C'est grâce à l'innovation que Devinci, qui conçoit et fabrique des vélos, a réussi à se tailler une place dans le marché cycliste dominé par de grands acteurs. La protection de la propriété intellectuelle (PI) est donc crucial pour cette PME, d'autant plus que la moitié de ses activités se déroulent hors des frontières canadiennes.À lire aussi :
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La PME de Chicoutimi, qui compte de 75 à 100 employés selon la saison, possède une quinzaine de protections actives de sa PI : noms de produits, dessins industriels, brevets. Une habitude bien ancrée dans l'entreprise créée en 1987, qui offre environ 27 modèles de vélos déclinés en 115 variantes chaque année. Elle fabrique également les BIXI qui circulent à Montréal et dans plusieurs villes du monde (près de 40 000 vélos actuellement).
«Quand on développe un produit, la réflexion sur la propriété intellectuelle est incontournable. Chez nous, elle est systématique dès le commencement du travail de recherche et développement», affirme Bruno Gauthier, directeur du service de R-D. L'entreprise a tout aussi peur d'être copiée que... de copier sans le savoir.
«La PI est très importante, surtout quand on se développe à l'international, comme dans notre cas. Il faut être conscient de la PI des autres entreprises pour ne pas entrer en conflit avec d'autres brevets. Ça coûte cher d'entrer sur un nouveau marché. Si on s'apercevait, une fois engagés, que notre produit était déjà protégé par un brevet, on aurait investi beaucoup d'argent pour rien», explique David Régnier-Bourque, gestionnaire du marketing. Sans compter que la PME ne peut prendre le risque d'être poursuivie en justice pour des sommes colossales.
C'est grâce à l'innovation que Devinci, qui conçoit et fabrique des vélos, a réussi à se tailler une place dans le marché cycliste dominé par de grands acteurs. La protection de la propriété intellectuelle (PI) est donc crucial pour cette PME, d'autant plus que la moitié de ses activités se déroulent hors des frontières canadiennes.
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Avoir une empreinte unique
L'entreprise de Chicoutimi a intérêt à concevoir des produits innovants et différents des modèles qui existent déjà. Une «empreinte unique», selon les mots de Bruno Gauthier, c'est vital pour la PME qui joue contre des grands. Devinci vend une moitié de ses produits au Canada et l'autre aux États-Unis et dans une dizaine de pays européens. L'entreprise vise une expansion de ces marchés dans les années à venir. Elle s'intéresse également à l'Asie.
En collaboration avec un agent de brevets, Devinci analyse ce qui vaut la peine d'être protégé, selon le moment et le pays. «On ne protège pas des produits entiers, mais plutôt des pièces. Comme ça coûte cher, on utilise quand c'est possible les brevets en instance qui permettent de protéger notre innovation pendant quelques mois, le temps du dévoilement public et le temps de voir les retombées réelles, afin d'affiner notre plan de développement», indique Bruno Gauthier.
Certains documents - plan de développement stratégique ou définition du visuel qui fait l'ADN de la marque - sont considérés comme des secrets qui ne doivent pas être partagés. «Pour certaines choses, il faut respecter le secret industriel le plus longtemps possible. Pour s'assurer qu'il n'y aura pas de fuite, on fait signer des clauses de confidentialité aux employés», explique Bruno Gauthier. L'esprit de famille qui règne dans l'entreprise du Saguenay fait le reste !
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Des mises en demeure
Si Devinci n'a jamais eu à poursuivre en justice des concurrents déloyaux, elle a souvent envoyé des mises en demeure après avoir découvert des copies de ses produits. La démarche suffit généralement à résoudre le problème, d'autant que Devinci s'y prend dès le dévoilement au public du produit incriminé.
«Il y a quelques années, on avait protégé une innovation par l'enregistrement d'un dessin industriel. Deux ans plus tard, on s'est rendu compte qu'il y avait beaucoup de produits qui ressemblaient fortement au nôtre. On a écrit aux entreprises en cause. Elles nous ont répondu qu'elles s'excusaient et qu'elles voulaient négocier avec nous.» La firme n'a pas donné suite, car cela lui aurait coûté trop cher. Mais ça lui a permis de se rendre compte que sa stratégie avait été la bonne. «Si nous n'avions pas protégé notre innovation, nous aurions pu être nous-mêmes attaqués pour copie», soulignent Bruno Gauthier et David Régnier-Bourque.
Ils sont persuadés que «les mécanismes de protection de la PI ont beaucoup de valeur, comparativement à la taille des canons qu'on déploie pour la faire valoir».
Consciente de sa fragilité dans un marché concurrentiel, Devinci ne lésine pas sur la protection de la PI. C'est pour elle un investissement tout autant qu'un principe de précaution. De toute façon, elle sait qu'il s'agit d'un actif, et qu'«un produit breveté se vend mieux, car il inspire plus confiance aux consommateurs», observe Bruno Gauthier. La boucle est bouclée.
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