Les dons de maison et les ventes à 1 $ sont populaires auprès des entrepreneurs du cartel de l’égout décrit à la Commission Charbonneau. Depuis 2009, Paolo Catania, Lino Zambito et Aurelio Bentivegna ont tous les trois transféré leur propriété à leur femme ou leur ex-conjointe, selon notre analyse des documents fonciers.
Au centre des plus récents témoignages à la Commission Charbonneau, le patron du Groupe Catania a vendu sa part de sa maison d’Outremont à son épouse pour 1 $ en avril 2009. Sept mois plus tôt, les journalistes d’enquête commençaient à s’intéresser à ses activités et à ses liens avec la mafia.
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La moitié indivise de la luxueuse maison était évaluée à plus d’un million de dollars. Trois ans plus tard, la propriété est maintenant évaluée à 2,5 M$. Les deux membres du couple habitaient toujours sous le même toit au moment de la transaction, selon l’acte de vente.
Responsable des relations publiques de Paolo Catania, la firme de relations publiques Massy Forget Langois a déclaré à Les Affaires que ces informations «relèvent de la vie privée de lui et sa femme» et qu’il ne souhaite pas répondre à nos questions.
Paolo Catania a été arrêté en mai pour fraude, complot et abus de confiance. Les accusations sont liées à l'achat par son entreprise des terrains du Faubourg Contrecœur pour environ un cinquième de leur valeur. Selon le témoin Elio Pagliarulo à la Commission, Frank Zampino a reçu un pot-de-vin de 300 000 $ pour faire débloquer la transaction. Accusé de fraude, l'ancien président du comité exécutif de la Ville de Montréal a cependant démenti ces allégations.
Zambito et Bentivegna
Zambito et Bentivegna
Janvier 2011, moins de trois semaines avant d'être arrêté, Lino Zambito a aussi donné sa part de sa propriété de Sainte-Thérèse à sa conjointe de l’époque. En entretien téléphonique avec Les Affaires, le témoin vedette de la Commission explique qu’il a signé ce transfert pour léguer la maison à son ex après leur séparation.
« C’est la vie personnelle de moi et mon ex-conjointe, dit-il. Je l’ai fait pour une raison : je suis séparé », dit l'ancien propriétaire d'Infrabec, qui a fait faillite. L’acte de transfert mentionne néanmoins que «le donataire est une personne liée au donateur au sens de l’article 20d de la Loi (conjoint)».
Selon l’acte de vente, Lino Zambito reste responsable d’une hypothèque avec la Banque de Montréal, qui s’élevait à 450 000 $ en janvier 2011. L'ancien entrepreneur doit comparaître devant le juge en janvier pour collusion à Boisbriand.
Dernier cadeau conjugal en date : Aurelio Bentivegna, président de Bentech, également membre du présumé cartel. Il a fait don de sa part de sa maison de Laval à sa femme en mars dernier. La propriété du Rang du Haut-Saint-François est actuellement à vendre par le courtier Fabio Sollazzo, de ReMax 2000.
Selon l’acte de donation, Aurelio Bentivegna et son épouse habitent toujours sous le même toit. Le patron de Bentech n’a pas rappelé Les Affaires.
Ingénieurs
Ingénieurs
Le principal témoin ingénieur à avoir comparu devant la Commission Charbonneau, Gilles Surprenant, a quant à lui vendu pour 1 $ sa maison de l’arrondissement Greenfield Park, à Longueuil, en septembre dernier, comme le rapportait LesAffaires.com le 20 octobre.
Son collègue Luc Leclerc a aussi fait don de sa part de sa maison de Brossard à sa femme en août dernier. La propriété vaut plus de 500 000 $.
Lino Zambito a dit avoir donné 200 000 $ à Luc Leclerc. L’ingénieur à la retraite l’a aussi accompagné dans au moins un voyage au Mexique.
Lors des audiences de la Commission Charbonneau, l’avocat d’Union Montréal, le parti du maire Gérald Tremblay, a demandé à Gilles Surprenant s’il voulait éluder l’impôt en cédant sa propriété de 300 000 $ à sa fille. Il a répondu qu’il n’avait «pas vu ça comme ça» et qu’il s’agit d’un «héritage» pour elle.