Lucien Bouchard s’en est pris aux « bloqueux », pour qui l’exploitation du gaz de schiste ne rencontrera jamais l’acceptabilité sociale nécessaire en vue d’appuyer son exploitation au Québec. L’ancien premier ministre a invité les Québécois à remettre en question leur opposition à l’exploitation de cette ressource, lors du discours de fermeture de la conférence de l’Association pétrolière et gazière du Québec (APGQ).
En marge de son discours, M. Bouchard a reconnu que l’industrie n’a pas pris en compte les sensibilités régionales avant de démarrer leurs activités. Il accuse cependant les opposants aux projets d’en avoir profité.
« C’était du bonbon pour les écologistes, déplore-t-il. C’était du bonbon : de partir avec ça pour ameuter l’opinion publique, et de faire peur à tout le monde. »
« On va faire un petit tour en Pennsylvanie pour montrer des puits qui n’ont pas marché et pour dire que c’est affreux », ironise M. Bouchard en parlant des pratiques des groupes environnementaux. « Mais regardons le portrait global, regardons les études. Ce ne sont pas des niaiseux les Américains [qui permettent l’exploitation du gaz de schiste].
Dans son discours, le ton de M. Bouchard était plus compréhensif envers les écologistes. Il a dit comprendre leur crainte de voir l’exploitation d’une énergie fossile jugée moins dommageable pour l’environnement ralentir l’urgence de lutter contre la pollution climatique. L’utilisation du gaz naturel ne remettrait pas en cause l’importance de réduire les émissions de gaz à effet de serre, a-t-il rassuré.
Selon celui qui est devenu la voix de l’industrie, les Québécois auraient intérêt à exploiter cette ressource dans l’attente de la découverte d’énergie plus verte, à un prix raisonnable.
Des décisions à prendre« Ne pas décider, ne rien faire, ce n’est pas une façon de procéder », a-t-il dénoncé dans son discours. L’option c’est de prendre des décisions, et de mettre en œuvre ses décisions en fonction des réalités technologiques, environnementales, des besoins sociaux et du respect des opinions des communautés, mais de décider. »
« Vous savez, on connaît bien le truc qui consiste à élever de nombreux obstacles dilatoires en annonçant étude, sur étude, sur étude. Je connais le truc, j’ai été en politique. Je l’ai peut-être même utilisé, je ne le sais pas », a-t-il lancé, provoquant le rire des participants.
Les deux tiers des Québécois ont beau s’opposer au développement du gaz de schiste, M. Bouchard les invite à remettre leur appréhension en question. « Sommes-nous si différentes des autres? a-t-il poursuivi. N’avons-nous pas accès nous aussi aux meilleures technologies? Sommes-nous tellement riches que nous puissions nous permettre de lever le nez sur le développement d’une richesse dont la nature nous a heureusement comblés.
Entente avec le gouvernement
M. Bouchard a aussi tenu à donner l’impression que l’industrie et le gouvernement ont accordé leur violon, lundi soir.
À la même tribune lundi, Martine Ouellet, ministre des Ressources naturelles, a souligné l’importance d’un dialogue «franc et continu». M. Bouchard avait salué cette ouverture. La ministre avait cependant tenu un discours plus critique en marge de cette allocution.
M. Bouchard a refusé de commenter ces propos, malgré l’insistance des journalistes présents. Ce qui compte pour lui, c’est ce qui était inscrit au discours de la ministre, pas les commentaires rapportés par les médias.
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