À New York, des analystes semblent croire que peu d’acheteurs se présenteront à l’encan demain. Otéra Capital pourrait donc profiter d’une aubaine et acheter l’immeuble à rabais. "On ne va pas commenter là-dessus, dit Marie Giguère, vice-présidente, affaires juridiques. On a l’esprit ouvert à toutes les possibilités."
Le débiteur, Macklowe Properties, un grand propriétaire d'immeubles de bureaux new-yorkais, éprouve de graves problèmes financiers après avoir acheté pour sept milliards d’immeubles au sommet du marché, en empruntant massivement. L'an dernier, l'entreprise familiale a perdu le contrôle de sept gratte-ciel et en a vendu quatre autres.
Pour acquérir le 1330, Avenue of the Americas, Macklowe a emprunté 130 M$ US à la Caisse, pour compléter l’hypothèque de 240 millions contractée auprès de la Deutsche Bank. Coût de la transaction : 500 M$ US. C'est trois fois le prix payé par l'ancien propriétaire, six ans plus tôt !
Selon le site Internet de Macklowe, l’immeuble accuse un taux d’inoccupation de 31 %, ce qui crée de sérieuses difficultés pour le débiteur. Pas de chance pour la Caisse : le prêt mezzanine qu'elle a accordé n'en fait pas un créancier prioritaire en cas de défaut de paiement.
Elle risque donc de subir des pertes importantes si elle ne met pas la main sur la tour à un prix intéressant. "On espère récupérer le tout, mais on ne peut pas prédire l'avenir", dit Mme Giguère. Pourquoi ne pas avoir renouvelé le prêt ? "Je ne veux pas commenter ce point", dit-elle. Macklowe n'a pas rendu nos appels.
Ce genre de prêts subordonnés comptent pour environ le cinquième du portefeuille de dettes immobilières de la Caisse, nous a confié Fernand Perreault, ancien premier vice-président, immobilier, en novembre dernier.
C'est la première fois que la Caisse doit forcer la vente d'un immeuble pour récupérer son dû depuis le début de la crise financière.
Mais ce genre de situations risque de se répéter. Selon les analystes, la chute de valeur des immeubles de bureaux aux États-Unis est estimée entre 20 et 40 %, ce qui rend extrêmement hasardeuses les tentatives de renouveler les prêts qui y sont liés.
Dans un encan du même genre fin mars, Broadway Parteners a été contraint de vendre la John Hancock Tower, le plus haut gratte-ciel de Boston, pour 661 M$ US, soit environ la moitié du prix payé moins de trois ans plus tôt.