Crédit: faut-il mordre à l'hameçon des banques?

Publié le 03/02/2023 à 14:30

Crédit: faut-il mordre à l'hameçon des banques?

Publié le 03/02/2023 à 14:30

(Photo: 123RF)

«Bonne nouvelle, cher client. Vous avez été préapprouvé pour une ligne de crédit personnelle.»  Ça vous rappelle quelque chose? Ou alors: «Félicitations! Vous avez été préapprouvé pour une carte de crédit sans frais avec [nom de la banque].»

Vous aurez probablement remarqué, de la part de votre banque, une accélération récente de ce type d’offre sous diverses formes. Ces jours-ci, les prêteurs canadiens bombardent les clients de lettres qui offrent des cartes de crédit et des lignes de crédit personnelles préapprouvées avec des ouvertures de crédit généreuses.

Mais compte tenu de l’inflation élevée que nous connaissons, de la hausse des taux d’intérêt et de l’incertitude de l’environnement économique, devrions-nous accepter ces offres alléchantes?

Voici une amorce de réponse sur la manière de peser le pour et le contre et sur ce qui pourrait mal tourner si vous succombez à la tentation sans y réfléchir sérieusement.

 

Pourquoi le consommateur prend-il un crédit?

Les banques espèrent peut-être tirer profit de la demande refoulée des consommateurs dans le monde postpandémique. «Ce que je soupçonne, c’est qu’alors que notre rythme de vie continue à se rapprocher de son niveau prépandémique, nous voyageons davantage, achetons davantage, allons davantage au restaurant que nous ne le faisions ces dernières années, et tout cela représente des activités qui font du crédit un produit attrayant à promouvoir pour les institutions financières», dit Anne Arbour, éducatrice financière à la Credit Counselling Society, un service agréé sans but lucratif destiné au consommateur.

 

Le consommateur devrait-il accepter plus de crédit?

Il n’y a pas de réponse uniforme à cette question. Alors qu’il peut être logique pour certaines personnes de prendre un crédit supplémentaire, d’autres situations personnelles peuvent inciter à la modération. Dans un cas comme dans l’autre, il incombe au consommateur lui-même d’évaluer si accepter une offre de crédit facile le servirait bien ou si cela interviendrait au détriment de sa santé financière générale.

«À tout moment, mais surtout maintenant, en cette période d’inflation rapide et de volatilité des taux d’intérêt, il est important que chaque consommateur sache ce qui est vraiment une bonne chose pour lui, et qu’il ne se laisse pas seulement convaincre par une campagne de marketing persuasive», affirme Anne Arbour.

Les conseillers financiers, les conseillers de crédit et les organisations au service du consommateur comme la Credit Counselling Society sont certainement disponibles pour aider le client à procéder à son auto-évaluation.

 

Comment décider d’accepter plus de crédit

Pour décider d’accepter ou non une carte de crédit ou une ligne de crédit préapprouvée de sa banque, il y a plusieurs facteurs à considérer: le taux, les frais, la limite du crédit, les récompenses et les avantages. Toutefois, soutient Anne Arbour, «la première chose est de se demander pourquoi on est tenté.»

Certaines personnes peuvent se sentir mieux dans leur peau parce qu’ils ont reçu une offre de crédit importante, «mais le risque véritable, c’est d’être tenté d’utiliser vraiment ces fonds sans plan de remboursement ferme», prévient l’éducatrice financière.

Même si c’est pour faire face aux imprévus, s’en remettre à un prêt pour créer un fonds d’urgence sans plan de remboursement peut avoir des implications à long terme sur la cote de crédit et les flux de trésorerie d’une personne, ajoute-t-elle.

Est-ce un besoin financier impérieux qui vous oblige à considérer sérieusement une offre de ce type? Il est important de se rappeler que le crédit n’est pas intrinsèquement une bonne ou une mauvaise chose. «C’est un outil commode permettant une certaine souplesse financière, mais il n’a jamais été conçu comme un mécanisme d’emprunt à long terme», note Anne Arbour.

Se charger d’une dette excessive pour résoudre un problème financier qui, par nature, peut relever davantage du long terme ne sert pas à la longue les intérêts financiers d’un consommateur. «Comprendre les coûts véritables, notamment tous les frais administratifs et autres, est un élément important pour déterminer la nature véritable d’une offre, quelle qu’elle soit», continue Anne Arbour. Il va sans dire que si l’on est déjà trop endetté, ce n’est probablement pas une bonne idée de contracter une dette supplémentaire.

 

Qu’est-ce qui pourrait mal tourner si j’accepte plus de crédit?

Si vous acceptez une offre de carte de crédit ou de ligne de crédit préapprouvée sans y réfléchir mûrement, plusieurs choses pourraient mal tourner. Avoir un accès facile au crédit pourrait vous donner la tentation de trop dépenser et de contracter plus de dettes que vous pouvez vous permettre de rembourser. Si vous manquez des paiements à un moment ou à un autre, cela peut porter atteinte à votre cote de crédit et vous faire encourir des pénalités de retard et des paiements d’intérêts additionnels. Dans certains cas, le prêteur pourrait décider d’augmenter votre taux de remboursement, ce qui rendrait le service de votre dette plus onéreux.  

«Il est important que le consommateur comprenne qu’il ne devrait pas conclure ce type d’arrangement sans avoir les yeux grands ouverts et sans en comprendre vraiment toutes les modalités», dit Anne Arbour, soulignant le besoin «d’avoir un plan, à la fois pour utiliser ces fonds et pour les rembourser». Si ça a l’air trop beau pour être vrai, c’est probablement que ça l’est, et cela peut parfois être particulièrement vrai dans le cas d’une offre de crédit, affirme-t-elle.

 

Un crédit à court terme facile pourrait-il être le moyen de se sortir de mes difficultés financières?

Un environnement économique incertain, une inflation élevée et un coût de la vie qui grimpe en flèche peuvent rendre des paiements ponctuels difficiles pour le consommateur. Faites attention, car dans les périodes d’incertitude, le consommateur peut être confronté à une perte d’emploi, à la réduction de son revenu ou à d’autres chocs financiers. Il peut alors trouver difficile de rester à jour dans les paiements mensuels sur sa carte de crédit et d’autres prêts à intérêt élevé. Le résultat est qu’il peut commencer à accumuler ses arriérés et se retrouver avec un risque plus élevé de défaut de paiement.

Anne Arbour met en doute le principe même du crédit à court terme. «Ce qui semblait être une bouée de sauvetage pour résoudre un problème à court terme peut facilement devenir un problème à long terme susceptible d’avoir des répercussions sur le crédit d’une personne et ses flux de trésorerie pendant de nombreuses années», prévient-elle.

En tout état de cause, les cartes de crédit n’ont pas été conçues comme un mécanisme d’emprunt à long terme. «C’est tout simplement une formule beaucoup trop chère pour être pratique, poursuit l’éducatrice financière. Si quelqu’un a des difficultés passagères, comme beaucoup de personnes en traversent ces derniers mois du fait d’une inflation élevée, quel est le plan de remboursement?», demande-t-elle.

Il va toujours y avoir des offres d’un type ou d’un autre, et, quelle que soit la tentation que l’on en éprouve, «il relève vraiment de la responsabilité du consommateur d’en comprendre les implications et de prendre une décision fondée sur sa situation personnelle», affirme Anne Arbour. Faire ce qu’il faut pour être mieux informé et éduqué donnera au consommateur suffisamment de confiance pour prendre des décisions financières sensées dans le domaine des emprunts.  

À la une

Bourse: records en clôture pour Nasdaq et S&P 500, Nvidia première capitalisation mondiale

Mis à jour le 18/06/2024 | lesaffaires.com, AFP et Presse canadienne

REVUE DES MARCHÉS. Les titres de l’énergie contribuent à faire grimper le TSX.

Stellantis rappelle près de 1,2 million de véhicules aux États-Unis et au Canada

Environ 126 500 véhicules au Canada sont concernés par le rappel.

Le régulateur bancaire fédéral maintient la réserve de stabilité intérieure à 3,5%

L’endettement des ménages reste une préoccupation pour le Bureau du surintendant des institutions financières.