est pas de courtiser les jeunes. On veut simplement discuter de syndicalisme avec eux, parce qu'ils en ont peu entendu parler. Par la suite, ils se feront une opinion personnelle.
Comment pensez-vous convaincre les jeunes de la nécessité des syndicats, alors qu'on les dit individualistes ?
En les faisant participer à des syndicats. Mais les organisations syndicales sont très organisées, pour ne pas dire bureaucratisées. Je trouvais les syndicats encroûtés quand j'ai commencé à militer à 23 ans, alors je peux les comprendre. Pour que ça change, il faut que les jeunes s'investissent, ce qui est impossible si les vieux décident de quelle manière les jeunes vont le faire. Par ailleurs, il y a des éléments qui relèvent du collectif, comme l'organisation du travail. Cela ne peut pas se décider individuellement. Il faut que les jeunes prennent conscience que les syndicats sont des outils pour y arriver.
CV
Nom : Louis Roy
Âge : 58 ans
Fonction : Premier vice-président
Organisme : Confédération des syndicats nationaux (CSN)
Engagé dans le milieu syndical depuis 1976, Louis Roy aspire à succéder à Claudette Carbonneau à la présidence de la CSN. Diplômé en organisation communautaire à l'Université de Sherbrooke, Louis Roy a commencé sa carrière au CLSC d'Hochelaga-Maisonneuve.